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La classe moyenne est-elle vraiment en difficulté?

La classe moyenne va-t-elle réellement disparaître?
IS/iStock/Michelle Gibson

La classe moyenne s'appauvrit; la classe moyenne va disparaître. Ce n'est pas d'hier qu'on en parle. Mais c'est faux, disent les chercheurs François Delorme, Suzie St-Cerny et Luc Godbout de l'Université de Sherbrooke, qui publient une étude sur la classe moyenne québécoise.

Ce qui est vrai, c'est que depuis 1976, les revenus - avant impôts et excluant les transferts gouvernementaux et les allocations - ont stagné.

Si bien que la classe moyenne est passée de 37 % de la population québécoise en 1976 à 25 % en 1996, pour remonter légèrement à 29 % en 2010.

Mais si l'on se base sur le revenu après impôts, qui inclut les allocations familiales, crédits d'impôt et prestations diverses, on s'aperçoit que près de 50 % des ménages font partie de la classe moyenne en 2010, contre 45 % en 1976. Il est donc faux de parler de déclin.

1. Premier constat : l'intervention gouvernementale a donc non seulement protégé la classe moyenne, mais a aussi contribué à l'amélioration de son sort.

« Le rôle des politiques publiques par la fiscalité ou par les programmes sociaux fait que cette classe moyenne là a été protégée. Il n'y a pas eu d'érosion », soutient François Delorme, chargé de cours au département de sciences économiques et professionnel de recherche à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

2. Deuxième constat : le modèle a éclaté. La famille biparentale - composée de deux parents et d'enfants - qui représentait 50 % de la classe moyenne dans les années 70, a perdu du terrain.

De nos jours, la classe moyenne, c'est aussi :

- une personne seule, avec un revenu de 23 575 $ à 47 152 $;

- un couple sans enfant, avec un revenu de 33 340 $ à 66 683 $;

- une famille monoparentale avec un enfant, avec un revenu de 33 340 $ à 66 683 $ ou avec deux enfants, avec un revenu de 40 833 $ à 81 670 $.

« On ne peut plus parler de "la" classe moyenne, mais il faut parler "des" classes moyennes. Maintenant, il va falloir un arsenal de politiques si on veut viser la classe moyenne. »

— François Delorme, chercheur à l'Université de Sherbrooke

Selon l'économiste, si on avait voulu, par exemple, bonifier les allocations familiales pour la classe moyenne en 1976, on aurait automatiquement touché 60 % des familles. À cause du métissage des groupes socioéconomiques, cette même mesure ne toucherait que 44 % des ménages aujourd'hui.

On voit donc que, de nos jours, il est nécessaire d'opter pour des mesures spécifiques (c.-à-d. moins universelles) afin d'avoir un impact sur le revenu des ménages faisant partie de la classe moyenne.

3. Troisième constat : grâce au filet social, les différentes catégories de ménage sont plus présentes dans la classe moyenne. Sauf la famille biparentale, qui est promue au rang des riches.

Enfin, si la proportion des ménages qui ont accès à la classe moyenne s'accroît au Québec, elle diminue dans le reste du pays.

Alors si la classe moyenne québécoise se porte bien, pourquoi cette perception qu'elle s'étiole? En raison de l'endettement, répond François Delorme.

« Même si le revenu après impôt et après transfert a augmenté depuis 1976, ça ne tient pas compte du fait que les gens sont à des niveaux d'endettement de 150 % à 160 %. »

— François Delorme, chercheur à l'Université de Sherbrooke

La réponse se résume peut-être ainsi : 163 %. C'est le taux d'endettement des Canadiens.

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