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Le «trip» de Lisa LeBlanc

La chanteuse Lisa LeBlanc était dans la jeune vingtaine quand un ouragan s’est emparé de sa vie. Rien d’effroyable, bien au contraire. Elle a seulement été soufflée par l’énorme preuve d’affection des Québécois qui se sont épris d’elle et de son album. Nourri par un désir de se faire grandement plaisir, l’album anglophone Highways, Heartaches and Time Well Wasted arrive un peu de nulle part. Rencontre.

Après deux années folles impliquant une constellation de spectacles (208 performances) en Amérique et en territoire outre-mer la vivante Acadienne avait envie d’écrire en anglais. « Why not ? »

Lisa LeBlanc est devenue une artiste incontournable. Depuis 2012, elle a vendu plus de 80 000 exemplaires (un véritable exploit ces temps-ci) de son premier long jeu francophone réalisé par Louis-Jean Cormier, en plus d’avoir donné une tonne de concerts dans les salles les plus courues du Canada, de la France et de la Belgique.

« Je voulais même pas écrire en anglais avant, affirme la chanteuse, dans le confort de son appartement montréalais. C’est You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too) qui est sortie vraiment random. Tout a starté en février-mars 2013, quand j’ai écrit cette chanson-là, qui a été l’élément déclencheur de l’album en anglais. Ensuite, je suis allée à South by Southwest (festival musical très couru à Austin, au Texas). Je pense que j’ai aussi travaillé sur la toune pendant l’événement. Anyways, ça faisait un bout de temps que je la faisais. »

La route

«En mai, j'ai fait un roadtrip aux États-Unis (Nashville, Memphis, New Orleans, Las Vegas, San Francisco), raconte-t-elle, assis à la table de sa cuisine. Cette période a inspiré pas mal de stuff. J’ai aussi composé des tounes pendant le voyage. Je pense que l’album a le feeling. Ce roadtrip est mon premier vrai voyage. Il a quand même été un life changing experience. Je suis partie seule pendant un mois et demi. »

Sur la cuisinière, à trois mètres de nous, la cafetière italienne chauffe sur le rond depuis un bon moment...

De toute évidence, la route a nourri l’artiste, qui ne s’est pas posé mille questions à propos de cet élan plutôt naturel de s’exprimer en anglais. « Il y a la chanson Gold Diggin’ Hoedown que j’ai écrite quand j’étais à Nashville. The Waiting List a été faite aussi quand j’étais aux States. Le reste a été composé plus par chez nous, au Nouveau-Brunswick », explique la musicienne.

La langue

Lisa LeBlanc est comme bien d’autres artistes d’origine acadienne, une sorte de vitrail fièrement assemblé à travers lequel filtrent diverses cultures. Les langues de Molière et de Shakespeare se mélangeant constamment dans les différentes formes d’expression. Pour certains, ce langage est particulier. Pour Lisa, ce n’est pourtant que l’effet de son environnement dans lequel elle a grandi.

À cet égard, le choix de chanter en anglais n’avait rien d’extraordinaire. Chasser le naturel, il revient au galop.

Quoiqu’en entrevue, Lisa LeBlanc admet qu’elle est plus confortable à parler en français, qu’elle maîtrise un peu mieux que l’autre langue officielle. « Le français vient plus naturellement... Which qué fine », lancera-t-elle avant de réaliser l’originalité de cette formulation pour le moins métissée. Bons rires.

« Ces tounes-là, je voulais les sortir, mais j’assumais pas un album complet en anglais. Pourtant, je sais que j’aurais pu ajouter trois morceaux... Pour moi, ce mini-album était plus comme une parenthèse, au départ. Je m’étais dit de la marde, je vais faire ce que je veux. Je ne voulais pas de pression. Je voulais me permettre d’aller ailleurs.

Probablement que personne pensait que j’allais sortir un EP, surtout après mon premier album. Mais c’est comme ça que je feelais. Pis, au Nouveau-Brunswick, aucun n’est étonné que je sorte un disque en anglais. Ils sont comme : " Ben oui, c’est normal. " Nobody worries avec ça. »

Le mini-album

Lisa Leblanc raconte que ces six chansons ont été enregistrées à Charlo, au Nouveau-Brunswick. L’album réunit cinq titres originaux et une reprise de la chanson folk traditionnelle américaine Katie Cruel popularisée par Karen Dalton, dont Lisa signe les arrangements. C’est un album qui sent l’Amérique, la liberté et... les nuits sans lendemain.

François-Régis Pagé, Maxime Gosselin, Jean-Philippe Hébert et Emmanuel Ethier ont formé le noyau dur de la création. D’autres artistes comme Brad Barr et Émilie Bernard ont aussi collaboré à cet opus, qui risque de faire du bruit. Car, comme la première mouture, ce disque tiré fougueusement de l’avant par le banjo, les guitares et la batterie a beaucoup « d’authenticité » et de chien.

Enfin, le touche à tout Emmanuel Éthier a assuré la réalisation de Highways, Heartaches and Time Well Wasted. « Je suis vraiment fan de ce qu'il a fait avec Jimmy Hunt », de dire Lisa Leblanc avec beaucoup de respect.

Le Nouveau-Brunswick

« J’avais le goût de faire ça au Nouveau-Brunswick. Je savais que ce serait plus compliqué, mais beaucoup plus relaxe et sympathique. Montréal à trop de distractions. Nous étions six dans une maison studio louée à Charlo [dans le nord-est de la province] dans la Baie-des-Chaleurs. On était chez Pierre-Guy Blanchard (il a aussi joué sur l’album). J’avais des bons chums, Les Hôtesses d’Hilaire, qui sont allés recorder là. Ses parents nous apportaient de la bouffe... »

« C’était chaotique, mais tellement parfait, souligne-t-elle en pouffant de rire. C’était vraiment différent de la méthode d’enregistrement du premier disque. Le beat était complètement autre chose. On travaillait tard le soir, souvent jusqu’à cinq heures du matin. »

Le volant

Passionnée de la tournée, Lisa Leblanc pourra puiser dans ses récentes chansons pour offrir du nouveau matériel sur scène. « J’aime tellement ça être partie. Il n’y a rien de plus fort comme sentiment de liberté que d’être derrière un volant et rouler... C’est mon ultime "Yes sir" ! »

Quant à un second long jeu en français, il faudra patienter une année ou deux, le temps qu’elle puisse faire son tour du monde. Ce temps perdu si bien investi...

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Lisa Leblanc

Highways, Heartaches and time Well Wasted

Country, folk

Bonsound

Sortie le 4 novembre

Un spectacle-lancement du mini-album sera offert au Théâtre Corona, le même jour, à 19 h.

You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too)

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