D'ici quelques semaines, tous les gardes de sécurité de la Chambre des communes seront armés pour être en mesure de mieux affronter une situation de crise comme la fusillade qui est survenue au parlement la semaine dernière.

À l'heure actuelle, à peine le tiers des gardes de sécurité des Communes (75 sur quelque 300) ont reçu une formation relative au port d'une arme. Ces derniers peuvent ainsi assurer la sécurité du premier ministre Stephen Harper lorsqu'il se trouve à l'intérieur de l'édifice. Ils sont alors habillés en civil et portent un gilet pare-balles.

Selon des informations obtenues par La Presse, les autorités de la Chambre des communes ont décidé de confier une arme à tous les gardes de sécurité dans la foulée des événements tragiques de mercredi. En outre, tous les gardes ont été invités à ne plus porter leur casquette pour éviter d'être une cible facilement repérable dans l'éventualité d'une autre fusillade.

«Tous les gardes auront une arme à un moment donné. Ils vont commencer leur formation au cours des prochaines semaines», a indiqué une source parlementaire.

Quand le tireur Michael Zehaf Bibeau a fait irruption au parlement, les deux gardes de sécurité postés à la porte principale n'avaient pas d'arme. Certains jugent qu'ils auraient pu neutraliser le tireur fou plus rapidement s'ils avaient été armés.

Malgré le danger évident, l'un des gardes de sécurité, Samearn Son, a eu le réflexe d'abaisser le canon de l'arme du tireur Zehaf Bibeau vers le sol. Un coup de feu est parti et M. Son a été blessé à la jambe. Ce geste, qualifié d'«héroïque» par plusieurs témoins, a permis de ralentir la course du tireur fou et de donner suffisamment de temps aux gardes armés pour prendre une position de tir. Cela a aussi permis à des employés du parlement de se réfugier plus loin.

«Il est évident que les choses vont changer sur la colline parlementaire», a lancé un député sous le couvert de l'anonymat.

Les policiers de la GRC, qui accompagnent le premier ministre dans ses déplacements, n'avaient pas le droit de veiller à sa sécurité également à l'intérieur du parlement. Mais les mesures de sécurité autour de M. Harper et de la colline parlementaire ont été considérablement resserrées depuis les événements de mercredi. Des policiers de la GRC accompagnent maintenant le premier ministre à l'intérieur du parlement, comme M. Harper le souhaitait d'ailleurs depuis au moins trois ans, selon nos informations.

Par ailleurs, on étudie la possibilité de fusionner les services de sécurité de la Chambre des communes et du Sénat afin d'avoir une seule force constabulaire pour l'ensemble de la colline. Le vérificateur général a d'ailleurs déjà fait une telle recommandation dans un rapport sur la sécurité déposé en 2012.

Aux Communes, hier, le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a exprimé le souhait que les services de sécurité cessent de fonctionner «en silos». «La sécurité à l'intérieur du parlement doit être intégrée avec les forces de sécurité à l'extérieur», a-t-il dit.

Certains députés se sont d'ailleurs déjà plaints de la complexité de la gestion de la sécurité en raison des nombreux services impliqués. À l'instar de la Chambre des communes, le Sénat a ses propres gardes de sécurité. À l'extérieur des édifices, la GRC est responsable de la sécurité de la colline parlementaire tandis que la police d'Ottawa s'occupe de la sécurité à l'extérieur des limites de la colline. En somme, il faut déployer des efforts de coordination assez imposants pour assurer la sécurité dans le secteur de la colline parlementaire.