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Si vous recevez ce seau, ce pourrait être une arnaque

Si vous recevez ce seau, il pourrait s'agir d'une arnaque
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Exclusif - Des arnaques, il y en a de toutes sortes. Mais vous n'avez peut-être jamais entendu parler de celle que vous révèle La Facture : l'arnaque au seau.

Un reportage d'Esther Normand

Au printemps 2013, un mystérieux seau est livré au Collège Héritage de Châteauguay, dans la région de Montréal. C'est la fin de l'après-midi et la personne à l'accueil en accuse réception.

Le seau doit être livré au concierge. Sur l'étiquette, on peut lire : « Éco Dégraisseur, biodégradable, utilisé pour nettoyer les stations de pompage, les éviers, les toilettes, etc. » La facture est salée : 238,75 $.

Deux employées qui surveillent de près les finances du collège font leur petite enquête. Sylvie Lavallée, technicienne à l'administration, et Ghislaine Patenaude, réceptionniste, constatent que personne n'a commandé ce seau. Pourtant, l'entreprise Société nationale chimique exige avec insistance d'être payée.

Une entreprise difficile à retracer

La facture a découvert que derrière cette entreprise au nom sérieux se cachent des petits malins qui brouillent les pistes. La Société nationale chimique n'est pas enregistrée au Québec. Son site web? Il n'existe pas. Son adresse? Elle nous mène à une case postale anonyme.

Outre des collèges, des municipalités ont aussi reçu des seaux qu'elles n'ont jamais commandés.

C'est le cas de Saint-Jacques, dans Lanaudière. La directrice générale, Josée Favreau, a trouvé les employés de la Société nationale chimique durs en affaire. L'entreprise refuse de reprendre les seaux et exerce d'intenses pressions pour se faire payer.

Excédée, la directrice générale se résigne à payer 800 $ pour quatre seaux. La municipalité adopte ensuite une résolution : toute nouvelle facture de la Société nationale chimique sera refusée.

L'argent retracé dans l'État de New York

La Facture a découvert que le chèque envoyé par la municipalité a transité par Montréal et a été encaissé dans une banque à Farmingdale, dans l'État de New York.

Des recherches sur le web mènent à la « Commercial Maintenance Chemical Corp. » (CMC). Nous retrouvons aussi la trace d'un certain Matt Sternberg, qui se présente comme dirigeant de l'entreprise.

Mais lorsque nous contactons la CMC à un premier numéro de téléphone trouvé, l'entreprise nous assure qu'elle n'a rien à voir avec cette arnaque.

Lors d'un appel à un deuxième numéro, un homme promet de transmettre le message au dirigeant de l'entreprise. Ce dernier ne rappellera jamais.

Après nos appels, la photo du dénommé Matt Sternberg est retirée du site LinkedIn, ainsi que toute référence à la CMC.

Lors de notre enquête, nous avons découvert que cette fraude dure depuis quatre ans. Elle s'étend aujourd'hui sur tout le continent : municipalités, écoles et casernes de pompiers se sont fait flouer au Canada et aux États-Unis.

Pendant ce temps, au Collège Héritage, Mmes Lavallée et Patenaude continuent de tenir tête à l'entreprise. La Société nationale chimique ne recevra jamais un cent pour son indésirable seau, soutiennent-elles.

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