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Fusillade aux Communes: François Gendron replonge dans le cauchemar de 1984

Fusillade aux Communes: François Gendron replonge dans le cauchemar de 1984
PC

QUÉBEC _ L'attaque perpétrée mercredi contre le parlement fédéral a fait ressurgir de bien mauvais souvenirs au doyen de l'Assemblée nationale du Québec, François Gendron.

Le 8 mai 1984, un mardi, le député péquiste d'Abitibi-Ouest a été le témoin direct de l'assaut meurtrier commis par Denis Lortie, un caporal des Forces armées canadiennes. Deux employés de l'Assemblée nationale, Camille Lepage et Georges Boyer, et un employé du Directeur général des élections, Roger Lefrançois, sont tombés sous les rafales du tireur fou.

Trois traces de balles, dans le hall et un couloir de l'édifice, témoignent encore discrètement du passage funeste du caporal Lortie à l'Assemblée nationale.

Le cauchemar se répète, 30 ans plus tard, au parlement d'Ottawa.

"Ça affecte, ça vient nous chercher, ce sont des souvenirs difficiles", a déclaré l'élu péquiste, rencontré avant une réunion du caucus de son parti.

Le soldat Lortie a marché jusqu'au Salon bleu dans l'espoir de tuer des politiciens et d'anéantir le Parti québécois au pouvoir. Vêtu de son uniforme militaire, Lortie a réussi à atteindre la chambre où il espérait trouver des députés, mais ces derniers ne siégeaient pas ce matin-là. Il s'est assis avec son arme sur le fauteuil du président, où il a été rejoint par le sergent d'armes René Jalbert, qui l'a calmé et l'a convaincu de se rendre.

La tuerie de 1984 a causé un traumatisme profond, mais elle était l'acte isolé d'un être désaxé. L'attentat au parlement fédéral semble être le fruit d'une action concertée, ce qui inquiète encore davantage le député Gendron.

"Ce qui fait mal, c'est qu'on sent que ce phénomène de violence grandit, a-t-il observé. Comment se fait-il qu'on soit rendus, dans une société, à prétendre (que les parlements) sont des lieux qu'il faut identifier pour démontrer un désaccord quelconque ou une déviance quelconque?", s'est-il interrogé.

Comme d'autres, M. Gendron cherchait mercredi à s'expliquer le drame d'Ottawa. À son avis, le discrédit qui afflige la classe politique _ notamment en matière éthique _ n'est pas étranger à l'attaque ciblée contre le parlement.

"On a presque tous contribué à réduire au minimum la crédibilité des hommes et des femmes (politiques), on paye toujours pour des comportements déviants. Au Québec, particulièrement dans les deux ou trois dernières années, est-ce qu'on a été un exemple parfait de respect pour ces hommes et ces femmes qui donnent beaucoup d'heures de leur vie? Ça donne des affaires de même", a-t-il estimé.

Malgré les risques qui pèsent sur les représentants du peuple, M. Gendron ne souhaite pas l'imposition de mesures de sécurité trop contraignantes. Il faut, selon lui, que les parlementaires restent accessibles.

"Qu'est-ce qui fait que nous sommes différents d'autres élus? La proximité. Combien de fois j'ai entendu dire: "vous êtes chanceux au Québec, le peuple peut vous approcher, vous parler". Ce sont mes valeurs, j'y tiens", a-t-il dit.

Néanmoins, il convient que cette proximité pourrait être mise en péril.

"Si on multiplie les attaques et on se rend compte qu'on est toujours à la merci non pas de cas isolés mais de cas structurés, des commandos, ça commence à faire peur, on a des familles, des enfants, ça dérange", a-t-il noté.

Ci-dessous, le ministre Pierre Paradis, également élu à l'époque, revient sur les événements de 1984.

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