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Une vidéo sur votre boîte de céréales? L'avenir de l'impression se joue à Montréal

L'avenir de l'impression se joue à Montréal
Mathieu Dion

Dans un grand local du quartier Ahuntsic à Montréal, des techniciens s’affairent à mettre en place une presse au plus grand potentiel en Amérique du Nord. Il s’agit d’une presse unique qui permettra d’imprimer, dans les prochains mois, des batteries de 1,5 volt ayant l'épaisseur d'une feuille de papier, voire des écrans animés sur des emballages.

L’industrie de l'imprimerie connaît une importante révolution, insiste André Dion, directeur général de l’Institut des communications graphiques et de l’imprimabilité (ICI), où se trouve la nouvelle presse. Et le projet n’a rien à voir avec l’impression 3D.

«Léger, mince et flexible»

Vous vous souvenez probablement des peintures dans la série de Harry Potter où les portraits bougent. Très bientôt, ce ne sera plus de la fiction. «Les fils électroniques, on les crée, on les imprime, fait savoir Christine Canet, directrice au département de recherche et développement à l’ICI. C’est un multicouche léger, mince et flexible.» Comme une feuille de papier. Une seule presse, comme celle installée à l’ICI, sera en mesure de tout imprimer de A à Z, de la batterie au processeur générant une animation sur un écran, en quelques secondes, à un faible coût et à la quantité désirée.

«Ce sont des technologies, souligne André Dion, qui vont avoir un impact très grand sur la vie des gens dans une perspective de 5 à 10 ans.» En effet, si les textes sont de moins en moins consultés sur du matériel imprimé, les emballages, eux, sont toujours plus présents et évolués. Avec ces nouvelles possibilités d’impression, une boîte de céréales pourra sans aucun doute avoir une animation vidéo pour se distinguer des autres sur l'étagère de l'épicerie. Les perspectives en matière de marketing deviennent ainsi illimitées.

Les imprimés multifonctionnels, ou électroniques, peuvent aussi avoir une utilité beaucoup plus vaste. Ils pourront donner des informations plus lisibles et précises quant à la composition ou l’état des aliments par exemple. Déjà, en Europe, des marchands impriment des codes-barres qui disparaissent sur les étiquettes de paquets de viande lorsque celle-ci est avariée. Plus près de nous, pensons à certaines étiquettes de bouteilles de bières Coors Light qui changent de couleur en fonction de la température. La réaction est alors chimique, non électronique, d’où l’importance d’employer l’expression «imprimé multifonctionnel».

Impression électronique

Dès novembre

Après trois années de conception et une année de construction à l’entreprise OMET en Italie, la presse de près de 2,5 millions de dollars est arrivée par bateau en août à Montréal. Après quelques semaines de montage et d’ajustements, elle pourra dès novembre nous initier à ce que nous réserve le futur. «Autrefois, on déposait de la couleur, bientôt on pourra déposer une matière imprimable qui peut être conductrice», indique fièrement André Dion. Son premier objectif: imprimer une batterie de 1,5 volt aussi mince qu’une feuille.

Avec cette nouvelle presse installée à Montréal, l’ICI espère démontrer la faisabilité industrielle de l’imprimerie multifonctionnelle. «Nous, on n’est pas du tout dans la reproduction 3D, affirme André Dion. On veut faire de la reproduction de masse. On ne veut pas faire un objet, mais des milliers de petits objets.»

Un investissement de 56 millions au Canada

Le progrès dans cette technologie connaît un essor important ailleurs dans le monde. C’est pourquoi le gouvernement canadien, avec de nombreux partenaires privés, y investit 56 millions de dollars sur trois ans au pays. Pour Thomas Ducellier, directeur exécutif au Centre national de recherche du Canada (CNRC), il s’agit d’un secteur d’avenir : «On a clairement l’intention de devenir un leader en ayant à la fois une action dans la recherche sur le prototypage et dans la commercialisation.»

L’Europe semble toutefois plus avancée, aux dires d’André Dion. «Nous sommes en retard, dit-il. C’est une des raisons pourquoi le CNRC a voulu mettre les bouchées doubles. Dans les dix prochaines années, les batteries imprimées représentent un marché de 300 millions de dollars par année. Il y a une course.»

Et qui sait jusqu’où ira celui qui la remportera.

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