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Pétrole des sables bitumineux : des retombées encore bien incertaines pour le Québec

Pétrole des sables bitumineux : des retombées encore bien incertaines pour le Québec
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Alors que le projet Énergie Est de TransCanada fait encore l'objet de débats, les retombées économiques de l'exportation du pétrole de l'Alberta par le fleuve Saint-Laurent sont encore bien incertaines pour le Québec.

Un texte de Michel Marsolais

Bien que le pétrole des sables bitumineux de l'Ouest ne fasse généralement que transiter par le Québec, certains pensent que la province devrait demander des redevances aux pétrolières, comme l'a fait la Colombie-Britannique.

« Est-ce qu'on va mettre des redevances? On va regarder ça. Ce n'est pas tellement une question de compensation qu'une question de retombées pour l'ensemble du gouvernement », de dire Pierre Arcand, ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec.

Chose sûre, le nombre de pétroliers sur le fleuve est appelé à se multiplier en raison de l'ouverture de cette nouvelle route d'exportation. Leur nombre devrait d'ailleurs doubler d'ici quatre ans. Pour plusieurs, le Québec assume tous les risques et ne retire aucun des profits.

Des compagnies comme TransCanada promettent pourtant d'énormes retombées pour le Québec.

« TransCanada a présenté un projet et disait qu'il y avait des retombées de milliards de dollars, selon une étude de Deloitte. Là les groupes environnementaux sont arrivés avec une autre étude qui disait qu'il n'y avait à peu près pas de retombées », explique Pierre Arcand qui, pour trancher, a demandé des études supplémentaires à la Régie de l'énergie.

Selon les propres chiffres de TransCanada, une fois construit, l'exploitation de l'oléoduc Énergie Est ne créerait que 537 emplois au Québec. L'entreprise devrait toutefois payer des taxes aux municipalités le long du tracé. Cacouna pourrait ainsi recevoir 260 000 $ par année.

Le projet de Transcanada n'est pas seul en cause puisque l'inversion de l'oléoduc Enbridge et l'arrivée de pétrole de l'Ouest par train jusqu'au port de Lévis alimentent aussi la nouvelle route d'exportation du pétrole albertain.

Avec une capacité d'exportation accrue, c'est surtout l'Alberta qui profitera des retombées économiques. La province empoche déjà 70 % des revenus du pétrole canadien et génère 74 % des emplois du secteur.

« Les projets de transport par navire-citerne, par train, par oléoduc de pétrole des sables bitumineux sur le territoire québécois vont permettre l'augmentation de la production d'au moins 60 à 70 % », affirme Karel Mayrand, Directeur Québec de la Fondation David-Suzuki, qui déplore l'impact sur les émissions de gaz à effet de serre.

Utiliser au lieu d'importer?

Mais les pétroliers ne font pas que naviguer vers l'est, ils en arrivent. Le Québec importe ainsi beaucoup de son pétrole brut de la mer du Nord, du Venezuela et de l'Afrique. Pour de vraies retombées, l'Association pétrolière et gazière du Québec estime qu'il est temps d'utiliser du pétrole canadien, moins cher que celui que nous importons.

« Il n'y a aucune logique pour l'ouest du Canada d'exporter le pétrole brut quand c'est possible de faire le raffinage au Québec. Les raffineries du Québec ont besoin de pétrole moins cher. Les emplois de ces raffineries et les entreprises ont besoin de ce pétrole », soutient Michael Binnion, président de l'Association pétrolière et gazière du Québec.

L'Association, qui tiendra sa conférence annuelle au début du mois prochain, estime toutefois que c'est plutôt par l'exploration et l'exploitation du pétrole et du gaz au Québec que le potentiel de retombées sera le plus grand.

« C'est clair, c'est la production du pétrole et du gaz qui donne les retombées économiques », pense Michael Binnion.

Le gouvernement québécois n'a pourtant pas terminé sa réflexion sur ce secteur.

Son nouveau projet de loi sur les hydrocarbures ne sera déposé qu'à l'automne 2015. Entre-temps, le pétrole albertain continue de chercher de nouvelles routes pour atteindre ses marchés. On espère prochainement pouvoir utiliser des pétroliers sur les Grands Lacs.

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