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«Caribou»: le pari d'un nouveau magazine culinaire québécois sans recettes

«Caribou»: le pari d'un nouveau magazine culinaire québécois sans recettes

Un magazine culinaire sans recettes peut-il trouver un public? C'est le pari que fait l'équipe de Caribou, nouveau venu en kiosques aux côtés des Ricardo, Coup de pouce et autres lectures culinaires déjà bien enracinées. On le sait, la gastronomie québécoise connaît un vif succès ces dernières années alors que les chefs font la file pour trouver leur place au petit écran, en librairies ou dans les pages des magazines. La recette de Caribou se veut toutefois différente.

Pari osé, qui mise sur des plumes à découvrir autant que sur des noms bien connus et des propositions artistiques qui sortent de l’ordinaire. Discussion avec le chef Normand Laprise, retour aux sources avec la chanteuse Elisapie Isaac et création papier de Claude Lafortune côtoient ainsi portraits d’agriculteurs, réflexion sur l’identité culinaire et propositions pour le Québec agroalimentaire de demain.

«Comme pigistes, on avait le goût de parler de certains sujets et il n’y avait pas vraiment de médias qui cadraient avec ce qu’on voulait faire», explique Geneviève Vézina-Montplaisir, une des journalistes à la source du projet. «Il y a une bonne offre bouffe en ce moment au Québec, avec de bonnes choses. Mais on voulait aller ailleurs, avec quelque chose qu’on n’avait pas ici», ajoute son collègue Vincent Fortier, citant les magazines anglophones Lucky Peach, Modern Farmer et Kinfolk parmi les titres desquels se rapproche Caribou.

Le nouveau venu compte aussi sur une image léchée. On déguste d’abord avec les yeux! Effort visible au fil des pages, mais plus particulièrement lorsque Patrice Fortier tire le portrait de la carotte ou que Maude Chauvin dirige son objectif vers des objets de cuisine croisés dans une vente aux enchères en Montérégie.

Exit les recettes d'Halloween, cocktails à découvrir ou trucs pour bien recevoir la famille. Caribou fait bien sûr découvrir des produits d'ici, ce premier numéro proposant notamment une virée dans l'univers de la forêt boréale. Mais il s'attaque aussi à bon nombre de questions plus profondes telles que la souveraineté alimentaire ou la survie du terroir. Tout en s’assurant de toucher à différentes régions de la Belle Province.

Caribou : les origines

Initié il y a environ un an et demi, le projet a bénéficié d'un financement populaire obtenu grâce à la plateforme Kickstarter qui aura permis à l’équipe d’amasser une somme de 11 000 $ en un mois. Une équipe dont le noyau est composé de six personnes (journalistes, directrice artistique et éditeur) en plus des collaborateurs de partout à travers le Québec qui se grefferont au projet en fonction des thèmes et des régions abordés.

«Regardez une seconde votre pièce de 25 sous et arrêtez de dire négligemment que je suis un orignal ou un chevreuil. Dites à vos enfants que je suis un caribou. Et dites à vos enfants ce qu’est un caribou. Comme le castor, comme tant d’autres animaux aujourd’hui abandonnés, je suis un trésor vivant, un musée ambulant, un cours d’histoire en poil.» - Serge Bouchard

Les premières pages s’ouvrent sur ces mots issus de la plume de l’anthropologue Serge Bouchard, comme une mise en place pour ce premier numéro sous le thème des origines. On effectue entre autres un retour dans le temps avec une histoire des pommes de terre, de même qu’avec celle de la première école de cuisine. Et qui connaît le premier restaurant à avoir vu le jour sur le territoire? Celui de Charles-René Langlois, ouvert en 1791.

«Au début, on savait qu’on voulait faire un magazine bouffe, mais comme les modèles ici étaient différents, on n’avait pas encore exactement en tête ce que Caribou allait devenir, raconte Vincent Fortier. On a pensé à des rubriques instantanées, qui se consulteraient rapidement. On a finalement décidé d’aller plus dans le reportage, et aussi d’aller à la découverte du Québec. C’est un magazine qui est bouffe, mais qui va au-delà de ça. C’est un magazine qui est parfois politique, parfois économique, parfois historique, comme dans ce premier numéro.»

L'équipe de Caribou Photo: Maxime Juneau/L'État brut

Geneviève Vézina-Montplaisir souligne par ailleurs les objectifs derrière le magazine: susciter la discussion et la réflexion. Puis le faire en variant les points de vue. L’article «Les 12 travaux» illustre cette volonté en présentant les propositions de douze collaborateurs aux horizons divers, du président de l’Union des producteurs agricoles à celui de l’Union paysanne, en passant par le comédien et animateur Christian Bégin et le cinéaste Hugo Latulippe.

«Oui, il y a l’instantanéité d’internet, mais il y a aussi un courant de slow reading, de prendre le temps de s’asseoir, d’être dans l’analyse», fait valoir la journaliste, soulignant du même coup l’importance de rapprocher les producteurs des consommateurs. «C’est aussi un enjeu pour les producteurs. Avec Caribou, on essaie, à notre façon, de retisser ce lien», précise-t-elle.

La version papier de Caribou est disponible en kiosques au coût de 12 $ et peut également être commandée sur le cariboumag.com. Une version électronique (format .pdf) est aussi offerte sur le site, au coût de 7 $. Un prochain numéro doit être lancé au printemps, l’objectif étant de concocter quatre publications par année. La recette prendra-t-elle?

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