Ce samedi 18 octobre, c'est l'Exsitrans, la 18ème marche des personnes transsexuelles et intersexes, et toutes celles qui les soutiennent, à Paris. Leur objectif parmi tant d'autres: "faire reculer les multiples discriminations et violences transphobes et la précarité sociale qui frappent les personnes Trans et Intersexes".
A cette occasion, nous vous proposons de découvrir le portrait de ce jeune Américain, qui assume totalement sa transsexualité et qui l'a même rendu publique sur son compte Instagram.
Leo Sheng s’est servi de ce réseau social pour raconter les étapes de sa transformation vers la personne qu’il est vraiment. Ce faisant, il a eu le courage de se mettre littéralement à nu devant la communauté Instagram pour expliquer ce que signifie, pour lui, le fait d’être transsexuel.
Afin de comprendre les raisons qui l’ont poussé à partager ce cheminement sur Instagram, le Huffington Post US a discuté avec Sheng, qui blogue pour le site.
Comment te définirais-tu?
J’imagine que ça dépend du contexte. Si je suis dans un espace LGBTQQA (lesbien, gay, bisexuel, transgenre, queer, indécis et sympathisant), j’aurai naturellement tendance à me définir comme transsexuel. Sinon, je me considère comme hétéro. Mais la définition a changé plusieurs fois depuis le début de ma transformation. A l’heure actuelle, je me sens bien dans la peau d’un transsexuel et, plus généralement, d’un jeune homme. Les deux me vont.
Pourquoi avoir choisi de décrire ta transformation sur Instagram?
J’ai mis un moment à mettre en ligne des choses qui précédaient ma transformation publique. Je n’aimais pas trop montrer des photos de mon enfance, notamment parce que je portais des vêtements féminins et que j’avais l’air d’une fille, ce qui n’est pas ce que je suis. Je n’avais pas envie que l’on voie cet aspect de ma vie. Mais quand j’ai vu que d’autres faisaient preuve de plus de courage que moi, et après m’être posé beaucoup de questions, j’ai décidé d’assumer mon passé. Je me suis rendu compte que mes tentatives de l’escamoter ne m’aidaient pas du tout, et j’ai arrêté de prétendre que ça n’avait jamais existé. Si je voulais documenter ma transformation, il fallait que je fasse preuve d’une totale honnêteté. Je suis toujours surpris de voir à quel point j’ai changé physiquement.
Quand j’ai entendu parler des "Mardis de la transformation" (un mot-clé sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis pour montrer ses transformations spectaculaires,quelles qu'elles soient, ndlr) j’ai commencé à publier des photos de moi enfant et tel que je suis aujourd’hui. Je trouve ça très marrant. Je suis tombé sur d’autres hashtags comme "les jeudis de la testostérone" et "vitamine T", dont je me suis parfois servi pour parler de mes transformations physiques depuis le début de mon traitement hormonal. Le fil de @kierandmoloney est vraiment super, pour voir son entraînement physique. C’est un de ceux qui m’ont poussé à publier les photos comparatives que j’évoquais précédemment.
Pourquoi est-il important que les gens voient concrètement à quoi ressemble une réelle métamorphose transsexuelle?
Je veux qu’ils comprennent qu’une "transformation" est différente pour chaque personne. J’ai pris conscience du concept de transsexualité et de transformation en regardant le personnage de Max dans la série The L Word. J’ai fini par comprendre que tout le monde n’optait pas pour la chirurgie, les traitements hormonaux, les changements de patronyme, etc. Les transsexuels ne ressemblent pas tous à Max. Il n’y pas de référence unique dans ce domaine, et chacun peut le percevoir à sa façon. En tant que transsexuel, et étant d’origine asiatique, je voulais vraiment partager mes impressions afin que les gens puissent se rendre compte qu’il n’y a pas de transformation type. C’est un cheminement difficile, et je crois que ça ne prend jamais vraiment fin. Ca peut être épuisant nerveusement, mais aussi incroyablement satisfaisant.
Quel est l’objectif de ton travail documentaire?
Comme je le disais, je veux simplement faire connaître une identité spécifique et ce que cela représente pour certains d’entre nous (mais, encore une fois, pas pour tout le monde). Je ne suis pas le porte-parole des transsexuels, ni des transsexuels de type asiatique. Je ne parle qu’en mon nom. Mon but, ou mon ambition, a toujours été de mettre fin à la stigmatisation et aux stéréotypes liés à la transsexualité. Je voulais montrer, comme d’autres me l’avaient montré, qu’on a le droit d’être fidèle à soi-même et d’assumer ce que l’on a été. Mais aussi que l’on n’est pas obligé de tout partager : chacun doit faire ses propres choix. Je veux que les gens sachent qu’il y a une communauté de personnes qui, peut-être, leur ressemblent, qu’ils ne sont pas seul, et qu’ils peuvent être heureux.
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