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Suzanne Myre, la romancière brancardière

Suzanne Myre, la romancière brancardière
Sarah Scott

La populaire nouvelliste et romancière Suzanne Myre publie cet automne B.E.C. (Blonde d'entrepreneur en construction), son septième livre et son deuxième roman.

On y retrouve en toile de fond l'hôpital « plein de microbes » où elle été archiviste et où elle est maintenant brancardière. Portrait d'une auteure à l'humour mordant, lauréate 2001 du Prix de la nouvelle Radio-Canada.

De la poésie à la nouvelle, en passant par la science-fiction

Suzanne Myre a commencé à écrire toute petite. Ses premiers textes étaient des poèmes pour la fête des Pères, qu'elle donnait à son grand frère, puisque son père est mort quand elle avait 6 ans. Elle les a retrouvés récemment. « Franchement, je mourrais de honte si quelqu'un les lisait ! ».

Puis, vers l'adolescence, elle s'est mise à écrire des histoires d'horreur et de science-fiction, mettant en vedette les membres du groupe Genesis qu'elle admirait beaucoup. « Celles-là aussi, je devrais les brûler ! ».

En 2001, Suzanne Myre a remporté le concours des Prix littéraires Radio-Canada avec la nouvelle E.T. phone home. Mais inutile de chercher un extraterrestre dans ce texte : c'est plutôt l'histoire d'Élisabeth, une fille un peu décalée, un peu « extra-terrestre », qui se faisait appeler E.T. quand elle était petite. Elle voudrait bien appeler sa mère, elle attend, elle n'ose pas, elle retarde le moment et elle se sent coupable.

Cette histoire, toute simple au fond, Suzanne Myre avait commencé à l'écrire spontanément lors d'une retraite silencieuse dans une maison de prière tenue par des religieuses.

« De là à dire que j'étais en état de grâce pendant son écriture, il n'y a qu'un pas! »

— Suzanne Myre

Il y a près de 15 ans, au moment où elle a reçu l'appel lui annonçant qu'elle avait gagné le Prix de la nouvelle Radio-Canada, elle a cru à un canular. Puis, après s'être assurée que tout ça était sérieux, elle a quitté le bureau pour reprendre ses esprits.

« Je me suis regardée pour voir s'il s'agissait bien de moi, la gagnante du concours Radio-Canada, et la fille dans le miroir a dit : "Bien oui, c'est toi, réveille, tarte". »

— Suzanne Myre

L'année suivante, la nouvelle a été publiée dans le recueil Nouvelles d'autres mères, pour lequel Suzanne Myre a reçu le prix Adrienne-Choquette. Et quelques années après avoir remporté le concours, elle est passée de l'autre côté du miroir : en tant que lectrice pour le Prix de la nouvelle Radio-Canada, elle avait la lourde tâche de sélectionner, parmi plusieurs centaines de textes, ceux qui seraient finalistes. Cette expérience confondante l'a rendue perplexe.

« J'avais le pouvoir de vie ou de mort sur les textes. C'était presque gênant et, surtout, difficile. »

— Suzanne Myre

Le bonheur de réécrire

Suzanne Myre n'est pas vraiment une écrivaine à rituels bizarroïdes. Le plus souvent, elle écrit sur sa table de cuisine. Elle n'est pas si bien installée, mais c'est la pièce de l'appartement qu'elle préfère, « probablement à cause de toute cette nourriture à proximité! »

Elle est plutôt matinale, en semaine. Elle affectionne particulièrement le travail de réécriture, quand elle n'a qu'à « rendre mieux ce qui est déjà là ».

Depuis le début, Suzanne Myre est restée fidèle à son éditeur, Marchand de feuilles. « J'ai vu naître la maison d'édition ». Elle aime travailler avec son éditrice Mélanie Vincelette, qui est aussi auteure.

« Son regard d'écrivaine est un plus quand vient le temps de lire les manuscrits et d'y apporter des suggestions et corrections. »

— Suzanne Myre, à propos de son éditrice, Mélanie Vincelette (Marchand de feuilles)

Parallèlement à son travail d'écriture, elle continue à travailler auprès des malades.

« Je ne pense pas que j'aimerais ne côtoyer que le monde littéraire »

— Suzanne Myre

L'expérience humaine qu'elle vit au contact des patients et de ses collègues de l'hôpital est un terrain fertile pour son imagination : « Ce que j'y vis me laisse des impressions durables, qui fermentent et, éventuellement, pourront me servir. »

Propos recueillis par Sophie Cazenave à l'occasion de la publication de Dans sa bulle.

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