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« Le monde perdu »: au plus près de Daran

« Le monde perdu »: au plus près de Daran
Jean-François Cyr

Après de nombreux albums et une tonne d’entrevues au compteur, Daran propose cette semaine un nouvel album fort distinct du folk-rock auquel il nous avait habitué. Il n’y a pas en douter, le Français au cœur québécois s’est fait gravement plaisir en créant ce huitième album très personnel et dépouillé auquel il pensait depuis 15 ans.

Daran sait se nourrir de l’essentiel et les échanges qu’il provoque ne sont jamais décevants. À la table d’un café de la rue Mont-Royal, il raconte ce Monde perdu rempli de beaux tableaux et de touchants personnages.

« C’est une vieille idée, indique le quinquagénaire. J’ai dit que les maisons de disque sont souvent frileuses avec ce genre de projet. C’est vrai, mais c’est aussi que je n’étais peut-être pas prêt. De fait, c’est un album un peu à part dans le paysage. Ça demande de se poser pour écouter ce genre de musique. En tout cas, c’est un disque beaucoup plus compliqué à faire que l’on peut imaginer […] Ma crainte est que les gens pensent que j’ai fait cet album pour des raison économiques », ironise celui qui a offert plus de 150 concerts avec le dernier album intitulé L’homme dont les bras sont des branches.

Il y a environ cinq ans, Daran avait offert un concert seul sur scène, juste avant qu’il s’installe définitivement au Québec. « C’est le spectacle avec les dessins au Cabaret, précise Daran. C’était l’album qui allait avec la bande dessinée… Un show raté, ce n’est pas si grave, mais là c’est autre chose, je fixe pour la postérité », envoie-t-il en riant. De toute façon, il faut préciser que le concert était très bien.

Malgré cette humilité qui l’honore, Daran n’a guère d’inquiétude à avoir, Le monde perdu est un disque de haut niveau, d’une profonde sensibilité et d’une maturité artistique indéniable.

La Gibson

Les onze pièces sont animées par une voix grave, éraillée et vibrante qui confèrent à cette œuvre une belle sensibilité, pour ne pas dire humanité. Sans oublier cette guitare acoustique extrêmement soignée avec laquelle le chanteur livre de superbes ambiances. D’ailleurs, il parle en entrevue de cette Gibson Hummingbird comme d’un bijou. Un instrument qu’il ne voulait d’ailleurs jamais trimbalée en tournée, par crainte de l’égarer. Or, pour les nouveaux concerts, la Gibson sera du voyage…

En filigrane de cet univers habités de chant et de cordes, on perçoit à l’occasion des mesures d’harmonica (L’exil, Tchernobyl). Tout est là. Quoique, il y a bien ces lignes de guitare électrique sur le désillusionné morceau Le monde perdu.

« C’est tout fait ici, dans mon studio maison à Montréal, explique Daran. L’album a été mixé à Los Angeles. J’aurai pu le faire moi-même, mais je trouvais intéressant de passer le bébé à quelqu’un d’autre au moment du mixage pour avoir un regard extérieur. Pourquoi Sheldon Gomberg (qui collabore notamment avec Rickie Lee Jones, Eleni Mendell et Ben Harper) ? Parce que c’est un orfèvre du genre. C’est un roi de l’acoustique et une personne formidable. »

Son et image

Au sujet de la prise de son, Daran a disposé deux micros près de sa Gibson. Un au niveau de la rosace et un autre non loin de la table de la guitare. « J’ai fait un milliard d’essais parce qu’il y a plein de façons de prendre une acoustique. C’est l’oreille qui décide. J’ai enregistré tous les morceaux de la même manière […] Je peux dire que je suis allé au maximum de ce que je pouvais accomplir au niveau du jeu de mon instrument. »

Quant aux textes, Daran s’est tourné de nouveau vers la délicieuse plume de son vieux comparse Pierre-Yves Lebert, avec qui il a discuté des thèmes. L’auteur-compositeur-interprète Moran lui a aussi offert la pièce L’exil, tout comme Christophe Miossec pour la chanson Le monde perdu.

Au sujet de la tournée qui commencera à l’hiver, Daran va embellir et peaufiner ce monde perdu, déjà pas mal accompli. Les chansons mélancoliques (Des portes) et parfois un brin sombres de Daran seront bonifiées en images.

« Je reprends le principe du concert dessiné que j’avais fait avec Michel Alzéal. Excepté que cette fois-ci, on va y mettre le feu. Je vais présenter un film sur lequel on va proposer des dessins faits par une illustratrice (en direct). J’ai travaillé très fort sur ce projet que je vais présenter dans le nouveau concert solo. J’ai tourné moi-même des images en Nouvelle-Écosse, en Bretagne, en Californie… Ce montage vidéo accompagnera la musique durant toute la soirée. »

Caché quelque part entre la Bretagne et le Québec, le monde perdu de Daran est à découvrir sans hésitation.

Un album qui fait du bien.

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Daran

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Sortie le 14 octobre 2014

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