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Conflits d'intérêts: Pierre Karl Péladeau veut rassurer la population (VIDÉO)

Pierre Karl Péladeau placera ses actions en fiducie s'il entre dans la course à la chefferie du PQ (VIDÉO)

Quelques heures avant d'entendre les députés de l'Assemblée nationale sur une motion déposée hier par la CAQ pour interdire à tout député de détenir une majorité d'actions dans une entreprise médiatique, Pierre Karl Péladeau a tenu à préciser ce qu'il comptait faire s'il décidait notamment de se porter candidat à la direction du Parti québécois.

Le député de Saint-Jérôme a déclaré que s'il se présente dans la course à la direction du PQ, il placera ses actions de Québecor dans une fiducie sans droit de regard « même si la loi ne m'y oblige pas », dit-il.

« Je ferai également, au moment opportun, une déclaration sur l'honneur dans laquelle je m'engagerai solennellement à ne jamais intervenir dans le contenu éditorial des médias d'information de quelque manière que ce soit. » — Pierre Karl Péladeau

Le député réitère qu'il n'a toujours pas pris de décision à savoir s'il se lancerait ou non dans la course à la direction du PQ, mais s'il choisit de le faire, il indique clairement qu'il n'a pas l'intention de se débarrasser de ses actions dans l'empire Québecor, qu'il souhaite un jour léguer à ses enfants.

Pierre Karl Péladeau dénonce la motion de la CAQ, qui, selon lui, témoigne d'une « partisanerie outrancière et déplorable » et qui « dépasse les limites du respect que nous devons tous aux institutions démocratiques ».

La motion, ouvertement dirigée contre M. Péladeau, demande « qu'un député, ou un membre de sa famille immédiate ne puisse d'aucune façon détenir directement ou indirectement la majorité des actions ou une position de contrôle dans une entreprise médiatique ».

« Ça ne règle rien »

Le chef de la CAQ, François Legault, estime que le fait de placer ses avoirs dans une fiducie n'est pas une solution suffisante pour s'assurer de l'indépendance médiatique par rapport au pouvoir politique. « Ça ne règle en rien le problème qu'on essaie de régler », dit-il.

« [Même avec une fiducie sans droit de regard] M. Péladeau conserverait sa position de contrôle dans Québecor et cela ne limiterait en rien le conflit d'intérêts lié à sa fonction publique. » — François Legault

On ne devrait pas permettre qu'un homme politique contrôle les organes de presse, dit-il. « Il ne faut pas oublier que les médias, leur rôle, entre autres, c'est de critiquer le travail des élus. Donc il faut qu'ils gardent toute leur indépendance ».

« Si François Bonnardel décidait d'acheter La Voix de l'Est, je pense qu'il serait dans une situation où les opposants diraient : "est-ce qu'on a une chance de le battre?" » — François Legault

M. Legault estime pouvoir s'entendre avec le chef libéral Philippe Couillard pour faire entendre - sans préciser dans quel contexte - des spécialistes, des groupes et des journalistes au sujet de l'indépendance de la presse. Il a en outre l'impression que les députés libéraux sont « sur la même longueur d'onde » que les caquistes dans ce dossier.

Une question d'apparences

L'ancien ministre péquiste et commentateur à RDI au Club des ex Rémy Trudel souligne que les apparences sont très importantes dans cette affaire. « Quand on a une fiducie sans droit de regard, on va revenir dans l'entreprise. Alors on peut soupçonner que, revenant dans l'entreprise, on puisse encore avoir de l'influence [...] Quelqu'un pourrait toujours soulever l'argument que la peur qu'il intervienne éventuellement quand il ferait son retour l'empêcherait d'écrire, de dire, de traiter d'une nouvelle », expose M. Trudel.

« On n'est pas en Italie. » — Rémy Trudel, faisant référence à l'ex-politicien et magnat de la presse italienne Silvio Berlusconi

Si elle était adoptée, la motion viendrait modifier les dispositions du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale. Toutefois, elle n'a qu'une valeur morale et n'est donc pas légalement contraignante.

Pierre Karl Péladeau n'a pas fait de commentaires sur la motion. Il s'est contenté de rappeler qu'il avait déjà fait connaître sa position et qu'il n'avait rien à ajouter. M. Péladeau avait déclaré samedi qu'il n'avait pas l'intention de vendre ses actions dans Québecor qui lui avaient été léguées par son père. Il répondait à son collègue Jean-François Lisée, qui lui suggérait de céder ses actions avant de briguer la direction du PQ.

De son côté, M. Lisée a indiqué qu'il voterait contre la motion de la CAQ.

Un autre député péquiste, Alexandre Cloutier, a pour sa part proposé sur Twitter que Québecor réintègre le Conseil de presse, comme le réclame lui-même l'organisme indépendant mais non-contraignant qui défend la liberté de presse et traite les plaintes du public.

Les libéraux pourraient être tentés d'appuyer la motion. Hier, le premier ministre libéral Philippe Couillard s'est demandé comment les péquistes réagiraient « si un chef de parti adversaire pour eux détenait une part importante d'un grand groupe de presse ».

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Pierre Karl Péladeau à Saint-Jérôme

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