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Une bataille d'experts à prévoir au procès de Luka Rocco Magnotta

Une bataille d'experts à prévoir au procès de Luka Rocco Magnotta
AP

Le procès de Luka Rocco Magnotta se jouera principalement entre les experts que la couronne et la défense présenteront, croit l'avocat Jean-Claude Hébert, spécialisé en droit criminel.

Une soixantaine de témoins sont attendus au procès de l'accusé qui a reconnu aujourd'hui avoir commis les gestes qui lui sont reprochés, mais plaidé néanmoins non coupable aux accusations criminelles.

Leurs témoignages seront parfois difficiles à entendre pour le jury. « Mais à un moment donné, on va prendre le virage final, c'est-à-dire l'audition des experts. Et c'est là que la joute véritable va commencer », évalue M. Hébert en entrevue avec Radio-Canada.

« Il va y avoir une bataille d'experts - une bataille médicale - assez relevée. »

— Jean-Claude Hébert

Comme dans le cas du procès de Guy Turcotte, croit Me Hébert, les experts de la défense affirmeront que l'accusé est un homme perturbé depuis longtemps, qu'il a « disjoncté » le jour du drame et qu'il n'est pas responsable de ses actes, alors que les experts de la couronne, eux, présenteront M. Magnotta comme un homme qui était perturbé et tenteront de démontrer qu'il a prémédité son crime et qu'il en est donc responsable.

On sait par ailleurs que le père de Luka Rocco Magnotta, qui est schizophrène, sera appelé à la barre des témoins.

« On va en faire une question génétique. Jusqu'à quel point les gènes du père pouvaient-ils être transmis au fils? »

— Jean-Claude Hébert

Me Hébert n'est pas étonné que la défense plaide l'état mental de l'accusé pour le disculper. « C'était une défense prévisible. Depuis le début, tout le monde s'attendait à ce que ce soit l'enjeu du procès ». Or, ceci n'épargnera pas au jury le visionnement de matériel hautement scabreux.

« Évidemment, vous n'avez pas le choix que d'aller dans l'horreur et d'aller dans tous les faits et gestes pour dire : oui, c'était un bonhomme perturbé qui avait certains désordres mentaux, mais pas au point d'ignorer ce qu'il faisait. »

On sait notamment que Luka Rocco Magnotta a filmé son crime.

Un risque pour le jury?

Les membres du jury sont-ils susceptibles de devenir traumatisé par ce qu'ils verront? Pourraient-ils développer un syndrome de stress post-traumatique? Difficile à dire, selon le chercheur à l'Institut Douglas et professeur au département de psychiatrie de l'Université McGill Alain Brunet.

« Le jury sera exposé à des scènes macabres, jour après jour… Le risque [de développer un syndrome de stress post-traumatique] est peut-être faible, mais on a très peu d'idée sur ce que ça pourrait représenter pour un jury dans une situation comme celle-ci », expose M. Brunet.

« Quand on s'expose à des images brutales, grotesques, qui remettent en question une certaine vision de l'humanité, c'est comme si c'était du contenu qui rentrait dans notre psychique, comme un dard et qui ensuite de ça, avait une existence indépendante. »

— Alain Brunet

Les images que l'on voit peuvent se transformer en pensées intrusives, c'est-à-dire à des choses auxquelles on y repense sans le vouloir. « Tout nous y fait repenser. On peut faire des cauchemars, etc. », explique le chercheur.

Chez les policiers, les pompiers et les ambulanciers, qui sont exposés au jour le jour à des événements potentiellement traumatiques, les études montrent que le taux de syndrome de stress post-traumatique est faible - mais qu'il n'est pas nul.

Luka Rocco Magnotta a tué et démembré l'étudiant chinois Lin Jun en mai 2012. Il a ensuite envoyé des restes humains au quartier général du Parti conservateur du Canada ainsi qu'à d'autres membres du Parlement. Il a également publié en ligne un enregistrement vidéo qui montre le meurtre.

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