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«Trois décennies d'amour cerné»: Thomas Lebrun chorégraphie l'amour au temps du sida (ENTREVUE)

«Trois décennies d'amour cerné»: Thomas Lebrun chorégraphie l'amour au temps du sida (ENTREVUE)
Courtoisie

Il y a un peu plus de 30 ans, le sida faisait son apparition dans l’inconscient collectif des amants de la planète. Meurtrier, affolant, ghettoïsant, le virus a plongé les générations suivantes dans un monde où le danger potentiel que présente l’Autre se mêle au jeu du désir et de la séduction. Le chorégraphe français Thomas Lebrun s’est inspiré de ces ardeurs refroidies pour créer Trois décennies d’amour cerné, présentée à l’Agora de la danse du 23 au 26 septembre prochain.

« Ce n’est pas une pièce sur la maladie, mais sur l’amour aux côtés du sida, précise-t-il en entrevue. Je me suis intéressé à comment le virus a changé nos rapports à l’autre, au sexe et à l’amour. Quand j’étais jeune adolescent, dans les années 80, toute ma génération a grandi avec la crainte de la maladie. À 20 ans, on se demandait si on pouvait attraper le sida par les moustiques ou en buvant dans le verre de quelqu’un. Aujourd’hui, on connait les médicaments qui permettent de contrôler la maladie, mais avant, on avait l’image d’un monstre. »

Visiblement interpellé par la thématique, il a eu l’idée de reconstituer la chronologie de l’intrusion du virus dans les habitudes sociales, au quotidien et dans sa globalité, en divisant sa création en quatre sections.

« Risques », un solo d’Anthony Cazaux sur l’apparition du virus, alors qu’il est sur surnommé le « cancer gai », puisque fortement associé aux homosexuels. Le chorégraphe illustre ici les visages du risque volontaire et involontaire face à la maladie.

« Peur », un duo d’Anne-Emmanuelle Deroo et de Raphaël Cottin, où une femme et un homme hétérosexuels sont à leur tour confrontés à la difficulté d’aller l’un vers l’autre et d’avoir confiance, sans savoir si leur partenaire est atteint du virus ou non.

« Doute », un solo dansé par Anne-Sophie Lancelin qui personnifie une jeune fille qui a peur d’être dépistée et d’apprendre si elle est atteinte ou non.

Puis, « Solitude », un solo dansé par Thomas Lebrun lui-même. « Cette section a deux lectures possibles : on peut y voir la solitude que l’on choisit pour éviter le risque, le doute et la peur, en restant seul à ne rien faire, mais on retrouve aussi la solitude après avoir perdu quelqu’un aux mains de la maladie. »

Décrivant sa partition chorégraphique comme étant sereine et nostalgique, Lebrun a enveloppé les quatre tableaux d’une musique principalement constituée de reprises. « J’aimais l’idée de reprendre quelque chose qui a eu une vie à un moment et qu’on réécoute différemment des années plus tard, comme c’est le cas aujourd’hui avec notre perception du sida. Il y a du Patti Smith, Wonderful Life de Black, Crazy in love de Beyonce reprise par Antony and the Johnsons, ainsi qu’une chanson d’Anne Clark, la grande déesse new wave des années 80 et 90 à Londres. C’est très gai. »

Trois décennies d’amour cernée, présentée à l’Agora de la danse du 23 au 26 septembre prochain.

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