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Référendum écossais: Philippe Couillard fait un parallèle avec la dernière élection québécoise

Philippe Couillard dresse un parallèle entre l'Écosse et le Québec
Patrick Bellerose

QUÉBEC - Les Écossais ont rejeté l'option souverainiste comme l'ont fait les Québécois à l'élection générale du 7 avril, a estimé le premier ministre Philippe Couillard, vendredi.

En point de presse, M. Couillard a dressé un parallèle entre le résultat du référendum écossais, en faveur du Non, et celui de la dernière élection au Québec. Dans les deux cas, les électeurs ont fait le choix d'appartenir à un «plus grand ensemble politique», a-t-il analysé.

«Tout comme les Québécois, les Écossais ont choisi de conserver leur lien avec le Royaume-Uni pour des raisons qui leur appartiennent. Chez-nous, on le sait, ce choix s'est exprimé à trois reprises, lors de deux référendums et aussi lors de la récente élection générale, a-t-il fait valoir. Je ne dis pas que la campagne était uniquement sur cet enjeu, mais personne ne peut nier que c'est un enjeu qui a fortement imprégné la campagne électorale».

Pour M. Couillard, il est clair que la perspective d'un nouveau référendum a été un enjeu de la dernière campagne électorale même si la chef péquiste d'alors, Pauline Marois, «a tout fait pour éviter de parler de ses véritables intentions».

«On est rendu à deux référendums et demi si je compte l'élection générale. Je pense que les Québécois en ont assez de cette question, ils veulent passer aux véritables enjeux et c'est ce qu'on s'attend de voir de la part des députés de l'Assemblée nationale», a-t-il dit

Inspiré par le «Non» écossais, le premier ministre a profité de l'occasion pour faire l'apologie du fédéralisme.

«Choisir de faire partie d'un grand ensemble national comme le Canada ou le Royaume-Uni ne remet absolument pas en cause la forte identité et la fierté qu'on peut avoir pour son identité nationale, que ce soit nous les Québécois ou ailleurs dans le monde», a-t-il soulevé.

M. Couillard a salué l'exercice démocratique tenu outre-Atlantique, soulignant au passage la question «consensuelle et claire» posée aux électeurs.

Les Écossais se sont fait promettre par Londres _ s'ils renonçaient à l'indépendance _ une plus grande décentralisation des pouvoirs, notamment en matière de santé et de fiscalité. À contrario, le Québec a subi un ressac en 1980 avec le rapatriement unilatéral de la Constitution et un autre en 1995 avec la loi fédérale sur la clarté.

Aux yeux du premier ministre libéral, ces irritants ne doivent pas occulter «le gain» que représente pour le Québec l'appartenance au Canada.

«Les Québécois font un gain énorme parce qu'ils appartiennent au Canada. Il faut le répéter à cause de cette information souterraine que les péquistes aiment acheminer selon laquelle le Québec est maltraité, opprimé, affaibli, mal en point», a déclaré M. Couillard.

«On a au contraire des prérogatives que la plupart des États nationaux nous envient, on a des bénéfices économiques et fiscaux considérables. (...) Le gouvernement fédéral dépense 16 milliards $ de plus qu'il ne récolte chaque année au Québec», a-t-il ajouté à l'appui de ses dires.

M. Couillard avait exprimé, lors de la dernière campagne électorale, sa volonté de reprendre le bâton du pèlerin pour ramener le Québec dans le giron constitutionnel canadien. Depuis, il a reculé. Il préfère désormais, avant d'abattre ses cartes, attendre que d'autres provinces prennent l'initiative des pourparlers.

D'ici à ce que des «alliés» du Québec et des «interlocuteurs» se manifestent au Canada, le premier ministre se satisfait de la situation actuelle.

«On est bien dans le Canada actuellement, les Québécois sont un peuple heureux et prospères, toutes les libertés sont garanties, on parle notre langue, on la fait même progresser dans la fédération canadienne. (...) S'il y a lieu, un jour, d'améliorer la situation, tant mieux et on remettra les demandes du Québec sur la table», a-t-il dit.

Le résultat du vote est source de réconfort pour le chef du gouvernement libéral mais constitue un nouveau revers pour les tenants de l'indépendance au Québec.

Député de Marie-Victorin et aspirant probable à la direction du Parti québécois, Bernard Drainville ne cache pas sa déception. Il était revenu «requinqué» d'un séjour en Écosse l'été dernier où il avait été témoin de la montée du Oui.

La campagne de «peur» du camp du Non et les engagements de Londres en faveur d'une plus grande dévolution des responsabilités ont pesé lourd dans le résultat, selon lui.

«C'est ça qui a fait pencher la balance. Évidemment, on sait ce que c'est, ici, de se faire promettre des choses qui ne sont pas réalisées. La question est de savoir maintenant si les engagements pris auprès des Écossais vont être respectés», a-t-il dit.

Une chose est sûre, la défaite écossaise n'est certes pas de nature à redonner du souffle au mouvement souverainiste québécois, concède le député.

«C'est difficile de présenter une défaite comme une avancée mais dans les faits, il y a beaucoup de positifs dans cette campagne. Il faut se rappeler d'où le Oui partait. Ils sont partis d'un appui très insuffisant et ils l'ont fait monter à 50 pour cent», a-t-il noté.

Chez Québec solidaire, la défaite du Oui est présentée comme un «message d'espoir» pour le Québec, démontrant que l'indépendance «est possible», pourvu d'y mettre «le temps et une ardente patience».

Avec son «rejet de l'austérité», le camp du Oui écossais a suscité une adhésion croissante de la population, s'est réjouie la cochef Françoise David.

La Coalition avenir Québec (CAQ) n'a réagi qu'en toute fin d'après-midi au résultat de référendum écossais. Dans un communiqué, le chef François Legault a dit que la tenue du référendum en Écosse «est d'abord une victoire pour la démocratie».

«Les Écossais ont choisi de faire progresser leur nation à l'intérieur d'un ensemble plus vaste, le Royaume-Uni. Ce pari, c'est aussi celui que les Québécois ont fait. Mais pour que cela fonctionne, il faut jouer le jeu et tirer le meilleur parti de notre appartenance au pays auquel les Québécois ont librement choisi d'appartenir. C'est ce que les Écossais semblent vouloir faire. C'est ce que nous devons faire aussi», a ajouté le chef caquiste.

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