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Indépendance: L'Écosse expliquée en quelques questions et réponses

L'Écosse expliquée en quelques questions et réponses
A member of the Grand Orange Lodge of Scotland prepares ahead of a march in Edinburgh, on September 13, 2014. Thousands of members of the Protestant Orange order marched through Edinburgh in a show of strength against Scottish independence, as the final weekend of campaigning for the referendum got underway with everything to play for. AFP PHOTO / BEN STANSALL (Photo credit should read BEN STANSALL/AFP/Getty Images)
BEN STANSALL via Getty Images
A member of the Grand Orange Lodge of Scotland prepares ahead of a march in Edinburgh, on September 13, 2014. Thousands of members of the Protestant Orange order marched through Edinburgh in a show of strength against Scottish independence, as the final weekend of campaigning for the referendum got underway with everything to play for. AFP PHOTO / BEN STANSALL (Photo credit should read BEN STANSALL/AFP/Getty Images)

Un référendum sur l’indépendance de l’Écosse aura lieu ce jeudi 18 septembre. Notre éditeur et rédacteur en chef Patrick White sera aux premières loges.

Voici un résumé de ses propos samedi à l’émission Infos Week-End sur V Télé, avec Andrée-Anne Lavigne.

Quel est l'état de la situation jusqu'ici? Pourquoi l’Écosse veut se séparer?

L’Écosse a longtemps été un pays, du 13e siècle au 18e siècle. Le Parlement écossais a cependant peu de pouvoirs et n’existe dans sa forme actuelle que depuis 1997. Le sentiment nationaliste et autonomiste est fort; les ressources naturelles (pétrole) abondantes et il y a deux ans l’Écosse et le Royaume-Uni ont convenu des règles d’un vote sur l’indépendance. La question est claire et Londres a accepté de reconnaître un Oui même à 50% plus une voix.

À quoi peut-on s'attendre? Est-ce que le revirement de la situation dans les sondages, l'avance du oui pourrait influencer le résultat de jeudi prochain?

Le Oui a eu le momentum depuis quelques semaines, mais il n’y a eu qu’un seul sondage favorable à la cause. C’est toute de même une hausse de 20 points depuis deux mois. Donc le Oui a le vent dans les voiles, mais le camp du Non ne se laisse pas faire : le premier ministre David Cameron a fait un discours passionné pour un Royaume-Uni cette semaine. Il s’est rendu en Écosse pour vanter les mérites du Royaume-Uni. La grande majorité des sondages donnent le Non gagnant jeudi soir. Par ailleurs, une campagne de peur a commencé avec la Royal Bank of Scotland, la Lloyds et Standard Life qui ont annoncé qu’elles déménageraient leur siège social de l’Écosse vers l’Angleterre si le OUI l’emporte jeudi.

Est-ce que le résultat du vote aura un impact sur le mouvement souverainiste ici?

Oui si le vote est positif. Ça pourrait dynamiser les troupes du PQ et du Bloc québécois à court terme. C’est sûr. C’est motivant pour eux. Sauf qu’il n’y a pas d’élections avant 4 ans au Québec et aucun référendum en vue. En plus le Bloc est fini à Ottawa. Si le Non l’emporte, ce sera une déception, mais pas une grosse surprise.

Est-ce que ça va changer quelque chose ici au Québec?

Oui. Au plan de nos relations avec le pays par exemple. Ça forcerait Ottawa de reconnaître éventuellement un Oui au Québec à 50% + une voix comme au Royaume-Uni. Ça va forcer aussi le PQ à poser une question claire sur l’indépendance du Québec et non une question floue comme en 1995 et 1980. Et Édinbourg a négocié une question hyper claire et les règles du référendum avec Londres donc ça va aussi donner l’exemple à Ottawa et Québec de travailler ensemble afin d’établir les règles du jeu à l’avance.

Les Britanniques ont commencé à faire plusieurs annonces pour courtiser le camp du non… c'est un peu un air de déjà vu avec ce qui s'est passé au Québec en 1995?

Oui. On promet plus d’autonomie à l’Écosse s’il y a un Non jeudi. Mais aucun détail n’a été donné. Ça rappelle les vagues promesses de Pierre Trudeau en 1980 lors du référendum : il avait promis du changement et avait mis son siège en jeu. Deux ans plus tard, il a rapatrié la Constitution du Canada sans le consentement du Québec. Il y a aussi la question de la monnaie : Londres dit : vous n’aurez pas la livre sterling, mais l’Écosse a le gros bout du bâton, car les marchés n’aiment pas l’insécurité et pourraient forcer Londres à négocier avec l’Écosse. Aussi, l’Écosse a des énormes ressources pétrolières et les redevances de l’Angleterre sont importantes. Donc c’est un pensez-y bien.

Est-ce que les sondages sont une bonne idée dans une situation comme celle-là? Ou si ça influence trop le vote?

Moi je crois que ça beaucoup le vote. Le mouvement souverainiste est moins fort en Écosse qu’au Québec, mais ils ont fait une super campagne positive et axée sur les jeunes et la construction du pays. Une coalition large. Le Non n’a pas réussi à bien faire valoir ses idées et les débats télé ont aussi eu une certaine influence en faveur du Oui dans les derniers milles de la campagne référendaire.

Est-ce que ça aura un impact sur le reste de l'Europe?

Oui : est-ce que l’Écosse va adhérer à l’euro, l’Union européenne s’il y a un Oui? Il faut que le pays soit reconnu par les autres nations sinon ce sera un cul-de-sac. Le vote aura un gros impact sur les relations économiques avec le Royaume-Uni. Donc ça va avoir un effet boule de neige sur les marchés financiers et aussi sur la Catalogne, qui veut tenir un jour un référendum sur sa séparation de l’Espagne. Ça va créer des remous.

Est-ce qu'on s'attend à des débordements cette semaine, de la violence?

Non pas du tout. C’est un peuple pacifique. Mais je ne suis pas encore sur place donc c’est dur à dire vu de Montréal.

Ta prédiction?

Mes amis écossais me disent que le Oui va passer. Moi je crois que ça peut aller d’un côté comme de l’autre. Ce sera hyper serré comme au Québec en 1995. On connaîtra les résultats à 1h du matin (6h en Écosse) le vendredi 19 septembre. Je serai sur place pour vous en parler.

Écosse: un référendum sur l'indépendance

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