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Vol 459: quatre romans liés par un même destin

Vol 459: quatre romans liés par un même destin
Courtoisie

Le vol 459 c’est ce vol qui quitte Paris pour finalement ne jamais se poser sur Montréal. C’est un mauvais tour du destin devenu point de départ et fondement d’écriture de quatre auteurs québécois qui n’ont plus besoin de présentation: Martin Michaud, Claudia Larochelle, Pierre Szalowski et Aline Apostolska. Rencontre avec quatre écrivains de talent réunis par VLB éditeur sous une même catastrophe.

Troublante coïncidence

Il faut le dire d’emblée, ce projet a démarré il y a presque deux ans, bien avant que ne surviennent les tristes et récents troubles aériens qui ont secoué le monde.

«Ce n’était pas calculé, précise Martin Michaud. Si nous avions commencé à écrire sur les cendres des derniers événements, il y aurait eu un malaise, c’est certain. Mais nos romans étaient déjà imprimés lorsque ces réelles catastrophes se sont produites.»

L’angle reste tout de même troublant, sachant que l’on n’avait imposé au quatuor que l’aéroport comme lieu commun à leurs histoires et que ce sont eux qui ont tenu à ajouter l’élément dramatique de l’accident d’avion.

Doublement troublant lorsque deux de ces auteurs évoquent un possible missile et une éventuelle implication de la NSA...

Du bonheur dans la douleur

Avec Elle était si jolie, le populaire écrivain Pierre Szalowski a tenu à ne pas «perdre sa voix», malgré le point de départ dramatique qui lui était imposé.

«Je suis un bonheuraturge, dit-il en riant. J’ai toujours écrit des histoires qui vont vers le bonheur, des histoires qui commencent mal et qui finissent bien, alors que là, j’ai dû travailler avec de la matière première avec laquelle je ne suis pas habitué de travailler: la peine. Dans mes histoires, je ne traite pas la mort, donc ce fut assez difficile à faire. Ce fut pour moi une entrée dans un monde différent qui n’est ni mon univers ni ma nature.»

«J’ai toujours, même dans un moment triste, glissé une petite réplique amusante. Et le fait de travailler avec de grands amis m’a énormément stimulé. C’était un beau voyage.»

«Dans cette équipe, il y avait la volonté de faire de belles choses, mais aussi la volonté de faire de grandes choses», ajoute-t-il.

Du thriller et de l’introspection

Le maître du polar québécois, Martin Michaud, souhaitait quant à lui livrer un roman plus personnel avec S.A.S.H.A.

«C’est un roman différent de ce que je fais habituellement. Les lecteurs qui me lisent sont habitués de lire des briques de 500-600 pages, mais là, on est dans l’infiniment petit. Il y a deux personnages principaux: un petit garçon prénommé Sasha et son papa Elias qui se rendent à l’aéroport pour aller chercher la maman de Sasha. C’est du moins l’histoire officielle, mais peut-être n’est-ce pas exactement ce qui est en train de se passer...», explique-t-il, mystérieux.

«Mon objectif premier en acceptant d’écrire ce roman était de me mettre en danger. J’avais envie de faire autre chose, d’aller où je vais moins habituellement, donc plus dans l’introspection. Évidemment, on est vite rattrapé par sa nature. Alors oui, il y a un peu de thriller

Flatté que VLB éditeur l’ait choisi, l’auteur qualifie cet exercice de captivant.

«Écrire est un exercice solitaire et ce roman-là ne fait pas exception. Je l’ai écrit seul avec moi-même. Ce qui a été différent par contre, c’est tout ce qui est venu avant: le choix de notre thème, la catastrophe à imaginer et à minuter et tout le travail d’intersection entre certains personnages. C’est là que le véritable travail d’équipe s’est fait. C’est motivant de savoir que trois autres personnes sont en train d’écrire un roman et te poussent dans le derrière pour que tu avances.»

«Le but du projet n’était pas de favoriser ni de créer artificiellement des croisements entre nos personnages. Ce qui est intéressant à propos de ces quatre romans est le fait que les thèmes sont communs, qu’ils se retrouvent. Chaque auteur a parlé de paternité, de transmission, de la mort, du deuil. C’est cet ensemble de thèmes créés par quatre regards différents et qui fait, selon moi, la richesse du projet.»

Un roman qui fait réfléchir

Claudia Larochelle a écrit Les Îles Canaries alors qu’elle était enceinte de sa fille. «C’est l’histoire de Louisa Vanier, 38 ans, mère de famille, épouse dévouée, femme possédant tout une aura et qui devait monter à bord du vol 459. Quand il y a crash du vol et alors qu’on n’a pas encore retrouvé son corps, on entre dans la vie de tous ses proches. Ils prendront, à tour de rôle, la parole. On entre dans leur tête tout en découvrant, en même temps qu’eux, des choses sur Louisa...Était-elle vraiment à bord de l’avion ? Serait-ce elle qui aurait fait s’écraser l’avion ? Est-elle innocente là-dedans? C’est ce qu’on va découvrir. C’est vraiment son entourage qui va prendre la parole. Ce qui compte pour moi, ce sont ceux qui restent, bien plus que ceux qui sont partis.»

«Ce n’est pas de mourir, qui me fait peur, autant que ce qu’on va découvrir sur moi à ma mort, ajoute-t-elle. On a tous des secrets, on a tous une vie cachée, un jardin secret et parfois, quand on décède, les gens retrouvent des choses, ne serait-ce que des écrits ou des objets. C’est une idée qui m’obsédait: le fait de laisser ses proches, l’absence, le deuil, le vide, le temps qui passe, la fin, ce sont des sujets avec lesquels je travaille beaucoup.»

Son roman - qui se situe beaucoup plus dans le monologue intérieur et l’intériorité que dans l’histoire que l’on raconte - Claudia Larochelle espère qu’il fera réfléchir. «Sur notre fin possible, sur les liens que l’on tisse avec les êtres humains au cours de notre vie. Depuis que j’ai écrit ce roman, et depuis que j’ai accouché, j’aime les gens autrement, je les aime plus je crois. J’ai compris beaucoup de choses sur le destin et les gens.»

Une histoire vécue

L’historienne, journaliste, animatrice, productrice, conférencière et écrivaine Aline Apostolska nous transporte quant à elle dans l’univers de Fleur de cerisier.

«Mon héros est un ingénieur en aéronautique immigrant qui a été adopté à la fin de la guerre du Vietnam et dont le père était commandant de la marine vietnamienne. C’est une histoire extrêmement vraie, car c’est l’histoire du propriétaire de mon dépanneur. J’ai passé deux jours chez lui et il m’a raconté cette partie de sa vie du point de vue des officiels qui se sont battus pour l’indépendance du Vietnam et qui sont partis entre avril et octobre 1975.»

«Fleur de cerisier, on comprendra qui c’est - car c’est une personne - à la toute fin du livre. Ce roman, c’est un suspense social, l’histoire d’un héros que l’on suit et qui, en conclusion du roman, débouche sur une grande découverte.»

Les quatre romans Vol 459: Elle était si jolie de Pierre Szalowski, S.A.S.H.A. de Martin Michaud, Les Îles Canaries de Claudia Larochelle et Fleur de cerisier d’Aline Apostolska sont maintenant disponibles en librairie.

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