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Le FRAPRU lance un «Dossier noir» sur la situation du logement au Québec

Un «Dossier noir» sur la situation du logement au Québec
Agence QMI

MONTRÉAL - Alors que le gouvernement Couillard s'apprête à procéder à un examen de ses programmes, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) monte aux barricades.

L'organisme a lancé, mardi à Montréal, son «Dossier noir sur le logement et la pauvreté» dans l'espoir de convaincre Québec d'augmenter ses dépenses allouées à l'aide au logement — au lieu de les diminuer — et de financer 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans. Il somme également les autres paliers de gouvernement d'agir.

Selon le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, le document démontre clairement que la province vit une «crise» en raison de l'écart grandissant entre la capacité de payer des locataires et les prix des loyers. L'ouvrage se base sur des données provenant de l'«Enquête nationale auprès des ménages» menée en 2011 par Statistique Canada.

Ainsi, 108 475 ménages locataires consacrent plus de 80 pour cent de leur revenu pour se loger, une hausse de 25 pour cent par rapport à 2006. Cela représente environ huit pour cent des ménages locataires de la province.

Le FRAPRU ajoute que le nombre de ménages devant réserver plus de 30 pour cent — seuil jugé acceptable par l'organisme — de leur revenu au logement est de 479 750, et que 227 835 d'entre eux sont forcés d'y mettre plus de 50 pour cent.

M. Saillant affirme que ces personnes doivent donc couper dans d'autres dépenses essentielles, particulièrement la nourriture, pour arriver à payer le loyer.

Pour expliquer l'accroissement de la disparité entre la capacité de payer des ménages et le prix des logements, le FRAPRU indique dans son dossier que la hausse des revenus n'a pas suivi celle du prix des loyers. Entre 2006 et 2011, le revenu médian des locataires a augmenté de 9,2 pour cent, alors que le loyer médian a progressé de 13,6 pour cent. L'écart grimpe si on compare 2011 à 1981, puisque le revenu médian a augmenté de 118 pour cent, contre 188 pour cent pour le loyer médian pendant cette période.

«Il y a une crise du logement parce qu'il y a une disparité qui s'agrandit entre la réalité des locataires, avec les revenus qu'ils ont, et la réalité du marché privé de l'habitation et le type de loyer qu'ils chargent. Il y a là une crise du logement qui est au moins aussi grave que celle qu'on a vécue au début des années 2000, alors qu'il manquait de logements», tranche M. Saillant.

Le FRAPRU précise également que ce sont les personnes vivant seules — représentant maintenant la moitié des ménages locataires —qui sont confrontées aux plus sérieux problèmes d'incapacité à payer leur loyer. Les femmes, les nouveaux arrivants, les autochtones, les personnes âgées et les jeunes adultes seraient également plus à risque.

La présentation du «Dossier noir sur le logement et la pauvreté» marquait également le lancement de la campagne «Le logement, un droit». Le FRAPRU entend tenir, au cours des prochains mois, des séances d'informations et des manifestations un peu partout au Québec.

Dans un communiqué publié un peu plus tard dans la journée de mardi, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) contredit le FRAPRU. Se basant sur d'autres données provenant de Statistique Canada, de l'Institut de la statistique du Québec et de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), la CORPIQ affirme que le revenu des ménages locataires québécois a augmenté plus rapidement que les loyers.

Pour faire valoir son point, la CORPIQ a notamment comparé le revenu annuel moyen après impôt des ménages locataires québécois avec le niveau moyen du loyer publié par la SCHL pour un logement de type quatre et demi. Depuis 1996, le premier a augmenté de 63 pour cent et le second de 41 pour cent.

«L'évolution relativement lente des loyers au Québec a pour conséquence de réduire le taux de rendement interne des immeubles de logements, ce qui affecte la capacité financière des propriétaires à résorber le déficit d'entretien et les décourage d'y investir à des fins locatives. Il n'est pas surprenant que plusieurs propriétaires ou copropriétaires finissent par s'y loger ou à les vendre à des gens qui veulent les habiter», plaide quant à lui le directeur des affaires publiques de la CORPIQ, Hans Brouillette.

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