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Leméac Éditeur: des œuvres frappantes et dérangeantes

Leméac Éditeur présente des oeuvres coup de poing
Alexandre Ducasse

Leméac Éditeur exhibe un catalogue 2014-2015 garni d’œuvres qui pourraient faire grand bruit dans la prochaine année. Tourments maternels, enfants abusés ou mutilés, enquêtes troublantes, artistes en quête de reconnaissance et d’eux-mêmes, aucun thème ne semble assez tabou pour être évité. Les auteurs de la boîte avaient visiblement une imagination fertile à coucher sur papier. Voici un aperçu de la saison littéraire de la maison, dévoilée mardi.

Saluons d’abord le retour d’une enfant prodige, Marie-Sissi Labrèche, dont le dernier-né, La vie sur mars, paraîtra en octobre. Dans ce quatrième roman, teinté d’une légère autofiction dont elle seule a le secret, la femme derrière Borderline plonge le gros orteil dans la science-fiction en mettant en scène un paysage de 2035.

On y rencontrera Neil, un garçon montréalais accroché aux anxiolytiques qui a abandonné ses études en médecine, fils de Fédora, qui l’a élevé seule, et de Christian, un astronaute français en mission sur Mars. Lorsque sa mère mourra, Neil s’envolera vers l’Europe pour découvrir un manuscrit laissé par sa génitrice. Mais c’est surtout le rapport à la maternité de Marie-Sissi qui se retrouve étalé au fil des pages de cette comédie dramatique.

«Moi, j’écris toujours sur des choses qui me gossent, a mentionné cette dernière. Là, j’ai voulu parler de la filiation. J’ai toujours travaillé la filiation à travers ma mère et ma grand-mère, mais là, je me suis demandé ce que je moi je peux léguer, de bon ou de mauvais. Je suis une mère un peu protectrice ; je me contrôle, mais si on ne se contrôle pas, qu’est-ce que ça peut donner, dans l’avenir ? C’est une histoire sur la culpabilité. Dans ce livre, il y a des bouts de moi, de mon mari, de mon fils de 4 ans… Mais tout est poussé au maximum!»

On pourra se procurer La vie sur mars le 1er octobre.

Dénoncer l’inceste

La comédienne Nefertari Belizaire lance un véritable cri du cœur et de l’âme avec Cru, témoignage de son passé d’enfant violée et violentée par son parrain. Dans des termes durs, cruels, la dame se livre à un procès verbal contre ce genre de crimes, encore malheureusement trop présents dans nos sociétés.

«Je veux donner la parole, non seulement à cette petite, mais aussi à tous les enfants, petits ou grands, victimes d’abus graves dans leur enfance, a confié l’actrice. C’est comme un vol d’enfance, et je sais que je ne suis pas la seule.»

«Ça fait au moins une quinzaine d’années que je travaille sur ce texte, avec des moments où j’étais capable d’en parler, et d’autres, où je ne pouvais pas toucher à mes phrases. Et j’ai fini par finir. C’est un texte qui est dur, ce n’est pas Cendrillon.»

Cru sera sur les tablettes le 17 septembre.

D’autres titres choquants

Hymen Opéra, premier ouvrage de Gérard Soler, présente un récit qui pourrait soulever les passions. Dans celui-ci, un spécialiste des effets spéciaux au service de la mafia se voit obligé de fabriquer de faux hymens pour satisfaire ses clients.

Toujours au rayon des sujets-chocs, Neurotica, de Mélanie Gélinas, s’aventure sur le terrain ô combien miné de l’automutilation, avec son personnage central, la petite Anna, qui se fend l’œil d’une lame de rasoir pour éviter d’envisager le divorce de ses parents. Le geste troublant de la gamine ne sera que le point de départ à une cascade de soubresauts familiaux qu’une fois devenue adulte, elle contemplera avec une triste lucidité.

L’anglophone Lauren B.Davis nous revient avec Le poison des jours, portrait d’un clan mis à l’écart dans un petit village, où alliances apparemment inébranlables seront rompues par des liens insoupçonnés qui s’établiront lentement. Après Traces, proposé l’an dernier, Anna Raymonde Gazaille rapplique avec Déni, thriller policier dans lequel des enquêteurs investiguent sur la mort d’une jeune fille, pendue par son hijab, en maillot de bain, au tremplin de la piscine municipale, dans le quartier Parc-Extension, à Montréal.

Deux auteurs décorés de distinctions prestigieuses lancent de nouvelles lignes à l’eau. Récipiendaire du Prix littéraire Canada-Japon, en 2012, pour Coma, François Gilbert se commet aujourd’hui dans La maison d’une autre, histoire d’une femme forcée d’aider un ex-amant à se débarrasser du cadavre d’une prostituée.

Stéphanie Pelletier, qui a reçu le Prix du Gouverneur Général en 2013 pour son recueil de nouvelles intitulé Quand les guêpes se taisent, accompagne de ses mots Isabelle, une âme qui étouffe entre son mari, son amant (et amour de jeunesse), sa mère alcoolique et même la hantise d’une grand-tante décédée dans les années 1970 dans Dagaz, croisement entre vie et mort, êtres et nature.

Patrick Isabelle tâte pour la première fois la littérature adulte avec La danse des obèses, où un écrivain esseulé sublime sa solitude dans les paradis artificiels jusqu’à devenir obèse, puis devient la muse d’un richissime créateur d’arts visuels, qui l’entraîne dans une forme de déchéance glamour.

Thomas O. St-Pierre, un nouveau venu de Québec, analyse les illusions et les angoisses du jeune homme moderne dans Même ceux qui s’appellent Marcel.

Librement inspiré de la vie de la photographe américaine Francesca Woodman, Flou, de Marie Lefebvre, relate le destin tragique d’une magicienne de l’image qui attentera à ses jours à 23 ans, en se jetant par la fenêtre d’un immeuble new-yorkais.

Enfin, on attendra bien sûr avec impatience la plus récente offrande de Michel Tremblay, Survivre ! Survivre !, huitième chronique de sa saga La diaspora des Desrosiers, tout comme celle de Paul Auster, Excursions dans la zone intérieure. Une autre plume aguerrie, celle de Jean-François Beauchemin, envoûtera avec Une enfance mal fermée, le compte-rendu d’un homme attentif aux bruits qui ont forgé son existence, qui en énumère les hauts faits dans un calepin d’observateur.

Pour plus d’informations sur les livres à paraître chez Leméac dans les prochains mois, c'est ici.

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