Parc Jean Drapeau, samedi 30 août, 18h30. Une foule enjouée s’échappe du métro pour gagner l’immense scène où les enfants chéris du rock indépendant s’apprêtent à livrer deux heures de show haut en paillettes. Chaque ticket affiche la même requête : «Tenue de soirée ou un costume». La mention a beau avoir fait jaser les rabat-joie, chacun a interprété la chose (à ma gauche une mariée, à ma droite un haut de forme, sur mes cheveux, du rose), a joué le jeu et la fosse prend des allures de dancing. Il y a 10 mois, Arcade Fire dévoilait Reflektor, quatrième album d’une carrière solide. Après un an de concerts à travers le monde, le band revient à domicile pour l’ultime date de la tournée.
À 21h, une boule à facettes humaine annonce le début du show. Le couple princier Butler-Chassagne, Owen Pallett et Sarah Neufeld au violon, et le reste de la gang apparaissent sur scène, élégants, excentriques, intenses. Ils ouvrent le bal avec Reflektor devant un public bien mis en jambe avec les performances de Fraka, Spoon et Dan Deacon. Nous voilà partis pour un show mémorable, quasi ininterrompu. Arcade Fire pioche cà et là dans sa discographie : Joan of Arc, Afterlife, We Exist, Here Comes The Night Time et It's Never Over (Oh Orpheus) représentent leur dernière production, The Suburbs, Sprawl II, No Cars Go ou encore Rebellion rappellent le chemin parcouru. L’ensemble affiche une belle complicité et la scène se transforme progressivement en grande fête où se mettent à danser les musiciens coiffés de têtes de papier mâché sous une pluie de confettis.
Ainsi évolue le show : le concert millimétré et théâtral du début se débride jusqu’à la fin. Les deux chanteurs, émus, rappellent à quel point «c’est f*cking good to be home» et rendent hommage à Montréal et son foisonnement artistique. Ainsi débarque sur scène une marionnette avatar de Céline Dion entonnant une belle parodie de Une Colombe face à un comparse papal. Arcade Fire reprend ensuite les choses en main pour la fameuse reprise et ce sont les amis de Wolf Parade qui sont désignés avec une belle version de I‘ll Believe in Anything. L’émotion et l’humour gagnent le spectacle jusqu’au traditionnel hymne de fin, Wake Up, entonné à plein poumon par la troupe et la chorale que forme la foule, sous un feu d’artifice et une tornade de confettis. Régine aura le mot de la fin. «J’adore Montréal ! C’est une ville où tout est possible, c’est une ville fertile, créative avec un esprit indépendant. Merci!»
Arcade Fire laisse derrière eux un public, deux heures auparavant trépignant d’impatience, à 23h conquis et choyé, qui devrait leur rester fidèle encore longtemps.