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Ukraine: se rendre ou mourir, le choix laissé par les séparatistes à Ilovaïsk assiégé

Ukraine: se rendre ou mourir, le choix laissé par les séparatistes à Ilovaïsk assiégé

Au-dessus de sa tranchée, "Batia" désigne sans crainte Ilovaïsk encerclée où des volontaires loyalistes ukrainiens mènent une lutte désespérée: pour ce séparatiste prorusse, la seule issue pour les assiégés est une reddition qu'ils refusent.

"Quiconque brandira le drapeau blanc et se rendra ne sera pas abattu et sera fait prisonnier", affirme son camarade "Classic", un mineur de 57 ans, rencontré à Troïtsko-Khartsizk, à quelques encablures des combats. Ordre des officiers, selon lui.

De la fumée s'élève du côté séparatiste du front, signe de bombardements depuis les positions loyalistes dans la ville et sa campagne avoisinante. Au bout d'une route, sortant de meurtrières aménagées dans les sacs de sable, les fusils séparatistes, à l'affût des snipers, sont pointés vers Ilovaïsk, ville de l'est de l'Ukraine.

Mais après plus d'une semaine de siège, les visages resplendissants et les poings victorieux brandis des véhicules ramenant les rebelles du front traduisent une certitude de la victoire égale au désespoir de l'Ukraine loyaliste.

Jeudi, un millier de manifestants se sont réunis à Kiev devant le ministère de la Défense pour exiger que les volontaires des bataillons Donbass, Azov et Dnipro soient aidés par une armée régulière qui ne cesse de reculer à l'est.

L'armée ukrainienne a affirmé que cela avait été fait. Mais "ce n'est pas vrai", a dit mercredi sur son compte Facebook le chef du bataillon Donbass, Semen Sementchenko, blessé par des éclats d'obus quand ses troupes sont entrées à Ilovaïsk le 19 août et évacué avant que le piège ne se referme.

Difficile de savoir ce qui se passe dans cette petite ville de cheminots, noeud ferroviaire au milieu des terrils du Donbass.

Embarqué avec le bataillon Donbass, le photographe de guerre ukrainien Maksim Dondiouk a soulevé l'émotion de ses compatriotes loyalistes par ses messages désespérés sur Facebook: "Ils n'ont toujours reçu aucune aide. On leur tire dessus à coups de Grads et de mortiers."

Sur une vidéo diffusée mercredi sur Youtube, on voit de jeunes combattants sous le feu des "snipers" dans une école où ils se reposent. Ils tentent une sortie en colonnes derrière un véhicule blindé, défient de la voix l'ennemi tout proche, avant de battre en retraite.

Kiev voit dans ses récents revers militaires à l'Est la preuve d'une "invasion russe".

Des Russes participent peut-être au siège d'Ilovaïsk. Mais à Troïtsko-Khartsizk, nulle trace de ces combattants dans cette troupe de rebelles locaux aussi dépenaillés que rayonnants malgré le crépitement tout proche des armes automatiques. Nul signe non plus de mansuétude.

"Ils tirent sur des civils", dit "Batia" avant de montrer des roquettes non explosées plantées dans le sol au milieu des habitations alentour.

Selon "Classic", "il faudrait tuer ces mercenaires", "quiconque porte un uniforme noir", celui des volontaires du Donbass, ces "nazis", ces "fascistes". A l'en croire, outre les volontaires ukrainiens, il y aurait aussi des mercenaires polonais dans Ilovaïsk.

"C'est notre patrie, notre terre. Ils sont venus chez nous", dit "Komar" ("Moustique"), 33 ans qui ne croit pas au refus jusqu'au-boutiste de la reddition: "Ce sont les officiers qui disent ça. Les soldats eux veulent vivre. Petit à petit, ils vont comprendre qu'il faut se rendre. Ce sont des hommes jeunes dont, pour la plupart, les mères ne savent même pas qu'ils sont là."

"Batia" pense que la chute d'Ilovaïsk est "une question de jours", "le cercle s'est refermé". A en croire "Classic", le rythme des bombardements lourds partis d'Ilovaïsk s'est ralenti, peut-être le signe de munitions plus rares.

"Komar" n'a aucun doute: "Les Ukrainiens sont à bout. On va finir le travail". Combien de temps cela prendra-t-il? "Une semaine maximum. Cela dépend de ce que décideront nos commandants."

ng/neo/gg

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