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Turquie: Erdogan débute son mandat de président déjà contesté par l'opposition

Turquie: Erdogan débute son mandat de président déjà contesté par l'opposition

L'ex-Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan est officiellement devenu jeudi le nouveau président de la Turquie, nouvelle étape après un règne sans partage de onze ans à la tête du pays dénoncé comme "autocratique" par ses adversaires.

Deux semaines après son élection sans bavure dès le premier tour du scrutin, M. Erdogan, 60 ans, a prêté serment lors d'une cérémonie au Parlement que les députés du principal parti d'opposition ont ostensiblement quittée, signe de l'extrême tension politique depuis des mois.

Après une étape obligée au mausolée du père de la Turquie moderne et laïque Mustafa Kemal Atatürk, il a pris ses quartiers au palais présidentiel de Cankaya, où il succède à son compagnon de route Abdullah Gül avec la ferme intention de diriger personnellement le pays.

"Je suis le premier président élu au suffrage universel de l'histoire de notre pays et de l'histoire vieille de 2.000 ans de la Nation turque", a-t-il déclaré devant un parterre d'invités lors de son premier discours de chef de l'Etat.

"Je sais que cela m'impose une responsabilité beaucoup plus grande. Je promets d'honorer cette confiance aussi longtemps que je vivrai", a ajouté M. Erdogan.

Pour s'assurer les coudées franches, il s'est choisi un successeur fidèle à la tête du parti au pouvoir et du gouvernement, l'ex-ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, 55 ans, qui doit être chargé en fin de journée de former un nouveau gouvernement.

Comme l'exige le protocole, M. Erdogan a solennellement juré de rester attaché "à la Constitution, à la suprématie du droit, à la démocratie, aux principes et aux réformes d'Atatürk et aux principes de la République laïque".

Les élus du Parti républicain du peuple (CHP) ont refusé de l'entendre et ont quitté bruyamment l'hémicycle avant même le discours présidentiel, jugeant "inconstitutionnel" le refus de M. Erdogan de quitter son poste de Premier ministre dès la proclamation de sa victoire électorale.

Avant ce coup d'éclat, le patron du CHP Kemal Kiliçdaroglu avait annoncé sa décision de boycotter la prestation de serment d'un homme qui, a-t-il dit, "se considère au-dessus des lois et ne respecte aucune règle".

Malgré les critiques, les manifestations et les scandales qui l'ont éclaboussé, M. Erdogan a été élu chef de l'Etat avec 52% des suffrages le 10 août, dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct.

De loin l'homme politique le plus populaire depuis Atatürk, il ne fait pas mystère de son intention de rester au pouvoir jusqu'en 2023, date du centenaire de la République.

En remettant les clés du Parti de la justice et du développement (AKP) à M. Davutoglu, M. Erdogan a signifié qu'il garderait le contact avec sa famille politique, même si la Constitution lui impose de rompre tout lien avec les partis par souci de neutralité.

"Ce n'est pas un adieu", a-t-il lancé mercredi à ses partisans. "Les noms changent aujourd'hui mais l'essence, la mission, l'esprit, les objectifs et les idéaux restent".

Déjà considéré comme une "marionnette" par ses adversaires politiques, son successeur lui a garanti en retour sa totale loyauté et promis de réformer la Constitution pour renforcer les prérogatives du président, actuellement très protocolaires.

Un tel changement requiert une large victoire de l'AKP aux législatives prévues en juin 2015, afin d'obtenir la majorité des deux tiers (367 sièges sur 550) requise pour modifier la loi fondamentale. Le parti au pouvoir n'en détient aujourd'hui que 313.

Lors de leur passation de pouvoirs, MM. Erdogan et Gül se sont efforcés d'afficher une parfaite entente pour faire taire les rumeurs de discorde.

"Nous avons ensemble (...) servi notre pays pendant sept ans et nous allons continuer à le faire", a dit le nouveau président. Son prédécesseur a insisté sur leurs "quarante années d'amitié et de fraternité", avant de rallier Istanbul pour des vacances politiques annoncées comme provisoires.

La composition du nouveau gouvernement de M. Davutoglu doit être connue vendredi et devrait faire la part belle aux fidèles de M. Erdogan.

Selon les indiscrétions parues dans la presse turque, l'actuel chef des services de renseignement (MIT) Hakan Fidan pourrait prendre la tête de la diplomatie et les ministres en charge de l'Economie et des Finances devraient garder leurs portefeuilles, afin de rassurer les marchés financiers.

bur-pa/gg

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