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Mostra de Venise: "The look of silence", poignant documentaire déjà donné favori

Mostra de Venise: "The look of silence", poignant documentaire déjà donné favori

Un documentaire poignant sur la sanglante épuration anticommuniste de 1965 en Indonésie, au programme jeudi de la 71e Mostra de Venise, est déjà donné favori dans la course au Lion d'or, qui sera décerné le 6 septembre.

"The look of silence", de l'Américain Joshua Oppenheimer, sera projeté au public jeudi soir, mais il a déjà fait forte impression auprès des professionnels qui ont pu le voir dès mercredi. A tel point que l'on a pu entendre quelques "Leone ! Leone !" (en référence au Lion d'or) à l'issue de la séance qui leur était réservée.

Après "The Act of Killing", qui avait permis à Joshua Oppenheimer d'accéder à une notoriété mondiale en 2012 (primé à Berlin et Toronto, nommé aux Oscars), le cinéaste revient sur le mouvement du 30 septembre 1965 en Indonésie et sur les massacres qui causèrent la mort de plusieurs centaines de milliers de militants communistes, d'opposants politiques et de membres des minorités ethniques.

Quand "The Act of Killing" était consacré aux bourreaux, aux escadrons de la mort qui ont perpétré les massacres et à la façon dont ils se sont maintenus au pouvoir jusqu'à aujourd'hui, "The look of silence", comme un second chapitre, raconte l'histoire vue par les victimes.

Le réalisateur a choisi de suivre une famille rescapée et plus particulièrement le dernier né, Adi Rukun, âgé de 44 ans au moment du tournage et qui décide d'enquêter sur la mort de son frère aîné, mort en 1965, soit trois ans avant sa naissance.

Au fil de ses rencontres, Adi apprend de la bouche même de ceux qui l'on tué la barbarie dont son frère a été victime.

Les face à face sont poignants et les silences lourds de sens entre Adi et les tortionnaires d'hier, devenus de vieux notables car ils ont su tirer profit de leurs exactions, couvertes par les militaires à l'époque des faits.

Si Adi reste digne face à leurs terribles aveux, allant même parfois jusqu'à pardonner, eux réagissent avec colère ou en le menaçant.

"Je voulais qu'ils reconnaissent ce qu'ils ont fait et aussi leur faire comprendre qu'ils se trompaient", a expliqué, jeudi, Adi Rukun en conférence de presse.

Conscient du risque que lui faisait courir sa démarche, il a caché son identité à ses interlocuteurs pour protéger sa famille contre d'éventuelles représailles, toujours possibles cinquante ans après.

Du reste, le nombre incalculable "d'anonymes" défilant au générique de fin en dit long sur ce point.

"L'équipe qui m'a aidé à réaliser le film doit rester anonyme, il y a des menaces politiques qui pèsent sur elle", a affirmé Joshua Oppenheimer qui dit avoir voulu plonger le spectateur dans "le silence qui suit l'atrocité, surtout quand justice n'est pas faite".

La cruauté n'est jamais montrée et les supplices toujours suggérés dans le film qui, au-delà de son ambition historique, aborde le thème universel du rapport entre les survivants et les assassins de leurs parents en l'absence d'un processus de vérité et de réconciliation.

"Si on ne peut pas réparer le mal qui a été fait, le film peut en revanche être utile à mes enfants et à ceux qui viendront après", a dit Adi Rukun, émouvant de sincérité dans le film.

fio/jlv/gbh

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