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Les enfants de Gaza font le deuil de leur rentrée scolaire

Les enfants de Gaza font le deuil de leur rentrée scolaire

En guise de rentrée des classes, des enfants de Gaza se sont alignés dimanche dans leurs écoles où ce qu'il en reste et ont entonné l'hymne palestinien. Mais le coeur n'y était pas, pas plus que les cahiers ni les crayons car, à cause de la guerre, la rentrée attendra.

Le seul appel de cette rentrée était celui des morts. Les enfants de Gaza ont récité la Fatiha, la première sourate du Coran, pour honorer la mémoire des plus 2.100 Palestiniens tués depuis le début de l'offensive israélienne, le 8 juillet.

Dans cette école de l'ONU située dans le camp de réfugiés de Chati, les enfants ont ensuite rejoint leur salles de classes, qui leur tient lieu de refuge, jour et nuit, parfois depuis des semaines.

Les écoles gérées à l'année par l'ONU abritent désormais dans des conditions très précaires près de 300.000 réfugiés qui ont fui les combats ou perdu leurs maisons dans un bombardement. La moitié d'entre eux sont des enfants.

"Je ne veux pas vivre dans une école, je veux y apprendre et ensuite rentrer chez moi", explique Amin al-Kilani, un garçon de 11 ans, dont la famille a quitté sa maison de Beit Hanoun (dans le nord de la bande de Gaza), un secteur pilonné en juillet.

Près d'un demi-million d'enfants de Gaza seront comme lui privés de rentrée des classes cette année, selon l'UNICEF, le fond des Nations unies pour l'enfance.

"L'école ne reprendra pas dans l'enclave palestinienne touchée par le conflit, privant environ 500.000 enfants de leur droit à l'éducation", a déploré l'UNICEF dans un communiqué.

Sous le regard attendri des parents n'hésitant pas à dégainer leur smartphone pour filmer, une petite fille habillée de sa plus belle robe récite un poème avant de céder la place à un petit garçon qui entame lui une chanson en arabe popularisée par la star de Gaza, Mohammed Assaf, le gagnant du télé-crochet "Arab Idol".

Mais les applaudissements sont timides, et le spectacle n'a rien de joyeux, tant la déception des enfants de ne pas reprendre l'école, est grande.

"J'avais tellement hâte que l'école reprenne pour pouvoir préparer mon tawjihi", le baccalauréat palestinien, confie Wojoud Zayeda, une adolescente de 17 ans.

"Cette année est différente des autres. Une de mes amies a été blessée par une frappe près de sa maison. J'en ai marre, je veux juste reprendre mes études", poursuit la jeune fille.

Une mère de famille de 48 ans, Hanan Matar, a trouvé refuge dans cette école de l'ONU avec ses neuf enfants.

"Ils sont privés de tout, même de leur droit d'apprendre", soupire Hanan Matar.

Dans les salles de classes, chaque famille tente de se bricoler un coin d'intimité, avec des matelas et des tissus tendus de part et d'autre. On y cuisine, on y dort, on s'y lave, mais dans ces classes on n'étudie plus.

"L'école est un besoin vital pour ces enfants traumatisés, un élément clé de leur guérison", ont déclaré dans un communiqué commun l'UNICEF, l'UNESCO et l'organisation pour la protection de l'enfance Save the Children.

Un quart des quelques 1.8 million de Palestiniens de Gaza n'ont plus de toit à cause de la guerre.

Plus de 480 enfants ont été tués au cours de la guerre, disent les humanitaires.

Au moins 219 écoles ont été endommagées, certaines si durement qu'elles ne sont plus utilisables, disent-ils, alors même qu'avant la guerre il manquait déjà 200 écoles dans un territoire surpeuplé et très jeune.

"En cette journée, les enfants devraient être à l'école pour apprendre, et non essayer de survivre", disent David et Paulette Hassell, responsables de Save The Children.

L'école devra attendre pour reprendre au moins deux ou trois semaines après l'instauration d'un cessez-le-feu durable, estiment les humanitaires. Or cette perspective paraît pour le moment bien lointaine.

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