Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

ن ou le «noun» sur Twitter : qui se cache derrière ce symbole de solidarité pour les Chrétiens d'Irak?

Qui se cache derrière le «noun», ce symbole de soutien aux Chrétiens d'Irak?
Twitter

RÉSEAUX SOCIAUX - En demandant sur Twitter ce que signifie le drôle de “U” surmonté d’un point que l’on retrouve sur les comptes de “patriotes”, Benjamin Biolay ne s’attendait sûrement pas à déclencher une polémique et à finir dans Le Figaro.

Le 19 août dernier, le chanteur s’est interrogé sur un symbole qui fleurit depuis un mois sur le réseau social.

Ce dont parle Benjamin Biolay c’est en fait ن, la lettre “N” de l’alphabet arabe (le "noun”) qui signifie "Nazaréens", le terme utilisé pour désigner les chrétiens dans le Coran.

C’est ce signe qu’a choisi l’Etat islamique pour marquer les maisons des chrétiens persécutés à Mossoul, en Irak. Mais ce symbole de stigmatisation est devenu un signe de solidarité sur les réseaux sociaux depuis qu’une étudiante de Science Po Paris a eu l'idée de l'utiliser pour montrer son soutien aux chrétiens d'Irak.

L’initiative de cette catholique de droite investie dans les mouvements de défense des chrétiens d’Orient comme l’explique L’Express, est reprise par le député socialiste Yann Galut qu’elle connaît, puis le sénateur UMP Bruno Retailleau, le blogueur @koztoujours, des journalistes du Figaro ou encore l’avocat star du Web Maître Eolas.

Des initiatives de solidarité similaires sont lancées en Espagne, aux Etats-Unis ou au Liban, toujours en utilisant la lettre “N”.

Un symbole de solidarité récupéré ?

Mais ça n’est pas en s’interrogeant seulement sur le sens de ce symbole que Benjamin Biolay s’est attiré les foudres de nombreux internautes ces derniers jours.

C’est en faisant le lien avec les “patriotes” et “l’islamophobie” dans un second tweet énervé que Benjamin Biolay a reçu des dizaines de messages insultants.

S’il est impossible de prouver le caractère islamophobe de l’engagement de certains porteurs du “noun”, difficile de donner tort à Benjamin Biolay sur les “patriotes”.

Le mouvement de soutien aux Chrétiens d'Irak a d'abord été porté par les catholiques de France et la droite catholique avant de dépasser ce cercle. Nombreux sont donc les catholiques français à porter le "noun" sur Twitter. Et il en va de même pour la droite.

Yann Galut est ainsi la seule personnalité socialiste à porter ce symbole sur son compte aujourd’hui. Le “noun” est bien plus présent sur les comptes de personnalités de l’UMP, de Rachida Dati, au couple Balkany en passant par Eric Ciotti, et Charles Beigbeder. Le symbole apparaît d’ailleurs sur le compte officiel du parti.

Le "noun" se retrouve aussi fréquemment sur des comptes liés à la Manif pour tous. Mais aussi à d'autres mouvements anti-mariage gay plus extrêmes, catholiques intégristes ou identitaires.

Le noun apparaît par exemple sur le compte Twitter de Christine Boutin, celui de l’éditorialiste ultra-conservateur Yvan Rioufol ou celui de Damien Rieu, porte-parole de Génération identitaire.

En listant les comptes Twitter français affichant le caractère ن, difficile de ne pas remarquer la supériorité numérique des membres des différents collectifs anti-mariage gay et catholiques traditionalistes (LMPT, Veilleurs, Sentinelles), des anti-Hollande (#HollandeDemission) et des identitaires, auxquels Benjamin Biolay semble faire référence en utilisant le terme "patriotes".

La plupart des profils d’anonymes portant le "noun" ne sont pas sans rappeler les participants au Jour de colère de ce début d’année 2014.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.