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Lucien Bouchard considère l'idée que la souveraineté pourrait être le projet d'une génération

Lucien Bouchard considère l'idée que la souveraineté pourrait être le projet d'une génération
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« Parizeau est un homme d'honneur », a souligné avec insistance l'ancien premier ministre péquiste Lucien Bouchard.

En entrevue à 24/60, l'ancien chef du Bloc québécois a rejeté vendredi soir la thèse défendue par Chantale Hébert dans son livre à paraître, Confessions post-référendaires, selon laquelle le premier ministre Jacques Parizeau, n'aurait pas négocié de bonne foi un partenariat avec Ottawa, advenant une victoire du oui au référendum de 1995.

Ce partenariat avait été posé comme condition nécessaire par Lucien Bouchard pour sa participation au camp du oui, et c'était d'ailleurs lui qui devait mener les négociations avec Ottawa en cas de victoire souverainiste. La question référendaire de 1995 mettait l'accent sur cette notion de partenariat :

« Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente signée le 12 juin 1995? »

Aujourd'hui, en entrevue avec Anne-Marie Dussault, M. Bouchard a refusé de croire que M. Parizeau aurait pu abandonner cet aspect du projet souverainiste. « Premièrement, j'ai le plus grand respect pour M.Parizeau. Deuxièmement, ce qui est écrit dans ce livre-là, ce n'est pas la réalité », a-t-il déclaré.

Le soir du référendum, M. Parizeau avait déjà enregistré son discours de victoire dans lequel il s'engageait à de telles négociations, rappelle-t-il. « Mettons que la souveraineté avait gagné à 52 %, M. Parizeau disait au peuple du Québec : ''M. Bouchard est disponible pour commencer très rapidement les négociations et rencontrer ses vis-à-vis à Ottawa''. Il dit ça dans son discours. Puis ensuite, il dit : ''nous avons pris l'engagement dans une loi de l'Assemblée nationale de proposer et de négocier un partenariat. Ce partenariat était défini très clairement parce qu'il était incorporé à la loi 1''. »

« M. Parizeau était un homme d'honneur, c'était un homme d'État. Il ne pouvait pas violer des règles de droits qui avaient été adoptées par l'Assemblée nationale. Il fallait qu'il négocie un partenariat et il fallait qu'il le fasse de bonne foi. » — Lucien Bouchard

Il est vrai que Jacques Parizeau ne voulait pas de partenariat, reconnaît Lucien Bouchard. « Mais il a signé. Il a pris des engagements durant le référendum. »

« Il est inconcevable que M. Parizeau n'eût pas respecté ses engagements de premier ministre », a-t-il conclu.

La souveraineté, l'idée d'une génération?

La souveraineté était-t-elle seulement l'idée d'une génération? « Ça se pourrait », a répondu l'ancien premier ministre péquiste Lucien Bouchard, en entrevue à 24/60 ce soir, dans la foulée de la sortie du documentaire Nation, huis clos avec Lucien Bouchard.

Cela ne signifie pas que la souveraineté ne peut pas se muter en autre chose auprès des jeunes, croit M. Bouchard. « Il y a plusieurs moyens pour arriver à des résultats, dans une démocratie », dit-il.

« Il y a des idées nouvelles qui vont devoir se rebrasser. C'est sûr que le Québec ne va pas rester stationnaire. » — Lucien Bouchard

Le statu quo constitutionnel, d'ailleurs, est toujours inacceptable, selon lui. « Peut-être que les gens pensent, au niveau fédéraliste, que c'est réglé maintenant. Ce n'est pas réglé, insiste-t-il. Ce n'est pas réglé ».

« Moi, je suis quelqu'un qui a fait le combat de la souveraineté et qui souhaitait gagner, et qui a fait tout en son pouvoir, dans une démocratie, pour gagner. Maintenant, on a perdu parce que la population a décidé que "non", et depuis qu'elle a dit non, c'est de plus en plus "non". »

Un documentaire qui fait réagir

En 1996, rappelle le documentaire, Lucien Bouchard vient de succéder à Jacques Parizeau comme premier ministre du Québec et résiste aux pressions des membres du PQ pour mener un troisième référendum.

« Je le savais qu'on les perdrait, les référendums, si on en faisait d'autres. Je le savais, c'était clair et net », raconte-t-il dans le documentaire de Carl Leblanc.

« L'échec du référendum, on dira tout ce qu'on voudra, ça a cassé un ressort. Je pense qu'il est encore cassé aujourd'hui. » — Lucien Bouchard

« C'est parce qu'on s'est dit non en 1995, que quelque part, quelque part, on le regrette, et on n'est pas fiers de nous autres », dit encore l'ex-chef du Bloc québécois.

En marge d'un visionnement de presse du documentaire, mercredi, l'ex-premier ministre du Québec a rappelé que le Bloc ne devait pas durer lorsqu'il l'a fondé. Il a affirmé que l'élection massive de députés bloquistes, au fil des ans, avait miné le nombre de députés québécois au sein du gouvernement fédéral.

Ses propos se sont attirés les critiques de l'actuel chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, qui a déploré son défaitisme. Et de son côté, son ancien conseiller et actuel député péquiste, Jean-François Lisée, estime qu'il se trompe au sujet du « ressort cassé » de l'indépendantisme.

Le documentaire Nation, huis clos avec Lucien Bouchard, de Carl Leblanc, sera présenté le 25 août à 21 h sur les ondes de Télé-Québec.

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