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Douze marins turcs immobilisés sans salaire et sans nourriture dans le port de Sorel

Douze marins turcs sans salaire et sans nourriture sur le Saint-Laurent
Thomas Gerbet - Radio-Canada.ca

Douze marins turcs immobilisés sur leur cargo dans le port de Sorel lancent un cri d'alarme. Ils n'ont pas été payés depuis bientôt deux mois et leur stock de nourriture est épuisé. Ils n'ont pas les moyens de rentrer dans leur pays et le propriétaire du navire ne leur donne aucune nouvelle.

« Ils étaient affamés », témoigne Vincent Giannopoulos, inspecteur pour la Fédération internationale des ouvriers du transport. Lors de sa plus récente visite sur le Phoenix Sun mercredi, il leur a apporté des vivres. Les marins n'ont pas reçu de salaire en juillet et attendent encore celui d'août. Ils sont payés entre 500 $ et 800 $ par mois.

« Imagine, tu es pris dans un pays étranger, tu n'as pas de salaire, pas d'argent pour te payer un billet d'avion pour rentrer dans ton pays et la nourriture commence à manquer », déplore l'inspecteur. « J'admire la persévérance dont ils font preuve dans une situation aussi éprouvante ».

Les marins turcs ont été engagés au printemps. Ils sont partis de la Turquie pour venir spécifiquement réparer le vraquier de 186 mètres afin qu'il soit autorisé à repartir pour être démantelé outre-Atlantique. Le navire est accosté au port de Sorel depuis deux ans. Alerté de la situation au mois de juillet, le Syndicat international des marins du Canada a récolté des dons pour leur venir en aide.

« Souvent les marins ont peur de faire des plaintes contre les propriétaires. S'ils l'ont fait, ça veut dire qu'ils étaient vraiment désespérés »

— Vincent Giannopoulos, inspecteur pour la Fédération internationale des ouvriers du transport

Le Phoenix Sun appartiendrait à plusieurs compagnies à numéro, dont un entrepreneur d'origine turque établi à Toronto. Il n'était pas joignable au moment d'écrire ces lignes. Son cargo bat pavillon panaméen. C'est ce qu'on appelle un pavillon de complaisance. Il s'agit plus précisément du pavillon d'un navire pour lequel la propriété réelle et le contrôle se situent dans un pays autre que celui du pavillon sous lequel il est immatriculé. Les propriétaires peuvent ainsi profiter de droits d'enregistrement peu élevés, de taxes et d'impôts moins lourds, et de moins contrôles, en plus de pouvoir contourner certains droits du travail.

Dans un communiqué, le président du Syndicat international des marins du Canada, James Given, écrit : « Nos frères marins de Turquie sont venus travailler sur le navire sous pavillon de complaisance pour gagner leur vie. Qu'ils soient sans nourriture est cruel et dépasse l'entendement ».

La Ville de Sorel-Tracy réagit à notre reportage

Quelques minutes après la diffusion de notre reportage, le maire de Sorel-Tracy, Serge Peloquin, a annoncé que la municipalité prendra en charge les marins. Des organismes communautaires leur offriront des repas et des services, notamment des douches. La Ville ignorait que des marins vivaient à bord du cargo qui fait maintenant partie du paysage, au grand dam des résidents alentour. Le propriétaire du bateau doit 48 000 $ à la municipalité, notamment pour les frais de stationnement au quai. La Ville pense que le cargo finira certainement par être vendu aux enchères.

Plus de détails à venir

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