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Un quotidien français refuse de publier l'avis de décès d'une militante pro-euthanasie

Un quotidien français refuse de publier l'avis de décès d'une militante pro-euthanasie

Ouest-France, premier quotidien français, a refusé de publier tel quel l'avis de décès d'une dirigeante d'association pro-euthanasie, qui mentionnait la "contrainte de s'exiler en Suisse, pays humaniste", au motif que la rubrique obsèques n'est pas une "page de débats".

Le texte reçu par Ouest-France, quotidien régional de tradition démocrate-chrétienne, faisait part du décès de Nicole Boucheton, "vice-présidente de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), à l'âge de 64 ans, contrainte de s'exiler en Suisse, pays humaniste, pour y mourir selon sa volonté le 7 août 2014".

Atteinte d'un cancer en phase terminale, Mme Boucheton, domiciliée dans l'ouest de la France, a eu recours en Suisse au suicide assisté, pratique qui n'est pas autorisée par la législation française.

La rubrique obsèques n'est "pas une page dans laquelle on ouvre des débats, on règle des comptes" mais "un espace neutre", a justifié François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef à Ouest-France, contacté par l'AFP.

Dimanche, le président de l'ADMD, Jean-Luc Romero, par ailleurs élu socialiste en région parisienne, avait qualifié sur les réseaux sociaux le refus de Ouest-France de "discrimination".

"Dire que Ouest-France n'a pas passé l'avis d'obsèques" parce que Mme Boucheton "a choisi de mourir, c'est grotesque. Ca n'a rien à voir avec le fait que la famille annonce une mort volontaire en Suisse", a réagi lundi M. Lefranc, précisant que Ouest-France avait proposé une autre formule, "décédée en Suisse selon sa volonté", mais que la famille de Mme Boucheton l'avait refusée.

"On a donné la parole" à Mme Boucheton, en publiant samedi un article citant des extraits de son texte posthume, a rappelé M. Lefranc. "Il y a des endroits dans le journal pour le débat, les points de vue. Ouest-France ne milite pas pour l'euthanasie mais est ouvert au débat et donne la parole à des opinions contradictoires", a-t-il assuré.

D'après les chiffres de Dignitas, une des principales associations suisses d'assistance au suicide, 1.701 personnes ont été "accompagnées" entre 1998 et 2013, parmi lesquelles 159 Français (10,63%).

En France, la loi Leonetti, adoptée en 2005, encadre les conditions de fin de vie et interdit l'acharnement dans la poursuite des soins, le plus souvent pour des personnes en fin de vie ou souffrant de maladies graves et incurables. Mais elle ne permet ni l'euthanasie - qui désigne l'acte d'un tiers pour donner la mort - ni le suicide assisté.

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