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Les petits actionnaires de Banco Espirito Santo se rebiffent

Les petits actionnaires de Banco Espirito Santo se rebiffent

Les petits actionnaires de la banque portugaise Espirito Santo (BES) trinquent, mais n'ont pas dit leur dernier mot: mis à contribution dans le plan de sauvetage de la banque dont ils ne gardent que les actifs toxiques, ils se disent prêts à faire appel aux tribunaux.

Pour sauver BES de la faillite, les autorités portugaises ont décidé, le 3 août, de créer une nouvelle banque, baptisée Novo Banco, rassemblant les actifs sains de BES mais excluant les actionnaires.

C'est une "violation du droit fondamental de la propriété", s'insurge l'Association des investisseurs du marché de capitaux, qui défend les intérêts des petits porteurs.

Ces actionnaires se sentent floués par le gouvernement portugais et la Banque du Portugal, qui avaient affirmé jusqu'au bout leur confiance dans la solidité de BES.

"Beaucoup avaient participé à la récente augmentation de capital" de la banque en se basant sur "les informations apportées par ces institutions, qui bénéficient d'une forte crédibilité", ajoute l'association. La banque avait levé avec succès, le 11 juin, 1,04 milliard d'euros.

"Les gros et les petits actionnaires ne devraient pas être mis sur un pied d'égalité", estime Bruno Gouveia, qui a perdu environ 30.000 euros après avoir participé à cette augmentation de capital.

"Nous avons servi de cobayes" pour les nouvelles règles européennes, regrette-t-il. Ces mesures, qui concernent les aides publiques au secteur bancaire, prévoient que les actionnaires et les créanciers non prioritaires sont les premiers à mettre la main à la poche.

Le sauvetage de BES s'est fait "sans considération pour les petits actionnaires", se plaint un autre investisseur qui souhaite conserver l'anonymat. Il avait acheté 20.000 euros d'actions de la deuxième banque du pays, comme "placement pour mes économies", explique-t-il à l'AFP.

"Il y a des gens qui devraient être en prison. C'était une arnaque", s'emporte-t-il.

Les petits porteurs demandent une indemnisation à l'Etat portugais dans une pétition lancée par leur association qui a dépassé, jeudi, les 4.000 signataires et qui doit être déposée au Parlement dans les prochains jours.

Une indemnisation "coûterait moins cher que la perte de confiance des investisseurs dans le système financier", affirme à l'AFP son président Octavio Viana.

BES comptait quelque 30.000 actionnaires dont près de la moitié sont des petits porteurs qui disposent, selon M. Viana, d'un portefeuille d'actions moyen oscillant entre 8.000 et 10.000 euros.

Sa pétition suggère également des alternatives au paiement d'une indemnité, et propose par exemple une entrée des petits actionnaires de BES au capital de Novo Banco à des conditions préférentielles.

L'association affirme ne pas envisager "pour l'instant" un recours en justice, sans pour autant l'exclure totalement, notamment pour demander l'annulation de la dernière augmentation de capital de BES.

Pourtant, certains actionnaires préparent déjà une riposte devant les tribunaux. "J'ai contacté un avocat, avec qui j'étudie les recours possibles", explique l'un d'entre eux, José Silva.

Cet investisseur, qui a placé près de 400.000 euros en actions de BES depuis début juillet, accuse la Banque du Portugal et les autorités boursières d'avoir diffusé des "informations erronées". Il tempête: "c'est ça qui m'a poussé à investir, je ne vais pas rester les bras croisés".

L'avocat Miguel Reis prépare quant à lui une action pour plusieurs petits investisseurs de BES. Lui non plus ne mâche pas ses mots: le sauvetage de Banco Espirito Santo "est complètement totalitaire, une véritable opération de confiscation".

Un autre groupe de 30 actionnaires de BES a annoncé mercredi son intention d'intenter une action contre le gouvernement et la Banque du Portugal. L'un d'eux, Eduardo Correia de Azevedo, reconnaît toutefois que "ce sera un combat de David contre Goliath".

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