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A Berwick, ville-frontière, le référendum écossais inquiète

A Berwick, ville-frontière, le référendum écossais inquiète

Berwick-upon-Tweed, la ville la plus au nord de l'Angleterre, attend avec impuissance et une certaine inquiétude le référendum sur l'indépendance du 18 septembre en Ecosse dont la "frontière" est éloignée de quatre kilomètres seulement.

"Prendre son passeport tous les jours en espérant qu'il y ait suffisamment de pages pour accueillir tous les tampons: ça fait longtemps qu'on se fait cette blague entre nous. Et si elle devenait réalité?", s'interroge Isabel Hunter, maire libérale-démocrate de cette charmante ville côtière de 13.000 habitants, nichée au nord-est de l'Angleterre.

Mme Hunter, qui dirige une petite entreprise de transport, est en faveur du maintien de l'Ecosse au sein du Royaume-Uni. Et accueille donc avec une pointe de soulagement les sondages qui, à un mois du verdict, donnent une avance de plus de dix points au camp du "non" à l'indépendance.

Mais elle ne cache pas une légère inquiétude et aussi son impuissance, puisque seuls les résidents écossais -- y compris ceux venant d'un autre pays de l'Union européenne ou du Commonwealth -- ont le droit de voter au référendum.

"On en est réduit à attendre ce que les +Ecossais+ vont décider", soupire-t-elle.

L'inquiétude de l'élue -- partagée par la plupart de ses concitoyens, assure-t-elle -- vient peut-être de l'histoire mouvementée de sa ville, au coeur du conflit entre Anglais et Ecossais au Moyen Age.

Au total, Berwick-upon-Tweed a changé de mains à treize reprises avant de devenir définitivement anglaise en 1482, et les murs encerclant la cité portent encore les traces de ces tiraillements.

Depuis, la ville, située à plus de 500 kilomètres de Londres et à seulement 90 d'Edimbourg, cultive une identité profondément hybride.

On y parle avec un accent écossais mélangé à des tonalités du nord de l'Angleterre. Et le club de football local, les Berwick Rangers, joue en troisième division écossaise et non en Angleterre.

En fait, les habitants se sentent "de Berwick avant tout", souligne Phil Johnson, rédacteur en chef des deux journaux locaux: le Berwick Advertiser qui couvre le côté anglais de la frontière et le Berwickshire News qui traite le côté écossais.

"Il y a tellement de personnes dans la ville qui ont de la famille ou leur travail de l'autre côté de la frontière", ajoute-t-il. "Et cela depuis des générations."

"C'est exactement pourquoi ils ne conçoivent pas l'idée d'une frontière entre les deux", insiste Isabel Hunter.

Lorsqu'on quitte l'Angleterre, au nord de la ville, on aperçoit certes un panneau "Bienvenue en Ecosse". Mais il n'existe aucun contrôle formel susceptible de freiner la libre circulation des personnes.

"J'ai visité plusieurs villes de l'autre côté et je n'ai rien trouvé de différent", explique Laura Jerdan, une vendeuse de 27 ans.

Kevin Strachan, 23 ans, habite à Chirnside, côté écossais. Lui aussi se rend tous les jours en Angleterre, où il travaille dans un magasin d'articles de sport. "Nous dépendons beaucoup de l'Angleterre. Il n'y a pas de boulot là où je vis, dit-il. Je ne pense pas que l'indépendance soit une bonne idée."

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