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Un conservateur prorusse à la tête de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine en plein conflit séparatiste

Un conservateur prorusse à la tête de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine en plein conflit séparatiste

Un conservateur ouvertement prorusse Onoufriï a été élu mercredi nouveau dirigeant de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine subordonnée au Patriarcat de Moscou qui devra la positionner face au séparatisme dans l'Est et la montée des sentiments antirusses dans le reste du pays.

Âgé de 69 ans, le métropolite de Tchernivtsi et Boukovina "Onoufriï a été élu", a indiqué une porte-parole de l'Eglise Janna Chevtchenko après que les cloches de la Laure Kievo-Petcherska, célèbre monastère du XIè siècle dans le centre de Kiev, ont sonné pour annoncer son élection après la mort en juillet de son prédécesseur Volodymyr.

Ce conservateur tourné vers la vie spirituelle plutôt que la gestion de ressources humaines et matérielles qui s'oppose à l'intégration de l'Ukraine à l'Union européenne a devancé Antoniï, 46 ans, métropolite de Brovary, plus moderne et libéral, et Siméon, métropolite de Vinnitsa, 51 ans, considéré comme un proche du président Petro Porochenko et soutenant les soldats ukrainiens qui luttent contre les séparatistes dans l'Est.

Première communauté religieuse du pays, revendiquant onze mille paroisses, loin devant le patriarcat orthodoxe de Kiev créé en 1992 après l'indépendance de l'Ukraine, cette Eglise dépend du patriarcat de Moscou et entretient des liens étroits avec la Russie.

Contrairement à son prédécesseur Mgr Volodymyr, qui avait réussi à suivre une voie médiane, sans s'aligner complètement sur le Patriarcat de Moscou, traditionnellement proche du pouvoir russe, le nouveau chef de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine, subordonnée au Patriarcat de Moscou, est davantage tourné vers la Russie.

"Ses prises de position ont toujours été ouvertement pro-Moscou, c'est un représentant avéré de l'idéologie du +monde russe+. Il ne s'est jamais clairement exprimé sur le conflit dans l'Est", souligne Taras Antochevski, directeur du Service d'information sur les religions, un organisme indépendant.

Après le "libéralisme" de Volodymyr qui a dirigé l'Eglise pendant 22 ans, Onoufriï "va préserver la tradition. On sait qu'il considère la grande famine (des années 1930) comme la punition des Ukrainiens pour leurs péchés et il n'a pas condamné l'agression russe", ajoute Lioudmila Fylypovytch, vice-présidente de l'association ukrainienne des chercheurs spécialistes des questions religieuses.

Dans un message adressé mercredi à l'épiscopat, le président ukrainien a pourtant souligné l'importance du "potentiel patriotique et le "rôle de consolidation" de l'Eglise alors que Kiev est engagé depuis quatre mois dans des combats meurtriers avec les insurgés prorusses ouvertement soutenus par certains dignitaires de cette Eglise.

L'élection se déroule "pendant la période la plus difficile de l'histoire de l'Ukraine, le sang coule, nous souffrons de l'agression extérieure" russe, a souligné M. Porochenko.

Onoufriï devra se déterminer par rapport au séparatisme prorusse, ouvertement appuyé dans l'Est par bon nombre de prêtres de son Eglise et faire face à la fronde antirusse de certains prêtres, et de nombre de paroissiens après l'annexion en mars de la Crimée et le conflit dans l'Est.

"S'il défend ouvertement les positions de Moscou, cela ne passera pas et il y a un risque de fuite massive de prêtres vers le Patriarcat de Kiev. Il va chercher à préserver l'équilibre", souligne Mme Fylypovytch.

Devant l'entrée à la Laure, une dizaine de nationalistes ont manifesté en brandissant des affiches antirusses sur lesquelles on pouvait lire "Interdire l'Eglise du Patriarcat de Moscou en tant qu'organisation terroriste", "A bas le pope de Moscou" ou encore "les Ukrainiens sont contre l'occupation spirituelle".

Le choix du métropolite doit recevoir la bénédiction du patriarche de Moscou, Kirill.

Auparavant très actif en Ukraine, il a gardé ces derniers mois un profil bas et avait choisi de ne pas assister aux obsèques solennelles du métropolite Volodymyr "pour éviter des provocations".

"L'élection du métropolite de Kiev est une affaire intérieure de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine", a souligné mercredi le métropolite Illarion, responsable des affaires étrangères du Patriarcat de Moscou.

L'enjeu est pourtant de taille, 43% des paroisses de l'Eglise orthodoxe russe se trouvant en Ukraine.

neo/pop/sym

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