Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Irak: mobilisation internationale pour les milliers de déplacés

Irak: mobilisation internationale pour les milliers de déplacés

Des milliers de personnes déplacées par les violences dans le nord de l'Irak affluaient mercredi dans la région du Kurdistan, les Occidentaux se mobilisant pour freiner l'avancée des jihadistes en acheminant des armes aux combattants kurdes.

Dans ce contexte de crise, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, furieux de la nomination d'un successeur, est revenu à la charge en affirmant qu'il ne quitterait pas le pouvoir avant une décision de la Cour fédérale, qu'il a saisie.

Dans le nord de l'Irak, les Etats-Unis ont poursuivi leurs raids aériens contre les positions des jihadistes de l'Etat islamique (EI) dans la région des monts Sinjar, où de 20.000 à 30.000 personnes, en majorité de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, sont bloquées sans eau, sans nourriture et sans abri, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Des milliers d'autres, la plupart totalement démunies, continuaient d'affluer dans la journée à Dohuk, dans la région autonome relativement calme du Kurdistan après avoir fui via la Syrie, les femmes portant leurs enfants exténués et en pleurs. Mardi, ils étaient évalués à quelque 35.000 par le HCR.

L'un d'eux, Mahmoud Bakr, 45 ans, raconte avoir laissé son père avec de nombreux déplacés dans les montagnes. "La plupart sont des vieillards, ils ne peuvent pas marcher sur une telle distance".

Pour l'experte de l'ONU sur la question des minorités, Rita Izsak, une action internationale urgente s'impose pour empêcher un "génocide potentiel".

Dans le camp de Bajid Kandala au Kurdistan, qui accueille des milliers de Yazidis, des dizaines de jeunes hommes et d'enfants ont réclamé plus d'aide, comme Nasser, 30 ans: "Nous n'avons pas de pain, très peu d'eau".

Des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes par l'offensive fulgurante de l'EI qui s'est emparé depuis le 9 juin de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad, sans véritable résistance des forces armées irakiennes.

Depuis une dizaine de jours, les jihadistes ont avancé vers le Kurdistan chassant des dizaines de milliers de membres des minorités chrétienne et Yazidi de leurs villes, à Sinjar et Qaraqosh notamment, tombées aux mains de l'EI. Les forces kurdes dépassées tentaient non sans grande peine de les freiner.

"Nous allons faire une évaluation rapide et critique car il est urgent d'essayer de faire sortir ces gens des montagnes" de Sinjar, a dit le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Washington a envoyé 130 conseillers militaires supplémentaires, arrivés mardi à Erbil, la capitale du Kurdistan, pour évaluer "plus en profondeur" les besoins des Yazidis. Quelque 300 conseillers sont déjà sur le terrain pour épauler le gouvernement dans sa lutte contre l'EI.

Des largages humanitaires américain et britannique ont été effectués ces derniers jours sur les montagnes de Sinjar, Paris a envoyé de l'aide et l'Australie va participer aux largages.

L'Allemagne quant à elle envisage la fourniture de moyens militaires non létaux aux autorités régionales kurdes.

Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré que le Royaume-Uni "contribuerait" au sauvetage des Yazidis, sans toutefois donner de détails sur la nature des nouvelles actions envisagées.

Outre l'aide humanitaire, les Occidentaux ont décidé d'envoyer des armes aux forces kurdes. Après les Etats-Unis, la France a annoncé qu'elle leur livrerait des armes "dans les heures qui viennent", et Londres a dit qu'elle acheminerait celles de pays tiers.

L'Union européenne a décidé, elle, d'une réunion d'urgence à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères vendredi.

Impliqués pour la première fois militairement en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, les Etats-Unis mènent depuis vendredi des frappes sur les positions des jihadistes, accusés de persécuter les minorités, de mener des exécutions sommaires et des viols.

Le pape François a d'ailleurs demandé à l'ONU de "tout faire" pour mettre un terme aux violences contre les minorités religieuses.

Sur le plan politique, le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi, qui a obtenu un soutien international massif, s'employait à former un gouvernement d'union appelé à rassembler toutes les forces politiques dans un pays miné par les divisions. Il a jusqu'au 9 ou 10 septembre pour le faire.

Mais M. Maliki, même s'il a été lâché par ses alliés iranien et américain et des membres de son bloc chiite, a affirmé lors d'une allocution télévisée qu'"il ne sera(it) pas remplacé sans décision de la cour fédérale".

Il ne cesse de répéter qu'il a la légitimité pour un 3e mandat, après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives d'avril. Mais ses détracteurs comme ses ex-alliés imputent le chaos dans le pays à sa politique d'exclusion des sunnites et son autoritarisme pendant ses huit années au pouvoir.

C'est cette marginalisation de la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite qui a favorisé selon eux l'offensive des jihadistes sunnites.

La Maison Blanche l'a appelé à céder la place pour permettre à son successeur de "rassembler le pays", alors que l'Organisation de la coopération islamique (OCI) s'est félicitée de la nomination d'un nouveau Premier ministre.

bur-jmm-tp/vl

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.