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Les brasseurs de quartier redonnent des couleurs à la bière berlinoise

Les brasseurs de quartier redonnent des couleurs à la bière berlinoise

Breuvage allemand par excellence, la bière voit naître de nouveaux ambassadeurs à Berlin, adeptes d'une production artisanale qui redonne des couleurs à une tradition brassicole locale qui s'uniformisait.

Il y a un siècle, Berlin en plein essor industriel, comptait pas moins de 95 brasseries. Berliner Kindl, Schultheiss, Berliner Pilsner, ces grands noms de la bière locale ornaient à l'époque les façades de superbes bâtiments de briques rouges, pour la plupart bâtis à la fin du 19e siècle.

Ceux qui ont survécu aux bombardements de la Seconde guerre mondiale décorent toujours les quartiers de la capitale de leur architecture d'inspiration néo-gothique mais le parfum du houblon y a depuis longtemps disparu.

Ils sont devenus des centres culturels où, par la grâce de leurs grands volumes, ils ont attiré architectes et designers qui y ont installé lofts et appartements de luxe.

Aujourd'hui, la bière berlinoise vient de l'usine locale du groupe Radeberger, filiale du géant de l'agroalimentaire Oetker et leader allemand du marché brassicole avec une quarantaine de marques.

Mais depuis peu, des petits producteurs refleurissent, inspirés par la mode de la "craft beer" (bière artisanale), née aux États-Unis et en plein boom en Europe.

Surnommées les "Mikrobrauereien" (micro-brasseries) ou "Kiezbrauereien" (brasseries de quartier), elles séduisent les amateurs lassés de l'uniformisation des bières industrielles.

"Le marché est vraiment vivant et ça se développe de façon virale", raconte à l'AFP Mark Hinz, 44 ans, co-organisateur de la première Fête berlinoise de la bière artisanale qui a réuni fin mai une quinzaine de producteurs, à Friedrichshain, le quartier des clubs berlinois.

"Les gens sont contents de découvrir des bières qui ont du goût, qui montrent toute la diversité de ce qu'on peut faire, par comparaison avec ce qu'on trouve en supermarché", souligne-t-il, parlant de la "scène" de la bière artisanale comme il parlerait de la scène techno berlinoise.

"Je ne voulais pas travailler dans l'industrie et je ne voulais pas quitter Berlin", raconte Wilko Bereit, 38 ans, qui a créé "Rollberg Bier" en 2009 avec son associé Nils Heins. "On ne chôme pas, c'est beaucoup de boulot", explique-t-il avec un fort accent berlinois, dans son sweat à capuche.

L'an passé, il a vendu 180.000 litres à 46 bars et restaurants de Berlin et des environs.

"A la Rollberg Brauerei, on fait vraiment de la bière de tradition allemande", se félicite-t-il. Comble du symbole: il s'est installé dans les sous-sols de l'ancienne brasserie Kindl, dans le quartier de Neukölln, redonnant au lieu son activité originelle.

"Berlin a été autrefois une incroyable mégapole de la bière, et peu à peu, c'est de nouveau le cas, souligne Mark Hinz. C'est un mouvement lent, celui de la réappropriation d'une tradition par des nouveaux brasseurs".

En majorité, cette jeune génération a fait ses classes à l'Université technique de Berlin qui propose un Master de brasserie et de technique des boissons mais la tendance attire aussi d'autres profils, comme ces trois Américains qui ont fondé la "Vagabund Brauerei".

Autodidactes, ils ont commencé à brasser pour eux-mêmes et leurs amis, animés par leur désir de retrouver le goût des bières américaines. "On a été très étonné par le choix limité ici", raconte Matt Walthall, l'un des co-fondateurs, rappelant qu'il est effectivement quasi-impossible de trouver une bière belge, française ou américaine dans un supermarché allemand.

"En ce moment, nous brassons une fois par semaine et seulement 200 litres, mais après juillet, on va se développer", affirme le trentenaire. Quant au goût de la bière Vagabund, il est essentiellement américain mais subit aussi, reconnaît Matt Walthall, l'influence allemande. "Berlin est une ville très multiculturelle, notre bière aussi d'une certaine manière", dit-il.

Grand pays de bière, l'Allemagne est le cinquième producteur mondial (94,6 millions d'hectolitres, selon des statistiques de 2012) et les Allemands sont les troisièmes plus gros buveurs, avec plus de 106 litres par personne l'an dernier, derrière la République tchèque et l'Autriche.

elr/aro/ml

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