Un militaire canadien sur six a récemment éprouvé des symptômes correspondant à divers troubles mentaux ou à des problèmes d'alcool, révèle Statistique Canada.
L'enquête a été réalisée auprès de 6700 membres réguliers à temps plein des Forces canadiennes présentant différents historiques de déploiement, et 1500 réservistes déployés en appui de la mission de l'armée en Afghanistan.
Les militaires ont été interrogés entre avril et août 2013, au sujet de la période de 12 mois précédant le début de l'enquête.
L'exercice révèle que les troubles mentaux dont les symptômes sont le plus souvent déclarés sont :
- un épisode dépressif majeur (8%);
- un trouble de stress post-traumatique (5,3 %);
- un trouble d'anxiété généralisée (4,7 %);
- un trouble panique (3,4 %).
Statistique Canada souligne qu'une même personne peut présenter des symptômes de plus d'un trouble, ceux-ci n'étant pas mutuellement exclusifs.
Qui plus est, 4,5 % des militaires interrogés répondaient à des critères liés à l'abus d'alcool (2,5 %) ou à l'alcoolisme (2 %). Ces données sont quant à elle mutuellement exclusives.
Statistique Canada entend publier une étude plus approfondie sur le sujet en novembre.
Difficile d'avouer ses faiblesses... et d'obtenir de l'aide
En entrevue à Radio-Canada, le brigadier général à la retraite Gaston Côté s'est dit « plus ou moins surpris » de ces résultats. Il note que les problèmes répertoriés sont plus fréquents au sein de l'armée que dans la population en général, et que cela peut s'expliquer par le système de filtrage instauré par les Forces canadiennes pour les soldats de retour de mission.
M. Côté souligne que les récentes annonces politiques en faveur d'un meilleur suivi de la santé mentale des militaires étaient vraisemblablement « trop optimistes » en raison de problèmes de recrutement.
« Je ne pense pas que les psychiatres courent les rues à la recherche d'un emploi . Je ne pense pas que les spécialistes de la santé mentale aussi courent les rues. Alors il y a un décalage entre l'annonce politique et les moyens qui vont être perçus directement, qui vont toucher les individus », note-t-il.
Qui plus est, les militaires demeurent réticents à aller chercher de l'aide pour de tels problèmes. « Être jugé comme quelqu'un souffrant d'un trouble mental... C'est sûr que vous passez à travers votre groupe comme un faible, alors qu'on a toujours une culture où on veut développer quelqu'un de fort, aussi physiquement qu'émotionnellement. Avouer ses faiblesses, c'est pas tout le monde qui va le faire », affirme M. Côté.
Selon le brigadier général à la retraite, les proches des militaires sont le plus à même de leur venir en aide en cas de problème. « Le plus gros dépistage, c'est réellement les pairs, que ce soit la famille, ou les pairs de l'individu à l'ouvrage qui vont réellement forcer l'individu finalement à avouer qu'il a un problème et à consulter. »
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