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Irak: Obama poursuit les frappes, largages annoncés d'aide humanitaire par Londres et Paris

Irak: Obama poursuit les frappes, largages annoncés d'aide humanitaire par Londres et Paris

Barack Obama a promis de poursuivre les frappes aériennes pour aider les populations menacées par l'avancée jihadiste en Irak, tandis que Londres et Paris, après Washington, devaient effectuer des largages d'aide humanitaire et premiers secours dimanche dans les prochaines heures.

Le président américain, qui n'a avancé aucun calendrier sur la durée de ces frappes, a également appelé de nouveau à la formation d'un gouvernement d'union pour faire face aux insurgés sunnites.

Vendredi, les Etats-Unis ont mené leurs première frappes en Irak, près de trois ans après leur départ du pays, pour enrayer l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui menacent le Kurdistan et des milliers de civils après s'être emparés de vastes pans de territoire.

Les insurgés sunnites menés par l'EI étaient jusqu'à présent restés à distance du Kurdistan, dans le nord du pays, mais ce pacte tacite de non-agression a volé en éclats fin juillet et les combattants kurdes ont enregistré une série de revers.

La progression des jihadistes a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux membres de la minorité kurdophone des Yazidis.

Après les premiers bombardements américains, le temps est venu de contre-attaquer, a estimé vendredi Fouad Hussein, un haut responsable kurde. "Les peshmergas (combattants kurdes) vont d'abord se regrouper, puis se redéployer dans les zones dont ils étaient partis, et enfin aider les réfugiés à rentrer chez eux".

Les combattants de l'EI ne se trouvent désormais qu'à une quarantaine de km d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien, mais n'ont pas franchi les frontières de la région autonome.

Selon le commandant de l'armée, Babaker Zebari, "les officiers de l'armée irakienne, les peshmergas et des experts américains travaillent ensemble pour déterminer les cibles".

Les Etats-Unis entendent mener des frappes "très ciblées" et excluent d'envoyer des troupes au sol, mais leurs frappes pourraient "affaiblir des positions de l'EI et rendre plus facile une contre-offensive", estime John Drake, du groupe AKE.

"Je ne vais pas donner de calendrier précis" sur la durée des frappes, a prévenu M. Obama samedi. "Nous n'allons pas régler le problème en quelques semaines. Je pense que cela va prendre un certain temps".

Outre la situation militaire, le président américain a insisté sur la nécessité d'aboutir à un gouvernement "dans lequel le peuple irakien et l'armée irakienne (aient) confiance".

"Pour partie, ce que nous faisons en ce moment est de leur préserver un espace pour mener à bien ce travail nécessaire", a-t-il expliqué, alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions et que les Kurdes veulent mener un référendum d'indépendance.

"Le calendrier le plus important à mes yeux est celui qui permettra au gouvernement irakien d'être finalisé, car sans gouvernement irakien, il est très difficile pour les Irakiens de lutter contre l'EI", a insisté M. Obama.

Le plus haut dignitaire chiite du pays, le grand ayatollah Ali Sistani, a fait allusion samedi au Premier ministre Nouri al-Maliki déplorant qu'il "y ait des personnes qui ne veulent pas le bien du pays".

M. Maliki, un chiite, a remporté les élections législatives du 30 avril et vise un 3e mandat. Mais il est vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser la minorité sunnite.

M. Obama a déclaré avoir reçu le soutien du Royaume-Uni et de la France après s'être entretenu samedi avec leurs dirigeants par téléphone.

Londres a annoncé un largage "imminent" d'aide humanitaire aux populations déplacées, et Paris a évoqué des livraisons "dans les prochaines heures" d'équipements de premiers secours.

Les Etats-Unis ont déjà largué jeudi soir et vendredi soir des vivres et du matériel à destination des "milliers de citoyens" menacés par les jihadistes sur le Mont Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne.

La prise par l'EI dimanche de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité non-musulmane, a poussé à la fuite jusqu'à 200.000 civils selon l'ONU. Nombre d'entre eux sont désormais piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes.

"Nous pourrons empêcher l'Etat islamique d'aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas", a assuré M. Obama.

Une députée yazidie, Vian Dakhil, devenue le visage de sa communauté après avoir lancé un appel poignant mardi pendant une session parlementaire, a assuré qu'il ne restait plus qu'"un ou deux jours pour aider ces personnes. Après, ils vont commencer à mourir en masse".

Selon Suzanna Tkalec, de l'International Rescue Committee, les Yazidis qui sont passés en Syrie "souffrent de déshydratation, d'insolation, et certains sont sérieusement traumatisés".

Les informations sur le sort des civils n'ayant pas pu fuir sont très parcellaires et impossibles à vérifier, mais plusieurs sources ont évoqué la disparition de centaines d'hommes, ainsi que l'enlèvement de plus de 500 femmes et jeunes filles yazidies, retenues dans une prison de Mossoul d'où plusieurs disparaissent chaque jour.

Outre les Yazidis, près de 100.000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive, à l'ouest de Mossoul par les jihadistes.

Jeudi, en quelques heures à peine, la ville de Qaraqosh, plus grande localité chrétienne d'Irak s'est vidée de tous ses habitants, selon le patriarche chaldéen Louis Sako.

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