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50 ans de la mort de Ian Fleming: qu'y a-t-il de l'auteur chez James Bond? (PHOTOS)

50 ans de la mort de Ian Fleming: qu'y a-t-il de l'auteur chez James Bond? (PHOTOS)
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Le 12 août prochain, les Britanniques célèbreront les cinquante ans de la mort de Ian Fleming. Né en 1908, le père de James Bond, mieux connu pour sa série de romans d’espionnage que sa carrière de journaliste ou d'officier de renseignement dans la marine, a construit le célèbre personnage d'agent du MI6 en s'inspirant en partie de sa propre vie.

«Y a-t-il beaucoup de Fleming en 007?» À cette question, Ian Fleming répond du tac au tac: «Je n'espère pas. Les gens me comparent souvent à James Bond parce qu'il se trouve que j'aime les œufs brouillés et les chemises à manches courtes, mais je n'ai sûrement pas son cran ni son appétit particulier pour les choses de la vie». À la façon d'un James Bond polisson mordillant l'olive de son martini, Ian Fleming a probablement menti à Roy Plomley en 1963, en direct sur la BBC.

De l'origine du nom

Si le personnage de James Bond ne devait tirer son inspiration d'une seule personne, ce ne serait certainement pas l'ornithologue à qui il doit son nom, choisi pour sa consonance banale et la présence de son livre Birds Of The West Indies traînant dans la bibliothèque de la maison jamaïcaine de l'inventeur du plus célèbre des agents secrets.

Ian Fleming avait plus en commun avec James Bond que son goût pour les œufs brouillés - dont il a délivré la recette exacte dans une nouvelle. D'abord, il lui a aussi attribué ses exigences en terme de vodka martini «secoué, pas remué» ("shaken, not stirred") et son alimentation: basée principalement sur du caviar Beluga et des petits-déjeuners.

Mais c'est bien son expérience dans les services secrets qui fait de Ian Fleming l'inventeur et l'alter égo de James Bond. Le nom de «007» attribué dans les romans à son «droit de tuer», James Bond le doit en réalité à l'une des plus grandes victoires des services secrets anglais lors de la Première Guerre mondiale, le décodage d'un télégramme allemand commençant par «0075».

Son enfance trouble d'orphelin? Fleming a perdu son père à la guerre. Son obsession pour les cigarettes faites sur mesure? Son auteur pouvait en fumer jusqu'à 80 par jour. Si le personnage de M, patronne du MI6, est souvent dit basé sur le supérieur de Fleming, l'amiral John Godfrey (voir ci-dessus), une théorie différente mène les lecteurs jusqu'à la mère de l'auteur.

L'un des biographes de Fleming, John Pearson, écrivait: «Quand il était jeune, sa mère était la seule personne qui lui faisait peur. Sa sévérité, ses demandes exigeantes, et son ambition sans scrupules que son fils réussisse se retrouvent étrangement dans les relations entre M et James Bond».

Similitudes

Mais c'est peut-être sa relation complexe avec les femmes que Ian Fleming a le plus transmise à James Bond. Marié a 44 ans à Anne Charteris, l'écrivain n'a jamais cessé d'avoir des maîtresses. L'une de ses exs, Mary Pakenham, dira de lui «Je ne connais personne qui pense autant au sexe que lui». Charlie Higson, l'auteur de la série des Young Bond, en rajoutera une couche: «Comme Bond, Fleming avait peur de l'engagement, du mariage et préférait les aventures avec des femmes mariées».

De nature macho, misogyne, parfois cruel avec les femmes qu'il considère surtout comme des animaux de compagnie, Ian Fleming a, comme James Bond avec Vesper Lynd dans Casino Royale, premier roman de l'auteur, perdu celle qu'il a aimé un temps, Muriel Wright, que l'on dit parfois inspiration de toutes les futures James Bond girls.

Son camarade de classe à Eton (prestigieux collège anglais qui accueille entre autres les princes de la famille royale britannique) Dunstan Curtis déclarera: «Le problème avec Ian, c'est qu'il faut vous faire tuer avant qu'il ne ressente quelque chose». Froid et distant, l'écrivain l'était tout autant que l'agent secret.

«Fleming jouait avec une arme quelques fois, s'amusait à faire croire qu'il n'y avait qu'une légère ligne de démarcation entre la fiction Bond et lui-même», raconte Charlie Higson. «Fleming ne pouvait pas être celui dont il rêvait», ajoute le producteur d'une série consacrée à l'écrivain, «alors il a crée le personnage qu'il aurait aimé être: James Bond».

Milles visages

Il y a une douzaine de «vrais James Bond» sur la toile et dans l'histoire et bien que Fleming ait consciemment et inconsciemment donné un grand nombre de ses propres caractéristiques à son personnage, il s'est aussi inspiré de ceux qu'il a croisé au cours de sa carrière.

Un certain commandant Yeo-Thomas fût souvent cité comme inspiration après qu'une note de Fleming dans laquelle ils briefent ses collègues sur les exploits du commandant ait été découverte. La scène de torture dans Casino Royale serait inspirée de l'expérience du commandant aux mains de la Gestapo.

De la même façon, dans Bons Baisers de Russie, James Bond se retrouve à dîner avec un ennemi à bord de l'Orient Express, une anecdote que Fleming aurait emprunté à la vie de Yeo-Thomas. Celui-ci, en prenant le dernier siège libre dans un Lyon-Paris, s'est retrouvé par hasard à partager un thé avec Klaus Barbie...

Bande-annonce de Bons baisers de Russie:

Wilfred Dunderdale, chef de l'antenne parisienne du MI6, était réputé pour aimer les jolies femmes et les voitures de sport, Conrad O'Brien-ffrench, un agent anglais, était un champion de ski, alors que Dušan Popov, agent double au sein du MI5 et pour la Serbie, était un joueur de poker invétéré: ils ont tous inspiré Fleming dans la construction de James Bond.

Certains, à qui l'on a souvent demandé s'ils étaient «le vrai James Bond» ont préféré s'en détacher. Sandy Glen, un collègue de Fleming, se dira «trop gentil et trop respectueux des lois» alors que Patrick Dalzel-Job, un autre agent anglais, ira même jusqu'à déclarer: «Je n'ai jamais lu un livre sur Bond ou vu un des films. Ce n'est pas mon style... Je n'ai aimé qu'une femme et je ne bois pas». Sombre, misogyne, violent: il n'y a peut-être que Ian Fleming finalement qui voulait vraiment être James Bond.

Le Bond post-Fleming

Depuis la mort de Ian Fleming en 1964, six auteurs ont repris le personnage de James Bond, avec plus ou moins de succès. Le ton et l'humour de Fleming se sont avérés difficile à imiter, tout comme sa capacité à mélanger de façon égale l'authenticité, l'imagination et la plausibilité qui ont fait le succès de ses histoires.

Kingsley Amis, le premier à avoir contribué à la légende de Bond après 1964, parlait «d'effet Fleming» qu'il décrivait ainsi: "une utilisation imaginative de l'information, l'aspect absorbant du monde de Bond, et les éléments temporels et locaux de l'histoire, se figent pour créer une réalité particulière."

Kingsley Amis, sous le pseudonyme Robert Markham, écrivit quatre romans (dont deux furent simplement des réécritures littéraires après la réalisation cinématographique d'une nouvelle histoire de Bond) dans lequel il créa, selon un article de la BBC, un Bond «sombre, avec des souvenirs douloureux et un futur assombri par l'arrivée de nouveaux ennemis.» Il donna à l'agent secret «une psychologie complexe en analysant ses réactions à la peur, la douleur, le meurtre et la revanche».

Alors que ceux-ci ont eu un succès littéraire remarqué, les seize romans de John Gardner qui ont suivi jusqu'en 1996 furent souvent critiqués pour leur manque de plausibilité. Bien que Gardner s’efforça de garder le ton vif et insolent de Fleming, son imagination n'égalait simplement pas celle du créateur.

Jeffrey Deaver et William Boyd, deux autres auteurs de l'ère moderne, ont également déçu en installant pour le premier un Bond post-11 septembre, trop contemporain qui n'a pas su convaincre les lecteurs habitués à voir l'agent évoluer dans les années soixante (Carte Blanche, 2011), et pour le deuxième une ambiguïté morale chez un James Bond prenant le parti d'une appropriation occidentale du pétrole mondial face à une guerre civile africaine (Solo, 2013).

Le biopic

50 ans après la mort de Ian Fleming, la BBC America a produit la mini-série Fleming, l'homme qui voulait être James Bond, qui se penche en quatre épisodes sur le côté autobiographique des aventures de l'agent secret.

Bande-annonce de Fleming, l’homme qui voulait être James Bond:

Ian Fleming a peut-être légèrement embelli dans ses romans sa propre expérience du terrain, mais il n'empêche que c'est bien à "celui qui voulait être James Bond" que le président Kennedy demanda en 1960 d'établir un plan pour renverser Fidel Castro...

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