Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Christian Allard: un Bourguignon en première ligne pour l'indépendance écossaise

Christian Allard: un Bourguignon en première ligne pour l'indépendance écossaise

Christian Allard est le seul Français député nationaliste au Parlement écossais. Ce Bourguignon débonnaire de 50 ans, installé depuis 30 ans en Ecosse, ne cache pas son enthousiasme à l'idée de voir en septembre ses rêves d'indépendance se concrétiser.

Ce député du Parti national écossais (SNP), visage rond, accent frenchie et regard pétillant dissimulé derrière des lunettes de vue, mène campagne avec bonne humeur et décontraction en faveur du oui au référendum d'autodétermination du 18 septembre qui scellera le destin de l'Ecosse.

"Je suis venu à Glasgow il y a une trentaine d'années pour ouvrir un bureau pour une société française et je suis tombé amoureux du pays et de ma femme, une Ecossaise de Glasgow. Trois filles et deux petits-enfants plus tard, me voilà à Aberdeen, j'y habite depuis 20 ans et je suis membre du Parlement écossais à Edimbourg", résume, amusé, ce quinquagénaire aux tempes grisonnantes qui a travaillé pendant des années dans le transport et l'exportation de poissons.

C'est sans parler un mot d'anglais - il a arrêté l'école à 14 ans - qu'il a découvert ces vertes contrées, loin de sa Bourgogne natale.

"Je pensais rester seulement un ou deux ans et peut-être aller ensuite sous des climats plus favorables, mais j'ai été très bien reçu par les gens d'ici", explique celui qui a été le premier Français élu en mai 2013 au Parlement écossais. Toute personne vivant et travaillant en Ecosse peut se présenter à cette instance régionale, sans condition de nationalité.

Interrogé par l'AFP pour savoir s'il croit réellement à la viabilité d'une Ecosse indépendante, ce fils d'agriculteurs répond en souriant: "bien sûr que j'y crois, je n'y croyais pas il y a 30 ans, je n'avais aucune idée que j'allais devenir député d'un Parlement écossais qui n'existait pas puisque j'ai voté pour ce parlement au référendum de 1997 et il a commencé à siéger en 1999".

"Je fais campagne pour l'indépendance afin que ce parlement ait tous les pouvoirs" et pas seulement les compétences accordées en matière d'éducation, de santé, d'environnement et de justice. Les affaires étrangères, l'énergie et la défense relèvent actuellement du gouvernement britannique.

Ce Dijonnais a d'abord rejoint le SNP il y a "10-12 ans en tant que militant. Puis, mes enfants ayant grandi, je me suis impliqué de plus en plus en politique", explique cet homme qui est veuf depuis 2000.

"Ce que nous allons voter au mois de septembre, c'est vraiment l'autodétermination d'un peuple démocratique en Europe qui va décider pour sa propre destinée! C'est merveilleux", s'enthousiasme celui qui partage le bureau d'Alex Salmond, le Premier ministre écossais, à Inverurie (nord-est), "la région des châteaux d'Ecosse".

Amoureux de sa terre d'adoption, il balaye d'un revers de main les sondages donnant le camp du non en tête et les échos de Londres égrenant les futures difficultés pour les Ecossais en cas de séparation du Royaume-Uni.

"Nous avons beaucoup de ressources naturelles, des châteaux formidables pour le tourisme, le whisky bien sûr, la pêche. Les eaux territoriales écossaises ont beaucoup de pétrole, nous n'aurons aucun problème après le vote du oui pour obtenir plus de 90% du pétrole et du gaz naturel qui sortent de la mer du Nord", martèle-t-il, serein.

Son travail auprès des pêcheurs a été fondamental dans son engagement en faveur de l'indépendance.

"Nous sommes un pays agricole, de pêche. Aujourd'hui, pour obtenir davantage de subventions, il faut convaincre Londres avant Bruxelles. Eh bien, je peux vous dire que c'est plus facile de convaincre Bruxelles! Si Westminster travaillait pour nous, je n'aurais aucune raison de vouloir que l'Ecosse devienne indépendante."

Et d'ironiser sur la campagne "très très négative" du non qui lui "rappelle beaucoup Astérix (et sa formule) le ciel va nous tomber sur la tête si nous votons yes."

Cramponné à son optimisme, il confie qu'après la victoire du oui, dont il ne doute pas, il sera "très fier de devenir Ecossais".

mc/jk/jh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.