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Les astronautes ont largement recours aux somnifères dans l'espace

Les astronautes ont largement recours aux somnifères dans l'espace

L'usage des somnifères est largement répandu chez les astronautes durant les vols spatiaux, selon une étude publiée vendredi qui pointe les risques associés à la prise de ces médicaments dans un environnement hostile.

L'étude, financée par la Nasa et publiée dans la revue The Lancet Neurology, pointe également un manque important de sommeil chez les astronautes.

L'équipe de Laura Barger (faculté de médecine de l'Université Harvard à Boston, Etats-Unis) a étudié le sommeil de 64 astronautes ayant volé sur la navette américaine (entre 2001 et 2011) et de 21 astronautes ayant séjourné sur la Station spatiale internationale, l'ISS, entre 2006 et 2011.

Les chercheurs ont analysé le sommeil des astronautes lorsqu'ils étaient dans l'espace, mais aussi durant les semaines qui précédaient et suivaient le vol. Soit plus de 4.000 nuits de sommeil sur Terre et plus de 4.200 dans l'espace, étudiées notamment grâce à un actigraphe, un système portable d'enregistrement des cycles de veille et de sommeil.

Ils ont trouvé que la durée moyenne de sommeil dans l'espace était d'à peine six heures (5,96 heures) pour les missions de la navette spatiale et tout juste au-dessus de six heures (6,09 heures) pour les missions à bord de l'ISS. Bien en-deçà des 8 heures et demie par nuit prévues par la Nasa.

"Le manque de sommeil a été associée à une réduction de la performance dans nombre d'études", a souligné le Dr Barger.

Mais les chercheurs sont aussi préoccupés par l'usage important de somnifères dans l'espace, tel que le zolpidem.

Les trois-quarts des membres d'équipage de l'ISS ayant participé à l'étude ont déclaré avoir utilisé des somnifères à un certain moment durant leur séjour dans l'espace. La proportion montait à 78% chez les astronautes des navettes spatiales.

"La capacité pour un membre d'équipage à agir de façon optimale s'il est réveillé par un signal d'urgence peut être compromise par l'utilisation de médicaments contre l'insomnie", a mis en garde le Dr Barger.

Des recherches sur le sujet sont en cours au Centre spatial Johnson, à Houston, relèvent deux spécialistes du sommeil de l'Université de Pennsylvanie, Mathias Basner et David Dinges, dans un commentaire également publié par The Lancet Neurology.

"L'espace constitue un environnement des plus hostiles", soulignent-ils. "Une durée et une qualité de sommeil suffisantes sont cruciales pour garantir la performance et prévenir des erreurs fatales et des accidents", ajoutent-ils.

Comme les autres activités quotidiennes, dormir dans l'espace n'est cependant pas de tout repos.

Même si la vie à bord de l'ISS est structurée sur la base d'une journée terrienne, les équipages peuvent observer 16 couchers et levers du Soleil par tranche de 24 heures...

Des compartiments de repos sont aménagés pour le sommeil, protégés de la lumière et du bruit, mais il faut faire avec l'impesanteur. Il y a aussi le confinement, l'excitation d'être dans l'espace, la mobilité réduite...

La charge importante de travail durant la période d'entraînement qui précède la mission et pendant le vol peut aussi contribuer au raccourcissement de la durée de sommeil et au recours à des somnifères.

"Sur l'ISS, les tâches de maintenance et de recherche prennent souvent plus longtemps que prévu", rallongeant la journée de travail des astronautes, soulignent Mathias Basner et David Dinges.

"Les astronautes peuvent alors utiliser des somnifères pour être sûrs de dormir pendant le temps qu'il leur reste", poursuivent-ils

La dernière navette spatiale a volé en juillet 2011. L'accès des astronautes à l'ISS est désormais assuré par le vaisseau russe Soyouz. La durée de séjour y est d'environ 6 mois.

La Nasa a exclu de l'étude les astronautes russes, en raison de "politiques divergentes quant à la participation à la recherche", ont précisé les auteurs.

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