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La BCE laisse ses taux inchangés malgré une dynamique économique ralentie

La BCE laisse ses taux inchangés malgré une dynamique économique ralentie

La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu jeudi sans surprise son principal taux directeur inchangé à 0,15%, son plus bas niveau historique, tout en mettant en garde contre un ralentissement de la reprise en zone euro.

"Si l'on veut détecter un signe dans les données publiées ces deux-trois derniers mois, on peut dire qu'il y a eu un ralentissement dans la dynamique de croissance", a souligné son président, l'Italien Mario Draghi, durant sa conférence de presse mensuelle de politique monétaire.

La reprise en zone euro est "faible, fragile et inégale" mais "les pays qui mènent des réformes structurelles s'en sortent mieux" que les autres, a-t-il ajouté.

Comme prévu, l'institution de Francfort n'a annoncé jeudi aucune nouvelle mesure de soutien à l'économie, après avoir dévoilé début juin un arsenal d'outils destiné à soutenir le crédit et la croissance dans la région, avec l'espoir par ricochet de faire redécoller l'inflation.

Ces initiatives comprennent un programme de prêts ciblés et à très long terme (TLTRO), qui doit permettre aux banques de se financer à des conditions avantageuses tout en les incitant à prêter davantage aux entreprises, dont le premier sera accordé en septembre.

Outre la baisse de son taux directeur à 0,15%, la BCE avait aussi porté son taux de dépôt en territoire négatif afin là encore d'encourager les banques à prêter aux ménages et aux entreprises, en imposant une pénalité financière à celles qui stockent leurs liquidités pour 24 heures auprès d'elle.

Ces mesures "sont en train de prendre le chemin de l'économie réelle" et "vont contribuer à un retour de l'inflation à des niveaux plus proches de 2%", a assuré jeudi M. Draghi.

En juillet, la hausse des prix a encore ralenti, à 0,4%, soit son plus bas niveau depuis octobre 2009 et le dixième mois consécutif sous la barre des 1%. Un chiffre très éloigné de l'objectif de la BCE d'une inflation proche mais inférieure à 2% à moyen terme.

Par ailleurs, "les fondamentaux pour des taux de change plus faibles sont meilleurs qu'il y a deux ou trois mois", a poursuivi le banquier central. Il en veut pour preuve notamment le fait que "la politique monétaire en Europe, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni divergent et vont continuer à diverger pendant longtemps".

Le niveau élevé de la monnaie européenne par rapport aux autres devises mondiales est un sujet d'inquiétude persistant pour exportateurs et politiques européens.

Autre motif de satisfaction, "les prêts aux entreprises non financières ont montré des signes de stabilisation ces derniers mois, après avoir suivi une tendance largement négative plus tôt dans l'année", a-t-il fait valoir.

Le président de la BCE s'est toutefois inquiété des risques géopolitiques, "qui ont augmenté à travers le monde" et "qui sont plus élevés que lors des précédents mois".

"Certains d'entre eux, comme la situation en Ukraine et en Russie, auront un impact plus important sur la zone euro" que dans les autres régions. "Nous voyons des risques principalement sur les prix et l'énergie" mais il est difficile à l'heure actuelle "d'évaluer cet impact", a-t-il dit, réaffirmant l'engagement de la BCE à agir en cas de nouvelle dégradation de l'inflation, y compris par des rachats massifs d'actifs privés et publics.

"La nervosité actuelle sur les marchés financiers n'a pas vraiment atteint l'Eurotower (siège de la BCE, ndlr). La présentation de la BCE est restée globalement inchangée par rapport au mois de juillet", estimait dans une note Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg.

Son confrère Chris Williamson, du cabinet Markit, relevait quant à lui que "le principal enseignement de la conférence de presse (de M. Draghi) est que la barre à atteindre pour une nouvelle intervention reste élevée et va requérir une détérioration significative des perspectives économiques".

"D'ici là, la BCE est en mode pause, espérant que la croissance et l'inflation vont progresser durant la seconde moitié de l'année" grâce aux mesures engagées et aux réformes.

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