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Centrafrique: l'accord de cessez-le-feu exacerbe les dissensions au sein de la Séléka

Centrafrique: l'accord de cessez-le-feu exacerbe les dissensions au sein de la Séléka

Après l'accord de cessez-le-feu signé fin juillet, l'ex-rébellion centrafricaine Séléka, affaiblie et fragmentée, se retrouve divisée entre partisans du dialogue et une frange "dure" qui refuse toute concession.

Mercredi, le général Nourredine Adam, chef emblématique de la Séléka, sous le coup de sanctions onusiennes et américaines, a annoncé avoir suspendu le numéro 3 du mouvement, Mohamed Moussa Dhaffane.

Ce dernier a été sanctionné "pour non-respect des consignes de la hiérarchie et haute trahison", après avoir paraphé au nom de l'ex-rébellion à dominante musulmane l'accord conclu au forceps sous la pression internationale le 23 juillet à Brazzaville.

Cet accord est le premier du genre après des mois d'un conflit qui a fait des milliers de morts, principalement des civils, jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés, et a vu finalement la défaite de la Séléka (au pouvoir de mars 2013 à janvier 2014), aujourd'hui repliée sur ses territoires du nord-est musulman du pays.

Le rendez-vous de Brazzaville a été manifestement un point de rupture, les "durs" de la Séléka y voyant une intolérable trêve avec "l'ennemi", les milices chrétiennes anti-balaka.

"C'est une nouvelle qui fait rire. C'est un non-évènement", a réagi jeudi le "sanctionné" Mohamed Moussa Dhaffane auprès de l'AFP. "Je n'ai pas été suspendu. Et on ne sanctionne pas comme ça un responsable de l'ex-coalition Séléka".

"Il faut reconnaître que la population a trop souffert et veut désormais vivre en paix. C'est le sens à donner à l'accord de cessation des hostilités de Brazzaville que nous avons signé au nom de l'ex-Séléka", explique M. Dhaffane.

Lors des négociations de Brazzaville, les délégués de la Séléka avaient dans un premier temps exigé la partition du pays, menaçant de tout faire capoter, avant d'assouplir leur position, après l'intervention notamment du président congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur dans la crise centrafricaine.

Chassée de Bangui par l'intervention militaire française Sangaris et la force africaine Misca, la Séléka tient encore l'essentiel du Nord-Est, frontalier du Tchad et du Soudan, des régions abandonnées depuis des années par le pouvoir central.

Composée d'éléments hétéroclites, la Séléka ne dispose pas de structure véritablement hiérarchisée, et est traversée par de multiples lignes de fracture, selon les agendas locaux de chacun de ses chefs ou sur des critères ethniques.

Une partie des combattants sont des étrangers, mercenaires tchadiens et soudanais difficilement contrôlables, qui ont rejoint les rangs de la rébellion durant son offensive militaire sur Bangui début 2013. Ces hommes à la réputation de soudards continuent aujourd'hui de commettre de nombreuses exactions, d'attaquer des villages et de riposter avec la plus grande violence au harcèlement des anti-balaka.

Ce sont en grande partie ces mercenaires qui affrontent depuis le début de la semaine l'armée française à Batangafo (nord).

Les autres, les "Séléka centrafricains" comme on les appelle à Bangui, s'articulent autour de deux principaux groupes: la "Séléka Bambari", du nom de la localité minière (centre) où une partie de ses forces s'est repliée, et la "Séléka Birao" (extrême Nord-Est), dirigée par Nourredine Adam et en théorie, pour sa vitrine politique, par Michel Djotodia, ex-président du pays, en exil au Bénin depuis sa démission forcée en janvier.

Tout en critiquant la "logique de la violence" et les "velléités d'actes belliqueux qui subsistent encore chez certains" Séléka, Mohamed Moussa Dhaffane -de la "Séléka Bambari"- refuse de "parler de division profonde ou de scission" au sein de l'ex-rébellion.

Mais selon plusieurs observateurs, un rapprochement s'est opéré récemment entre la "Séléka Bambari" et les chefs militaires basés à Bangui, parmi lesquels 9 "colonels" et "généraux" présents à Brazzaville, qui ont oeuvré pour aboutir à un accord de paix. Ces derniers commandent environ la moitié des effectifs totaux de la Séléka, soit près de 2.000 ex-combattants, cantonnés dans la capitale centrafricaine.

Emmenée par Nourredine Adam, la "Séléka Birao", opposée à tout compromis, apparaît de plus en plus marginalisée politiquement, tout en conservant une forte capacité de nuisance sur le terrain.

"Nourredine Adam doit comprendre que la marche de la RCA vers la paix et la réconciliation est désormais irréversible (...)", déclare à l'AFP un haut responsable du mouvement à Bangui, partisan de la branche "modérée". "Ceux qui ne seront pas dans la logique (de Brazzaville) se verront imposer la paix."

bur-cl/hba/sd

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