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Deux Canadiens accusés d'avoir volé des «secrets d'État» chinois

Un couple de Canadiens accusé d'espionnage en Chine
Yann Layma via Getty Images

Un couple de Canadiens a été arrêté en Chine et accusé d'« espionnage » par les autorités. Ils sont soupçonnés d'avoir « volé des secrets d'État du ministère de la Défense », a rapporté l'agence de nouvelles chinoise Xinhua.

Les deux Canadiens ont été identifiés comme étant Kevin et Julia Dawn Garratt, un couple de Vancouver.

Le ministère des Affaires étrangères de la Chine affirme avoir prévenu l'ambassade canadienne à Pékin, lundi, et assure que les « droits du couple ont été entièrement garantis ».

Dans une brève déclaration, le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que Kevin Garratt et sa femme sont soupçonnés d'avoir recueilli et volé du matériel lié à des cibles militaires chinoises et à d'importants programmes de recherche scientifique relatifs à la défense. Ils se seraient aussi adonnés à des activités qui menacent la sécurité nationale, toujours selon Pékin.

Le bureau de la sécurité de la ville de Dandong, dans le nord-est de la Chine, enquête sur le cas. Le plus jeune fils du couple, Peter Garratt, affirme que le bureau de la sécurité d'État de Dandong l'a convoqué pour le questionner. Les autorités chinoises ont demandé à Peter Garratt d'apporter des effets personnels pour ses parents, ce qui laisse supposer que ces derniers sont toujours détenus.

Kevin et Julia Dawn Garratt vivent en Chine depuis 1984. Ils avaient ouvert un café à Dandong il y a six ans, après avoir travaillé pendant de nombreuses années dans le sud de la Chine en tant qu'enseignants.

Le Peter's Coffee Shop, café de style occidental, offre une vue sur une route qui traverse la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Kevin Garratt se servait d'ailleurs de ce point d'observation pour indiquer aux médias si des déplacements militaires s'y effectuaient, au gré de l'actualité. Situé à seulement quelques mètres du « pont de l'amitié sino-coréenne » reliant les villes de Dandong et de Sinuiju, le couple précisait sur son site Internet pouvoir aider les voyageurs à passer de l'autre côté de la frontière.

Pour l'expert en sécurité nationale Michel Juneau-Katsuya, le fait que la Chine s'en prenne à deux Canadiens vivant depuis trente ans dans la région peut être une sorte de « retour d'ascenseur », une réplique « du tac au tac » à ce qui s'est passé avec le Canada, la semaine passée.

Le Canada n'a aucune prétention territoriale en Chine et ne dispose pas de service de renseignement offensif, contrairement à d'autres pays, rappelle M. Juneau-Katsuya.

Selon l'expert canadien, Pékin réplique de la sorte pour « intimider le gouvernement canadien », pour se placer en situation de force et signifier au Canada qu'il ne doit plus porter ce genre d'accusations, pour faire en sorte que « le Canada se sente coupable d'avoir dénoncé des activités qui sont tout à fait inacceptables ».

La Chine a cette réputation d'intimider les gouvernements qui sont un peu trop critiques à leur endroit, explique Michel Juneau-Katsuya en substance.

Pour le fils du couple, Peter Garratt, ces accusations visant ses parents « sont totalement ridicules ». Selon lui, ce sont les tout premiers ennuis que subissent ses parents depuis qu'ils sont arrivés en Chine pour y enseigner l'anglais, trente ans auparavant.

Le Canada suit le dossier

« Nous rassemblons des informations et suivons le dossier de près », a confirmé à Radio-Canada une porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, Béatrice Fénelon. Elle refuse toutefois de révéler d'autres détails sur le cas, sous prétexte de vouloir « protéger la vie privée des individus concernés ».

L'autre fils du couple, Simeon Garratt, considère pour sa part que les allégations qui pèsent contre ses parents sont « absolument absurdes ». Lui-même a d'abord appris la nouvelle sur les médias sociaux par l'entremise d'amis qui, eux, avaient lu les comptes-rendus de médias locaux.

Simeon Garratt, qui vit à Vancouver, mais qui a été élevé en Chine, a d'abord douté de la véracité de ces comptes-rendus. « Je ne savais pas comment réagir », dit-il. Le jeune homme croit que certains éléments de l'histoire ont été exagérés et mal interprétés.

Des représentants de l'ambassade canadienne à Pékin, de même que du ministère des Affaires étrangères, à Ottawa, n'ont pu lui en révéler davantage sur l'affaire que ce qu'il avait déjà appris. « Ils ne m'en ont guère dit plus », affirme Simeon Garratt.

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