Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine : un dangereux "couloir humanitaire" pour fuir Donetsk

Ukraine : un dangereux "couloir humanitaire" pour fuir Donetsk

L'espace de quelques heures, cette route était censée offrir une voie de sortie sûre aux habitants de Donetsk, place forte des insurgés de l'est de l'Ukraine prise en étau par les forces ukrainiennes.

Mais comme l'ont montré l'explosion d'un obus quasiment au bord de la route et les échos assourdissants des combats entre forces ukrainiennes et séparatistes dans une localité voisine, le "couloir humanitaire" défini par Kiev est en réalité plein de danger.

Le temps presse : les affrontements ne cessent de s'intensifier autour de Donetsk, allant jusqu'à gagner ses quartiers périphériques.

Mais ceux de ses habitants qui ne sont pas encore partis paraissent peu confiants à l'idée de suivre cet itinéraire, le long duquel Kiev s'est engagé à observer un cessez-le-feu entre 10H et 14H, et seuls quelques dizaines de véhicules l'ont emprunté vendredi.

"Tout le monde est libre de partir", assure un rebelle à un poste de contrôle.

Cette autoroute, très fréquentée avant les hostilités et désormais souvent déserte, va vers l'ouest au milieu des champs de tournesol. Elle passe devant le centre d'entraînement du club de football international du Shakhtar mais aussi à seulement quelques centaines de mètres de Mariïnka, théâtre d'intenses combats depuis lundi.

Au premier barrage tenu par les forces ukrainiennes, les soldats vérifient les papiers d'identité des occupants des véhicules, et parfois leur chargement.

Où partent-ils ? "Où on pourra", répond les larmes aux yeux une femme âgée, dont le voisin porte une barquette pleine d'oeufs sur les genoux.

Sur le toit d'une autre voiture, les poussettes s'empilent. Des morceaux de linge blancs sont attachés au rétroviseur d'un poids-lourd, comme l'ont demandé les autorités ukrainiennes à ceux qui veulent profiter du "couloir humanitaire".

A ce poste de contrôle, où deux pylônes sont pliés en deux après avoir été frappés par des explosions, des chars sont garés de chaque côté de la chaussée.

Un officier montre des cratères creusés dans la terre : des obus sont tombés la veille au soir. "Qu'arrivera-t-il aujourd'hui ?" s'interroge-t-il, avant de raconter une plaisanterie que s'échangent les soldats ukrainiens : "Pour avoir une chance de se sortir de cette guerre, il faut être blessé à la jambe ou au bras et entrer à l'hôpital".

En périphérie de Mariïnka, l'équipe de l'AFP a vu à travers champs deux immeubles d'habitation noircis par des flammes. Au-delà, de la fumée s'élève de la ville. Soudain, des tirs d'artillerie retentissent et une nouvelle colonne de fumée, plus vaste, monte vers le ciel.

Au village suivant, à Kourakhové, les services de secours ukrainiens ont installé un camp pour y accueillir les réfugiés. Malgré ses tentes bien équipées, avec plancher et douches, les lieux sont vides.

De retour de Donetsk, le temps d'ouverture du couloir humanitaire touche à sa fin. Au passage d'un barrage des forces ukrainiennes, un obus explose dans un champ à seulement quelques dizaines de mètres de la route.

Un peu plus loin, à un poste de contrôle que tiennent des insurgés en t-shirts noirs ornés de têtes de mort, l'un d'eux tente de rassurer les passagers des véhicules : "Nous ne tirons pas ici".

am/gmo/neo/bds

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.