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France : tensions entre migrants affluant au passage vers l'Angleterre

France : tensions entre migrants affluant au passage vers l'Angleterre

Des rixes ont éclaté à Calais, ville portuaire du nord de la France, entre migrants originaires d'Afrique de l'Est tentant de passer en Angleterre, tandis que l'afflux massif de ces migrants en Europe via l'Italie interpelle les autorités.

En un peu plus de 24h, des groupes de Soudanais et d'Erythréens se sont affrontés à trois reprises, dans le centre-ville et dans la zone portuaire de Calais, malgré l'envoi de renforts de police. Ces heurts ont fait au total près de 70 blessés, dont l'un a été hospitalisé dans un état grave.

Mardi soir, une grosse mais brève bousculade s'est produite au début de la distribution des repas par une ONG. Elle n'a cependant pas dégénéré en affrontement grâce à l'intervention rapide de militants associatifs, sous l'oeil de dizaines de policiers, a constaté l'AFP.

"Toujours se battre!" ("Always fight!"), confie en anglais un Afghan, arrivé il y a deux jours à Calais. "Pour les douches, les toilettes, la nourriture...".

Pour les associations locales de soutien aux migrants, ces violences répétées sont la conséquence d'une "guerre de territoires" que se livrent les groupes d'exilés, "devenus trop nombreux" et "prêts à tout pour essayer de passer clandestinement en Angleterre", soit par ferry, soit par le tunnel transmanche.

Les tensions concernent aussi les habitants qui supportent de moins la cohabitation avec les migrants qui squattent divers espaces de la ville ou du port.

Entre 1.200 et 1.300 migrants sont actuellement présents à Calais, une augmentation "de l'ordre de 50% en quelques mois", avait souligné lundi le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin.

"Le nombre des personnes remontant d'Italie après avoir traversé la Méditerranée va continuer à augmenter au moins jusqu'à l'automne (la navigation devenant ensuite plus difficile). Plus le passage (en Angleterre) sera difficile, plus les tensions vont augmenter", redoute Philippe Wannesson, militant associatif.

"On arrive à un contexte un peu explosif. Les migrants sont tellement désespérés, ils veulent parfois avec un peu de violence prendre un camion par la force", soulignait lundi Véronique Devise, responsable du Secours catholique, appelant à la prise d'"une décision politique, (...) aux niveaux national et européen".

Selon un rapport de la Police de l'air et des frontières française, rendu public mardi par le quotidien Le Figaro, "entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, 61.591 migrants irréguliers ont débarqué en Italie" contre "7.913 pour la même période en 2013 et seulement 4.301 pour les six premiers mois de 2012. Les Erythréens représentent 31% de ces migrants (18.282). Les Syriens arrivent en seconde position (10.371, 17%)".

La conséquence en est une accentuation de "la pression migratoire" sur la frontière française avec l'Italie, avec l'interpellation de 5.235 personnes au premier semestre 2014, souligne le rapport. Selon le préfet de Nice Adolphe Colrat, une quarantaine de passeurs ont été interpellés depuis avril.

Le préfet indique que les deux tiers des migrants interpellés sont "réadmis en Italie" et qu'ils ne peuvent en aucun cas être renvoyés directement dans leur pays en guerre.

La plupart cherchent à gagner des pays d'Europe du Nord, comme le Royaume-Uni, l'Allemagne ou la Suède, mais ne demandent pas l'asile en France, souligne le préfet.

Le phénomène de migration au départ de l'Erythrée existe "depuis longtemps", a souligné Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, ONG spécialisée dans l'accompagnement des étrangers en difficulté.

Mais auparavant, les gens "avaient la possibilité d'aller en Libye ou en Egypte. Maintenant, les portes sont fermées. Donc la seule possibilité, c'est de monter dans un bateau pour l'Europe", juge-t-elle.

Pour le porte-parole de France Terre d'Asile, Pierre Henry, ce phénomène est la conséquence du "refus de l'Union européenne de venir en aide à l'Italie, qui le demande depuis le début de l'année".

L'Office français de l'immigration et de l'intégration est venu mardi présenter aux migrants installés dans un campement à Calais les possibilités qui leur étaient offertes en France: demande d'asile et hébergement d'urgence ou aide au retour dans le pays d'origine.

"Ils doivent revenir nous voir dans deux jours pour trouver une solution", a dit Gassim, un Soudanais de 30 ans, sur les routes depuis deux ans via la Libye et l'Italie.

Mais, dit-il, les démarches administratives sont longues et compliquées en France. "Ce que vous ne trouvez pas en France, vous le trouvez très facilement en Angleterre".

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