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Ebola menace de saigner à blanc les économies d'Afrique de l'Ouest

Ebola menace de saigner à blanc les économies d'Afrique de l'Ouest

Dans les boutiques et les marchés d'Afrique de l'Ouest vidés par l'alerte au virus Ebola plane le danger d'une saignée économique, l'épidémie menaçant les secteurs vitaux de l'agriculture et des mines, préviennent des économistes et des commerçants.

Face aux enjeux, la Banque mondiale a annoncé lundi mobiliser 200 millions de dollars (environ 150 millions d'euros) pour aider la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, précisant qu'ils serviraient à l'achat de matériel médical, au paiement du personnel soignant, ainsi qu'à "aider les populations à surmonter les difficultés financières causées par l'épidémie".

La conjonction de la maladie et des mesures sanitaires frappe de plein fouet la population la plus démunie.

Les autorités du Liberia ont ainsi ramené la semaine dernière de 6 à 4 le nombre maximum de passagers par taxi afin de réduire le risque de contamination par les liquides corporels, au grand dam des chauffeurs, qui ont remonté leurs tarifs en conséquence.

"Chaque passager payait 20 dollars libériens, multiplié par six, cela faisait 120. Maintenant cela ne fait plus que 80, soit le prix du carburant. Donc la seule solution est d'augmenter le prix de la course", a expliqué à l'AFP Sekou Kanneh, un chauffeur de taxi de Monrovia, la capitale.

Malgré les lourdes peines promises aux spéculateurs par le gouvernement, le prix des produits d'hygiène, essentiels à la lutte contre Ebola, a explosé, de même que celui du poisson, qui pallie l'interdiction de la viande de brousse (singe, chauve-souris, etc.), incriminée dans la propagation de la maladie.

"Ce morceau de poisson me coûtait 100 dollars libériens. Je viens de le payer 250 (respectivement 90 centimes et 2,70 euros, NDLR)", témoigne Pauline Dumbah, 34 ans. "Le gouvernement doit discipliner le marché. De l'argent a été alloué pour enrayer Ebola, une partie de cet argent devrait aller à la stabilisation des marchés", estime-t-elle.

Yukon Morris, un vendeur de feuilles de manioc du marché de Jorkpeh, inhabituellement calme, se sent particulièrement lésé.

"Si vous pilez ce produit, vous transpirez. Et les gens disent +pas de transpiration, pas de toucher+, or dans ce travail on ne peut pas mettre des gants", explique-t-il à l'AFP.

Selon l'analyste financier et politique Samuel Jackson, basé à Monrovia, Ebola va se traduire par un chômage accru pour les plus bas salaires et une baisse de la consommation.

"L'effet en cascade sera catastrophique pour cette économie si la maladie n'est pas endiguée dans les plus brefs délais", a-t-il affirmé à l'AFP.

Cette flambée de fièvre hémorragique, la plus grave épidémie d'Ebola en près de 40 ans d'histoire de cette maladie, s'est déclarée au début de l'année en Guinée avant de gagner le Liberia puis la Sierra Leone, se concentrant dans la zone frontalière commune aux trois pays.

Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle a fait 887 morts sur 1.603 cas (confirmés, suspects ou probables): 358 en Guinée, 273 en Sierra Leone, 255 au Liberia et un au Nigeria.

Le vice-président pour l'Afrique de la Banque mondiale, Makhtar Diop, a souligné que les trois pays touchés, outre le Nigeria, étaient "tous des Etats fragiles".

Selon une première évaluation réalisée par la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), la Guinée pourrait perdre un point de croissance de son Produit Intérieur brut (PIB) qui passerait de 4,5% à 3,5% à cause de l'épidémie.

Dans les trois pays les plus touchés, l'agriculture est affectée, les travailleurs agricoles fuyant les régions atteintes, tandis que le commerce est ralenti en raison de la fermeture des frontières terrestres et de l'annulation de vols, souligne la Banque mondiale.

Plus préoccupant encore pour des pays riches en matières premières, en particulier en diamant et en minerai de fer, "dans le secteur minier, si l'évacuation de personnel expatrié qualifié se poursuit, il y aura un déclin significatif de la production", indique-t-elle.

La société britannique London Mining a annoncé en juin avoir évacué tout son personnel "non essentiel" de Sierra Leone et examinait tous ses employés et les visiteurs sur ses installations, assurant néanmoins ne pas s'attendre à une baisse de la production.

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