Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Régimes de retraite: les cols blancs de Montréal amorcent la série des «lundis mous»

Régimes de retraite: les cols blancs de Montréal lancent les «lundis mous» pour protester
Radio-Canada

Les fonctionnaires municipaux montréalais tiennent leur première journée dite des « lundis mous ». Les cols blancs de la Ville ont ainsi décidé de délaisser la tenue classique de travail afin de s'habiller de façon originale en signe de protestation contre le projet de loi 3 du gouvernement de Philippe Couillard portant sur la révision de leurs régimes de retraite.

« Tous les lundis, et ce, jusqu'à avis contraire, nous vous demandons de vous rendre au travail avec des vêtements confortables, voire des pantalons mous (pantalon de jogging, bas de pyjama, pantalons de yoga, etc.) », explique le communiqué du syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal. « À la rigueur, ce sera un beau clin d'œil et les gens pourraient trouver ça sympathique », poursuit-il.

Le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal, Alain Fugère, insiste sur l'importance de ne pas perturber les services aux citoyens. « C'est uniquement une question de visibilité. »

« [L'objectif], c'est d'arriver avec une tenue qui va être visible qui ne nuira pas du tout au service à la clientèle », a expliqué M. Fugère, en entrevue au RDI.

Une position qui rassurera le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Pierre Desrochers, qui demande aux syndiqués de continuer d'offrir les services aux Montréalais. « Ce qu'on leur demande c'est de continuer de donner un service de qualité selon les mêmes principes qu'on demandait aux policiers d'assurer la sécurité des Montréalais », a déclaré M. Desrochers en entrevue à la radio de Radio-Canada. « On va demander aux gens qui font des moyens de pression qu'ils le fassent à l'intérieur des lois, à l'intérieur de leur convention collective et sans affecter le service à la population. »

« Le mouvement a été lancé à Montréal, mais on tend à l'étendre à la grandeur de la province avec la coalition [contre le projet de loi 3] », poursuit M. Fugère. Il estime que le gouvernement s'attaque au problème des régimes de retraite de la mauvaise façon en légiférant. Selon lui, la négociation représente la meilleure solution.

Dans la foulée de ces moyens de pression pour protester contre la révision des régimes de retraite, les policiers municipaux, les pompiers, les chauffeurs d'autobus, les préposés au stationnement et les cols bleus ont quant à eux décidé de modifier leur tenue vestimentaire dans l'exercice de leurs fonctions.

Congés de maladie ou moyen de pression?

M. Desrochers a également réitéré la position de la Ville dans le dossier des congés de maladie sollicités par plus d'une centaine de policiers au cours de la journée de samedi. Le président du comité exécutif a appuyé la position du maire de Montréal, Denis Coderre, qui estime qu'il s'agissait d'un moyen de pression organisé par la Fraternité des policiers de la Ville de Montréal.

« Nous considérons ce geste comme tout à fait irresponsable, qui aurait pu mettre la sécurité des Montréalais à risque », a déclaré M. Desrochers.

M. Desrochers souligne que le nombre de policiers en congé de maladie devait être beaucoup plus élevé, mais qu'une ordonnance émise par la Commission des relations du travail a forcé plusieurs policiers à venir travailler. Au total, un peu plus d'une centaine de policiers ont pris un congé de maladie vendredi dernier.

La Ville entend refiler la facture des heures supplémentaires occasionnées par l'événement au syndicat des policiers montréalais. « À nos yeux, il est tout à fait impensable que les Montréalais soient forcés de payer pour une action qui a, à notre avis, été organisée par la fraternité. »

Des négociations ardues

Le président du comité exécutif convient que les régimes de retraite des employés ont été négociés de bonne foi, mais il estime que cette époque est révolue. « Les temps ont changé, la vie est dynamique et on ne peut pas toujours rester dans le passé, avance M. Desrochers. Maintenant on veut revoir ces choses-là, et il faut les revoir. »

« Nous avons actuellement des régimes de retraite qui sont excessivement généreux quand on considère que 47 % de la population n'a pas de régime de retraite », poursuit M. Desorchers. Il croit que les syndiqués doivent renégocier le financement de leur régime de retraite pour :

  • assurer la pérennité des régimes de retraite;
  • respecter l'équité intergénérationnelle;
  • respecter la capacité de payer des contribuables.

« La capacité de payer des contribuables montréalais a atteint ses limites, explique-t-il. Il faut réduire ces coûts-là. »

« Nous voulons le faire en concertation avec nos différents syndiqués et les différents syndicats. Mais il y a un projet de loi qui va nous permettre d'y arriver. » — Pierre Desrochers

Une coalition contre le projet de loi 3

Les mesures s'inscrivent dans un éventail de moyens de pression plus vaste qui s'étend à de nombreux employés municipaux de la province. Ces derniers sont regroupés sous la bannière de la Coalition syndicale pour la libre négociation, qui regroupe 65 000 employés municipaux du Québec.

Membres de la Coalition syndicale pour la libre négociation :

  • Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN);
  • Fédération des policiers et policières municipaux du Québec;
  • Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP);
  • Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA);
  • Fraternité des policiers et policières de Montréal;
  • Association des pompiers de Montréal;
  • Regroupement des associations de pompiers du Québec;
  • Syndicat des pompiers et pompières du Québec

Les employés municipaux s'opposent à la modification rétroactive de leurs régimes de retraite. D'autres actions syndicales d'envergure seront aussi déclenchées d'ici le début des travaux de la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi 3, en août.

Ce projet de loi, présenté par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, obligera les municipalités et leurs employés à renégocier les termes de leurs fonds de retraite de façon à partager à parts égales avec l'employeur le remboursement des importants déficits accumulés dans les fonds de retraite des employés municipaux.

Le gouvernement du Québec estime que les 170 fonds de retraite des employés municipaux du Québec accusent un déficit cumulé de 3,9 milliards de dollars.

INOLTRE SU HUFFPOST

Régimes de retraite: manif à Montréal

Le projet de loi a un nom

Les régimes de retraite en bref

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.