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Jokowi, de la cabane de bambou au sommet de l'Etat indonésien

Jokowi, de la cabane de bambou au sommet de l'Etat indonésien

Elevé dans une cabane de bambou au bord d'une rivière sur l'île de Java, la plus peuplée d'Indonésie, Joko Widodo, surnommé Jokowi, a fait une ascension fulgurante sur la scène politique en devenant mardi le premier président issu d'un milieu modeste.

Quasi inconnu du grand public il y a deux ans, cet homme au visage fin, auquel on prête une certaine ressemblance avec Barack Obama, représente un style de dirigeant complètement nouveau en Indonésie. Il est le premier président à ne pas être issu de l'élite politico-militaire au pouvoir depuis la chute en 1998 du régime autoritaire de Suharto, après 32 ans de règne.

Fils de charpentier, Jokowi a grandi dans les environs de Solo, une ville d'un demi-million d'habitants où il a vendu des meubles et créé une société d'import-export qui lui a permis d'acquérir une notoriété et une indépendance financière.

Après avoir passé 19 ans dans le commerce, il se lance en politique en 2005 et décroche la mairie de Solo. Anticonformiste, Jokowi multiplie les visites impromptues dans les quartiers pauvres de la ville et sur le terrain pour le suivi des projets. Ce contact direct avec la population est un style de gestion très nouveau apprécié par la population.

"C'est un homme ordinaire avec un talent extraordinaire", résume une habitante lors d'une visite de Jokowi pendant la campagne présidentielle.

En 2010, il est réélu maire de Solo avec un score soviétique (91%) et poursuit sa politique de développement de la ville. Des taudis sont transformés en appartements, des parcs embellis et des marchés réorganisés. Jokowi s'est inspiré de ses voyages en Europe pour réaménager des zones urbaines.

"Ce garçon venant d'un village a fait un excellent travail à Solo et je n'ai aucun doute qu'il fera la même chose pour l'Indonésie en tant que président", se réjouit un autre habitant.

Fort de son succès à Solo, l'homme charismatique au style détaché et souriant est propulsé en 2012 gouverneur de Jakarta. Il poursuit ses inspections sur le terrain et n'hésite pas à descendre dans les égouts.

Une centaine de jours seulement après son arrivée à la tête de la capitale de 10 millions d'habitants, le nouveau gouverneur est confronté à d'énormes inondations et s'illustre dans la gestion d'une situation de crise.

Fin 2013, il inaugure le lancement de la construction du métro de Jakarta, un projet phare dans cette ville au trafic congestionné. Mais il est surtout adoubé pour avoir introduit des cartes d'accès aux soins et à l'éducation pour les plus démunis, dans une cité où près d'un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

Surfant sur sa popularité en particulier parmi les jeunes, aussi bien en milieu urbain que rural, cet amateur de musique heavy metal s'est lancé dans la course présidentielle en mettant au premier rang de ses priorités, l'aide aux plus démunis et la lutte contre la corruption qui gangrène le pays.

Jokowi n'a pour le moment jamais été mis en cause dans une affaire de corruption, contrairement à de nombreux hommes politiques. Des milliers d'Indonésiens voient en lui une icône nationale, tandis que les critiques lui reprochent son manque d'expérience dans la politique et les relations internationales.

Considéré comme un candidat de "rupture", l'ancien vendeur de meubles a fait naître l'espoir d'une nouvelle classe de dirigeants dans ce pays qui reste gouverné par une élite issue de l'ère de Suharto. Et il pourrait devenir un modèle pour de nombreux citoyens ordinaires d'autres pays d'Asie du Sud-Est.

bfi/abk

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