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GB/Russie: Londres annonce une nouvelle enquête sur la mort de Litvinenko

GB/Russie: Londres annonce une nouvelle enquête sur la mort de Litvinenko

Le gouvernement britannique a ordonné mardi une "enquête publique" sur la mort de l'opposant russe Alexandre Litvinenko, une décision de nature à accroître les tensions avec Moscou au moment où David Cameron appelle à des sanctions renforcées contre la Russie.

Cette enquête sur le décès de l'ex-agent russe, empoisonné en 2006 à Londres au polonium, une substance radioactive, est destinée notamment à "identifier qui porte la responsabilité de la mort", a précisé la ministre de l'Intérieur Theresa May dans un message au Parlement.

"J'espère vraiment que cette enquête offrira du réconfort à (la) veuve" d'Alexandre Litvinenko, a ajouté la ministre qui avait précédemment refusé une telle enquête, sur une affaire qui constitue un sujet de contentieux entre Londres et Moscou.

La décision intervient au moment où Londres milite pour un durcissement des sanctions contre Moscou, à la suite du crash du vol MH17 dans l'est de l'Ukraine, probablement abattu par un missile tiré, selon les Etats-Unis, depuis la zone sous contrôle des rebelles prorusses.

Downing Street a cependant assuré qu'il n'y avait "absolument aucun lien" entre cette annonce et les tensions actuelles autour de l'Ukraine.

L'enquête commencera le 31 juillet et devrait durer jusqu'à fin 2015.

Alexandre Litvinenko, 43 ans, un transfuge du FSB (services de renseignement russes) réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï, ex-agent du FSB aujourd'hui député, et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, dans un hôtel londonien.

Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium. Dans une lettre rédigée sur son lit de mort, il avait accusé le président Vladimir Poutine d'avoir commandité son meurtre, une accusation que le Kremlin a toujours niée.

Sa veuve, Marina Litvinenko, s'est immédiatement dite "soulagée et ravie" de l'annonce de cette enquête. "Cela envoie le message suivant aux meurtriers: peu importe votre puissance, la vérité l'emportera au bout du compte et vous devrez rendre des comptes pour vos crimes", a-t-elle dit, ajoutant attendre ce moment avec impatience.

Lors d'une conférence de presse, elle s'est ensuite dite "tout à fait persuadée" qu'il n'y avait pas de lien entre l'annonce de l'enquête et les tensions avec la Russie.

Selon sa famille, Litvinenko travaillait pour les services secrets britanniques au moment de sa mort.

Le gouvernement britannique avait jusqu'à présent refusé d'ordonner une telle "enquête publique", qui offre, contrairement à ce que son nom suggère, la possibilité d'examiner à huis clos des documents sensibles.

Theresa May voulait initialement attendre les résultats d'une enquête judiciaire ("inquest") sur ce décès, une procédure visant à faire la lumière sur les circonstances de la mort mais sans en établir les responsabilités.

Le magistrat chargé de cette enquête judiciaire, Robert Owen, avait en 2013 déploré de ne pas pouvoir se pencher sur le rôle de l'Etat russe, et avait appelé le gouvernement à déclencher à la place une "enquête publique" pour ce faire.

Après le refus du gouvernement, Marina Litvinenko avait introduit un recours devant la Haute Cour, qui avait estimé en février que la ministre de l'Intérieur devait reconsidérer sa décision.

L'affaire Litvinenko a entraîné un coup de froid sur les relations entre Londres et Moscou, qui a refusé d'extrader Andreï Lougovoï, considéré par les enquêteurs britanniques comme étant le principal suspect dans cet assassinat.

"Le cynisme, les mensonges, la tricherie et la fourberie. C'est uniquement comme cela que je peux décrire les actions de l'establishment britannique et la décision de mener une enquête publique", a déclaré Andreï Lougovoï à l'agence de presse russe Interfax, soulignant qu'il ne participerait pas à l'enquête.

Le Royaume-Uni avait aussi émis un mandat d'arrêt international contre l'autre suspect, Dmitri Kovtoun, sans succès.

Les relations entre les deux pays s'étaient cependant améliorées à la suite d'une visite du Premier ministre britannique David Cameron en Russie en 2011.

En juillet 2013, Theresa May avait reconnu que la diplomatie avait été l'un des "facteurs" dans la décision de Londres de renoncer à une enquête publique.

Cette enquête finalement ordonnée mardi sera menée par le magistrat Robert Owen qui était en charge de l'enquête judiciaire, une procédure du même coup suspendue.

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