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Colère des Israéliens modérés contre l'intervention dans la bande de Gaza

Colère des Israéliens modérés contre l'intervention dans la bande de Gaza
AFP

Alors que l’opération militaire "Bordure protectrice" se poursuit à Gaza (ce dimanche 20 juillet a été la journée la plus meurtrière depuis le début de l'offensive israélienne), ils sont de plus en plus nombreux à osciller entre dénonciation ferme de la politique de Benyamin Netanyahou et exaspération croissante face aux tirs de roquettes du Hamas. Rencontre avec ces Israéliens en plein doute.

Plus que jamais, ils ont le sentiment de ne pas être entendus. Alors qu’une impressionnante flambée de violence embrase l’Etat hébreu et les territoires palestiniens depuis plusieurs semaines, la frange modérée de la population israélienne semble chaque jour un peu plus accablée. En cause, sa condamnation très claire de l’opération "Bordure protectrice", lancée le 8 juillet dernier.

"C’est une initiative inefficace, une intervention inutile, voire nocive", soutient Avi, gérant d’un café dans la banlieue de Tel Aviv. "Elle pose un premier problème majeur : celui de l’image", assène-t-il. "En décidant d’envoyer l’armée à Gaza, Netanyahou nous fait encore une fois passer pour des gens belliqueux, 'va t’en guerre', de ceux qui veulent en découdre à tout prix. Ces manœuvres ne représentent pas une solution viable à long terme et le Premier ministre le sait bien. Il ne cherche qu’à gagner du temps !", s’agace-t-il derrière son comptoir.

Une spirale de violence sans fin

Plus encore, la décision d’entrer dans Gaza est jugée contre productive dans la lutte contre le Hamas. "Notre unique objectif devrait être d’endiguer l’influence du mouvement islamiste. Or, je crains que l’opération terrestre de Tsahal ne fasse qu’attiser la violence sur le terrain, nous entraînant malgré nous dans une spirale de violence sans fin…", se désole Ava, une jeune Israélienne de 23 ans, originaire de Jérusalem.

Un engrenage également dénoncé par Lucie, une française immigrée en Israël depuis plusieurs années : "Rien de bon ne peut découler d’une intervention militaire. Ce n’est pas en entrant dans Gaza que nous obtiendrons la paix", soupire la jeune femme.

Une analyse qui ne fait pas l’unanimité, même au sein de la population de centre-gauche. Amorcée le 17 juillet dernier, l’opération terrestre mobilise tous les corps de l’armée, de l’infanterie à l’aviation, en passant par le renseignement. Le but affirmé du gouvernement ? Frapper les infrastructures du Hamas. Un engagement total largement approuvé par Ariel, étudiant à Beersheva. "C’était inévitable. Même si nous espérons la paix, nous ne sommes pas naïfs. Le Hamas est prêt à tout pour nous détruire. Il ne nous laisse plus le choix", affirme-t-il doctement.

Une contradiction vivace

Malgré leurs réserves à l’égard de l’opération décrétée par la coalition de droite au pouvoir, les Israéliens modérés n’en peuvent plus. Depuis le début de l'offensive terrestre, les combattants du Hamas ont tiré des centaines de roquettes. Éprouvés par plusieurs jours de tension, excédés par les alertes quotidiennes, ils attendent l’arrêt total des attaques, notamment dans le sud du pays. "Je me sens solidaire de la population du sud, reprend Ariel. Une partie de ma famille vit près d’Ashkelon, à une dizaine de kilomètres de la bande de Gaza".

"Comment leur faire comprendre mon point de vue quand leur vie est rythmée par les sirènes ? Quand ils vivent sous la menace permanente des roquettes ?", s’interroge-t-il. Une contradiction vivace aussi pour les habitants de Tel Aviv. "Notre bulle a éclaté. Ici, on s’est toujours senti plutôt épargné. Nous vivons dans une ville ouverte, encline au dialogue mais depuis que les premières sirènes ont retenti, la population s’est crispée. Et moi aussi", avoue Ava. "Au delà de toutes considérations politiques, je veux à tout prix que cela s’arrête".

Amener les deux partis sur le terrain du compromis

"Aujourd’hui, nous nous sentons impuissants, découragés. Nous sommes en minorité dans l’opinion publique de notre pays. Il est difficile de soutenir publiquement qu’une autre voie est possible quand les tirs ne s’arrêtent pas. Nous sommes presque considérés comme des traîtres", détaille Avi.

Seule alternative acceptable désormais pour ces Israéliens: l’option diplomatique. Malgré plusieurs tentatives avortées de cessez-le-feu négociées par l'Egypte et des appels à la trêve rejetés par le Hamas, ils espèrent que la communauté internationale saura trouver les arguments pour amener les deux partis sur le terrain du compromis.

Une volonté confortée par la rencontre ce dimanche du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, du leader du Hamas, Khaled Mechaal et du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, à Doha. Le but ? Trouver un accord pour parvenir à une trêve. Tiraillés entre pragmatisme et abattement, déception et espoir, les Israéliens modérés n’attendent quant à eux plus qu’une chose: la fin de la guerre.

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