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Discipline paralympique, le rugby en fauteuil roulant prend son essor en France

Discipline paralympique, le rugby en fauteuil roulant prend son essor en France

"Sur le terrain on s'en met plein la tronche, à l'extérieur on se marre", résume Stéphanie avant de commencer son entraînement de rugby...en fauteuil-roulant. Paralysée depuis un accident de ski, la jeune femme de 29 ans s'adonne au rugby-fauteuil, un handisport en plein essor en France.

Les Mondiaux de rugby-fauteuil, discipline paralympique depuis Sydney en 2000, se dérouleront du 4 au 10 août au Danemark.

Ce jour de juillet, les rires et les plaisanteries fusent, se mêlant au bruit des collisions entre les huit fauteuils qui glissent d'un bout à l'autre du gymnase Fédération, à Paris. Ici, pas de plaquages ni de mêlées, mais plutôt un ballet d'auto-tamponneuses. Inutile de chercher le ballon ovale, on joue avec un ballon de volley.

"Cela ne ressemble pas vraiment au rugby", reconnaît Thomas, tétraplégique et adepte de rugby-fauteuil depuis trois ans. "C'est un mélange de basket, de handball, de hockey...", précise ce membre du club parisien CAPSAAA.

Le principe? Deux équipes de quatre personnes s'affrontent sur un terrain de basket, à bord de fauteuils équipés de pare-chocs. Les joueurs ont 40 secondes pour traverser la ligne d'en-but adverse et marquer un point en se faisant des passes, y compris en avant, ou en dribblant, lors de quarts-temps de huit minutes.

Conçu pour les personnes atteintes d'un handicap affectant les jambes et les bras, le rugby-fauteuil est le seul sport collectif accessible aux tétraplégiques pas totalement paralysés. "Quand t'es tétra, t'as pas beaucoup de choix à part le ping-pong ou la natation", relève Thomas.

Autre particularité, la mixité y est non seulement autorisée mais encouragée. Pour l'équité du jeu, les athlètes sont "classifiés par rapport à leur handicap, de 0,5 à 3,5 points. Chaque équipe ne peut compter plus de huit points au total" sur le terrain, détaille Stéphanie. "Pour les filles, on retire automatiquement 0,5 point".

L'équipe de France, elle, ne compte pas encore de fille, mais une douzaine de gaillards qui s'apprêtent à affronter une invitée de marque, la sélection néo-zélandaise, du 23 au 27 juillet, pour un stage de préparation aux Mondiaux.

Pour les tricolores, c'est l'occasion de promouvoir la discipline en organisant un match à Paris Plages le 26. Et en misant sur le capital sympathie des Wheel Blacks, appelés ainsi en écho à leurs fauteuils - "wheel" signifiant roue - et aux célèbres All Blacks, dont ils reprennent le haka.

"L'équipe de France est encore en construction (elle date de 2009, ndlr), c'est déjà un exploit de s'être qualifiée pour les Mondiaux", explique Ryadh Sallem, président de CAPSAAA et membre de l'équipe de France. "En nous choisissant, les Wheel Blacks nous font entrer dans la cour des grands", se réjouit cette figure de l'handisport français, converti au rugby après 18 ans passés dans l'équipe nationale de basket-fauteuil.

Inventé en 1977 au Canada sous le nom de murderball, le rugby-fauteuil se pratique aujourd'hui dans une trentaine de pays. Il n'est arrivé en France qu'au début des années 2000, avec un premier club à Toulouse.

Créée en 2008, la commission rugby-fauteuil de la fédération française handisport compte aujourd'hui quelque 200 licenciés dans dix clubs. "Quatre sont en cours de création, dont un à Toulon", selon le directeur sportif de la commission, Michel Terrefond.

Mais les freins au développement sont nombreux. Au prix du matériel, -près de 6.000 euros pour un fauteuil- s'ajoutent les difficultés logistiques liées aux déplacements des équipes, selon Ryadh Sallem.

L'accueil des Wheel Blacks s'est ainsi avéré un casse-tête pour les organisateurs. "On a dû réserver un hôtel quatre étoiles", raconte Ryadh Sallem. "Les autres nous proposaient deux chambres accessibles par ci, trois par là... On doit organiser une soirée de gala pour financer l'événement".

Une rencontre à la saveur particulière pour les deux équipes, qui affronteront d'entrée de jeu le Danemark. "Cela va être chaud", estime Cédric Nankin, l'un des Français en lice. Arrivés derniers aux Paralympiques de Londres, les Bleus espèrent cette fois marquer l'essai.

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