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Les Palestiniens de Chajaya fuient "l'enfer" des pilonnages israéliens

Les Palestiniens de Chajaya fuient "l'enfer" des pilonnages israéliens

Après une nuit entière de bombardements, ils ont fini par fuir dimanche Chajaya, à l'est de la ville de Gaza. Certains sont partis pieds nus et en pyjamas. Ils ont laissé derrière eux des dizaines de cadavres et racontent avoir vécu l'enfer.

"Ca a commencé vers neuf heures du soir (samedi) et c'est devenu de pire en pire", témoigne Ahmed, entouré de sa femme, de ses belles-soeurs et de leurs enfants.

"Le bombardement était partout autour de nous. Pas de lumière, pas d'eau, nous ne savions pas ce que nous devions faire", dit-il.

"Nous avons appelé les services des urgences, mais ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas nous atteindre, donc nous avons décidé de partir à pied", explique-t-il.

Comme cette famille, des milliers d'habitants de Chajaya ont fui aux premières heures dimanche cette banlieue déshéritée, pilonnée depuis la veille au soir par les chars israéliens, et franchi à pied deux kilomètres de route défoncée jusqu'à la ville de Gaza, la peur chevillée au ventre.

Certains ont le visage couvert de poussière grise, et des vêtements tâchés de sang collés à la peau.

Depuis le début du conflit, le 8 juillet, Chajaya, située non loin de la frontière avec Israël, est l'une des principales cibles de l'armée israélienne et son accès y est très dangereux.

Derrière eux, les habitants ont laissé de nombreuses victimes.

Selon le chef des services de santé locaux, Youssef Abou Reesh, 50 personnes, parmi lesquelles 17 enfants, 14 femmes et 4 personnes âgées, ont été tuées à Chajaya depuis les premières heures de dimanche.

En milieu de journée, Israël a annoncé une trêve de deux heures dans cette banlieue. Un cessez-le-feu demandé par la Croix-Rouge auquel le mouvement islamiste Hamas avait donné son accord.

Un convoi de 15 ambulances est entrée à l'intérieur de Chajaya peu après 13H30 locales (10H30 GMT), selon des journalistes de l'AFP.

Ces journalistes ont vu cinq cadavres dans les rues, au milieu de bâtiments en feu et de scènes de désolation, comme si le secteur avait été détruit par un tremblement de terre.

La chaîne de télévision locale al-Ketab a montré des images insoutenables de cadavres brûlés et déchiquetés, y compris d'enfants.

Parmi les victimes, figurent un ambulancier et un caméraman palestiniens, qui l'accompagnait pour un reportage.

Beaucoup de maisons situées en première ligne, face aux chars, sont complètement détruites, notamment dans les quartiers de Nazzaz et Chaaf.

L'armée israélienne a promis dimanche d'intensifier son offensive terrestre sur la bande de Gaza au 13e jour de ses opérations qui ont fait près de 390 morts, le conflit le plus sanglant depuis 2009.

Elle avait demandé aux habitants, par voie de tracts largués au-dessus du nord de la bande de Gaza, d'évacuer leur domicile.

Au grand hôpital Chifa, dans la ville de Gaza, les ambulances arrivent toutes les cinq minutes. Certaines victimes, la plupart touchées par des éclats d'obus, sont aussi transportées à bord de voitures particulières et de camions.

"On nous a dit qu'il y a encore d'autres blessés et des morts allongés dans les rues", désespère le docteur Saïd Hassan, qui attend devant l'hôpital.

"Je n'ai jamais vu rien de pire", lâche ce médecin de 38 ans qui travaille pour le ministère de la Santé à Gaza depuis huit ans.

Les habitants toujours bloqués à Chajaya décrivent une "terreur absolue".

"C'est l'un des journées les plus noires de nos vies", dit Marah al-Wadia, une jeune femme de 23 ans qui en a connu d'autres, parlant par téléphone du district de Nazzaz à Chajaya.

pix-sah-agr/cco

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